Serge Fiori : s'enlever du chemin

tout comme moi, à métamorphoser notre relation amoureuse en une belle et forte amitié.
    L’ouverture et la pratique du non-jugement nous aident
à guérir et à pardonner   ; jusqu’à ce jour, ce respect de nos
différences et de notre histoire a créé une telle complicité
que nous parvenons à tout nous confier.
    Serge Fiori envisage une vie plus sereine. Il prend, une
première dans son existence, une pause sur le plan amoureux. Il vit plus calmement, paisiblement même, dans la
nouvelle maison que lui et Marie-Claire viennent d’acquérir   : une demeure où ils pourront profiter chacun de leur
appartement et où la lumière du jour pénètre les grandes
pièces qu’ils partagent. Une maison qui ressemble davantage à la vie que l’artiste a désormais envie de vivre, une
maison de style zen. Il effectue le deuil de sa maison rue
Saint-Laurent   ; il enterre avec elle sa vie trop arrosée et les
fantômes qui le hantaient. L’homme veut repartir sur de
nouvelles bases   : il n’a pas de projet précis en tête, mais il
vit plus humblement, voit ses amis, effectue une pause en
ce qui regarde la musique. Il s’initie en quelque sorte à la
retraite et apprend à se reposer.
    Comme il l’a fait tous les jours, Serge téléphone un ma
tin à sa mère afin de prendre de ses nouvelles   : Claire ne va
vraiment pas bien. Il se précipite chez elle pour la découvrir souffrante et incapable de se tenir debout. Il l’emmène
à l’hôpital, où les médecins sont catégoriques   : Claire ne
peut plus subvenir seule à ses besoins.
    Serge et Marie-Claire décident de la prendre avec eux.
Ils réaménagent la maison pour intégrer Claire à leur vie et
la soignent du mieux qu’ils peuvent, mais la femme possède tout un caractère, on l’a vu. Marie-Claire doit s’armer
de patience afin de s’occuper de la mère de son ami. Au
bout d’un an, la vieille dame commence à montrer des signes de sénilité   : elle nécessite des soins adaptés à son état.
Après cette année de repos et d’introspection, Fiori et Marie-Claire se sentent en paix   : Claire s’installe en CHSLD et
eux reprennent leur vie tranquille. Serge décide d’occuper
l’appartement du haut afin d’être chez lui, toujours près
de Marie.

    Un après-midi, Serge reçoit la visite de la fille de Majoly   ;
celle-ci l’initie à Facebook et au monde virtuel. Il prend
alors goût aux réseaux sociaux, à travers lesquels il peut
s’exprimer. Sa page contient vite des milliers d’amis et
d’adeptes   : il s’amuse comme un fou. Son humour transparaît dans les commentaires qu’il publie   ; les fans sont ravis de pouvoir le suivre et de partager des choses avec lui.
Serge, très populaire, lance même de nouveaux acronymes
en ligne. Bientôt, les membres de sa page les répertorient   :
F.C.D.M. (fou comme d’la marde)   ; L.P.L.P. (lâche pas la patate)   ; O.S.C.T. (on s’en câlice-tu), etc. Il passe jusqu’à dix
heures par jour sur Facebook et demeure ainsi en contact
direct avec l’extérieur. Pour l’instant, il ne se doute pas de
la destination où vont le conduire ces échanges en direct,
autant épistolaires qu’instantanés. Chaque soir, des centaines d’abonnés se branchent sur Facebook pour voir et
lire ce que Serge a à livrer… Il compose des «   pensées du
jour   ». Il attend sa phrase, comme lorsqu’il compose ses
chansons. Patiemment, il attend que les mots viennent à
lui. Parfois, la phrase surgit alors qu’il est sous la douche,
ou à l’épicerie, ou encore au restaurant. Lorsqu’il la partage avec eux, ses fans lui répondent avec enthousiasme.
Comme Serge possède le sens de la répartie, les rires et les
délires fusent. Il ressent enfin la présence de l’écrivain en
lui. Il peut exprimer à la fois sa profondeur, son humour et
sa créativité par le biais de l’écriture. L’exercice lui permet
de revenir à la composition et le met en action   : il cherche
des mots, des phrases et un titre pour le livre qu’il pourrait
éventuellement tirer de son activité sur Facebook.
    Cette période se révèle très entraînante pour le musicien, parce qu’il se reconnecte au monde, lui parle, l’écoute. Toutefois, Marie-Claire s’avoue inquiète   : Serge passe
beaucoup d’heures en ligne, il est fatigué, et elle ne comprend pas très bien ce qu’il fait. Il occupe ses nuits à surfer
sur le Web.
    Grâce aux réseaux sociaux, Fiori se