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Spartacus

Spartacus

Titel: Spartacus Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Max Gallo
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consuls.
    Tous rapportaient que la rumeur s’était répandue du Rubicon, qui bordait la province de Cisalpine, jusqu’à l’extrémité des terres, dans le Bruttium, et même par-delà la mer, qu’un dieu venu de Thrace libérait les esclaves et qu’il allait prendre et piller Rome. Et que les esclaves, avant de s’enfuir, avaient tué leurs maîtres, saccagé villas et récoltes, tout en rêvant aux richesses de Rome, cette grand ville à la puissance implacable, qu’on allait mettre à sac.
     
    Mais, lorsque cette foule avide de liberté et de butin avait vu les feux, les palissades, les tours de guet du camp romain du préteur Varinius, elle avait reflué.
    Et Spartacus avait crié aux gladiateurs :
    — Dressez-les ! Soyez des maîtres d’armes, des centurions ! Que ces hommes vous obéissent ! Dressez-les, ou bien Varinius vaincra !
    Les hampes des javelots s’étaient levées et abattues sur les échines des esclaves que Crixos le Gaulois et Œnomaus le Germain, Curius et Vindex le Phrygien avaient contraints à creuser des fossés, à enfoncer des pieux, à dresser le camp de l’armée de Spartacus face à celui de Varinius, sur l’autre rive du Vultume.
    — Tu ne peux vaincre l’armée romaine en combattant comme elle, avait contesté Jaïr le Juif. Ton camp, tes cohortes, tes centuries, tes milliers de recrues ne vaudront jamais ceux que t’opposera Varinius.
    Spartacus l’avait écouté puis avait riposté :
    — Qui te dit que je veux combattre comme Varinius ?
    Il en avait pourtant donné l’apparence. Il avait fait dresser des palissades. Des patrouilles partaient harceler celles de Varinius et rentraient, tirant des cadavres que Spartacus faisait attacher aux pieux entourant le camp qu’on eût dit ainsi gardé par des sentinelles vigilantes.
    Quand les eaux du Vultume commencèrent à baisser, il fit allumer de grands feux dans le camp, battre le tambour, jouer des flûtes et des trompettes, et l’on aurait pu croire que toute l’armée servile se préparait à la bataille au moment même où Spartacus lui ordonnait de quitter le camp en silence, profitant de la nuit orageuse, remontant le fleuve jusqu’à trouver un gué en aval de Capoue.
    On le traversa malgré les eaux encore hautes, les berges glissantes. On se retrouva ainsi, après une longue marche, sur les arrières du camp romain, et nous aperçûmes notre camp où quelques hommes continuaient d’alimenter les feux, de battre tambour, de jouer trompette et flûte, faisant croire à notre présence qu’attestaient ces sentinelles auxquelles la nuit et la distance rendaient vie.
    Il suffit d’attendre que Varinius se prépare à traverser le fleuve afin de nous surprendre dans notre camp. Nous surgîmes alors sur ses flancs et dans son dos, comme une énorme coulée de terre hurlante, ensevelissant ses centuries, et l’eau boueuse du Vultume, comme le sable et la mer à Salinae, est devenue rouge.
     
    J’ai aperçu le préteur Publius Varinius qui, à cheval, tentait de gravir l’autre rive, entouré de ses licteurs.
     
    Ils tombaient l’un après l’autre, transpercés par les javelots que lançaient Germains et Phrygiens.
    Bientôt, Varinius n’eut plus à ses côtés, sur la berge boueuse, que quelques soldats qui repoussaient dans le fleuve les corps des licteurs, abandonnaient les enseignes, cherchaient à se protéger de leurs boucliers.
    Tout à coup, dans un hennissement qui ressemblait à un immense cri de douleur, le cheval de Varinius s’est abattu.
    J’ai cru que le préteur allait connaître le sort de son légat Furius. Mais, couvert de boue, il se redressa et déguerpit sans arme, cherchant à rejoindre Cumes au plus vite, à s’y enfermer comme un rat pourchassé qui se réfugie dans son trou.

 
     
     
     
     
CINQUIÈME PARTIE

 
     
34
    Varinius est allongé seul dans le grand bassin de porphyre rempli d’eau brûlante.
    Il ferme les yeux. La morsure de la chaleur est intense et profonde. Il écarte les bras, appuie les mains aux parois du bassin.
    L’eau ne dissout pas seulement cette boue collée à son corps, elle semble lui arracher la peau, dissoudre ses chairs. Elle s’enfonce comme les pointes de ces lances ou de ces javelots qui, alors qu’il grimpait la rive du Vultume, ont frappé les licteurs dont aucun n’a survécu.
    Varinius sent encore sur sa cuisse gauche le poids du cheval quand il s’est abattu. Et, heureusement, la boue s’est ouverte. Varinius s’y

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