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Spartacus

Spartacus

Titel: Spartacus Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Max Gallo
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nos maisons, deviennent fous furieux à l’instar de rats affamés.
     
    En claudiquant, Varinius s’est éloigné. Chaque pas lui était douloureux. La boue séchée tirait sur sa peau. L’odeur putride qui imprégnait sa tunique l’humiliait.
    Il est entré dans les thermes, ordonnant qu’on l’y laisse seul, que tous les autres citoyens quittent les lieux.
    Il a écarté les esclaves qui, parfumés, vêtus de linge blanc, la peau lisse, s’avançaient avec un air de défi – et peut-être même tenaient-ils dans leur dos, un poignard.
    Varinius a gagné nu le caldarium ; les premiers instants, quand il s’est immergé dans l’eau, il a éprouvé pour la première fois depuis des jours et des jours un sentiment de bien-être. Ses muscles se sont relâchés.
    Mais cela n’a pas duré. La chaleur le pénétrait, le blessait. Et il a aperçu, dans la buée, ces silhouettes d’esclaves qui s’approchaient, surgissaient tout à coup, près du bassin, les bras chargés de serviettes, ou bien portant des paniers garnis de flacons de parfum et d’huile, d’éponges et de pierres ponces, mais aussi, peut-être, cachée au fond, une lame destinée à l’égorger.

 
     
35
    Spartacus est debout, bras croisés, à l’extrémité de ce promontoire rocheux qui domine la plaine de Campanie, les vergers de Lucanie, et semble s’élancer vers le Vésuve dressé à l’horizon.
    Le Thrace regarde devant lui.
    Après des jours de pluie, le ciel est comme lavé et le soleil vif comme un feu qui prend.
    Les murailles des villes surgissent peu à peu de la brume, cette haleine grisâtre qu’exhale la terre et qui s’étire dans les vallées du Silarus et du Vultume avant que la brise de mer lentement la déchire.
    Alors on aperçoit la foule entre les arbres, sur les pentes des collines, les versants de ce promontoire et le plateau qui y conduit. Ils sont plusieurs dizaines de milliers d’esclaves qui ont quitté les domaines, les villas après y avoir tué régisseurs, surveillants et maîtres.
    On devine des corps enlacés, des silhouettes d’hommes et de femmes qui s’affairent autour des feux. Une rumeur de houle vient battre le promontoire, recouvrir le plateau. Des voix plus aiguës s’élèvent en vagues plus fortes couronnées d’écume et qui hurlent : « Libres, on est libres ! »
    Mais elles retombent vite, étouffées sous des roulements de tambour.
     
    Spartacus se penche. Dans une clairière, encouragés par les cris, des hommes nus se défient, bondissent, s’empoignent, roulent sur la terre encore boueuse.
    — Ils ne savant pas se battre, dit Curius, le maître d’armes.
    Il se tient à quelques pas derrière Spartacus en compagnie de Jaïr le Juif et de Posidionos. Il s’avance.
    — Ce sont des bêtes de somme, poursuit-il. Ils lancent des coups de corne, ils vous brisent la tête d’une ruade, mais ils ignorent la discipline et les règles du combat. Ni hommes libres ni gladiateurs : des esclaves.
     
    Spartacus se tourne.
    Le plateau qui monte en pente douce vers le promontoire est devenu un immense campement. On y a élevé des tréteaux. Des femmes, poitrine nue, y dansent. Les mains se tendent vers elles. On crie. On bondit sur l’estrade. On se bat pour les caresser, les entraîner.
    Plus loin, accroupis, des hommes lancent des dés, échangent des armes, des pièces de viande, des fruits, des amphores de vin.
    — Ils n’aspirent qu’à saccager et à tuer, reprend Curius. Ils se sont jetés contre les murailles de Cumes et les quelques soldats qui restaient à Varinius ont suffi pour les repousser. Maintenant, Rome va lever des légions. Les envoyés du Sénat sont arrivés à Cumes.
    Curius écarte les bras, montre la foule et soupire.
    — Ils tuent. Ils boivent. Ils baisent. Que veux-tu faire de ça ?
    — Ils veulent tuer, lui fait écho Jaïr le Juif en s’avançant. Tu as raison, Curius. Ils ne savent pas combattre comme des gladiateurs ou des soldats de Rome. Et cependant ils ont vaincu les centuries des préteurs, celles d’un légat. En sais-tu la raison ? Ils haïssent non seulement leurs maîtres, mais jusqu’à leur propre vie. C’est pourquoi ils ne craignent pas de mourir.
     
    Spartacus s’est mis à arpenter le bord du promontoire.
    À l’horizon, le soleil éclaire les murailles de Cumes qui se dressent comme un noir rocher au-dessus du rivage. Les villes de Nola, de Nucérie, d’Abellinium, d’autres encore, à demi noyées par la

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