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Spartacus

Spartacus

Titel: Spartacus Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Max Gallo
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les yeux et les oreilles de Rome ?
    Tadix veut se lever, mais Crixos le Gaulois le retient, pèse sur son épaule. Spartacus retourne s’asseoir au centre du cercle, devant ses armes.
    — Que voulais-tu nous dire ? demande Crixos. Que nous allions un jour être vaincus par Rome ?
    Il hausse les épaules.
    — Tout guerrier meurt, et les rhéteurs grecs aussi ! Tu as été gladiateur. Tu es entré dans l’arène. Tu n’es pas homme à avoir peur de la mort. Je t’ai vu combattre. Alors, que veux-tu ? Un gladiateur le sait : il faut jouir de chaque jour. Parce que, demain, tu peux mourir. Laisse-nous jouir, Spartacus, ne nous parle plus de Rome. Quand les légions seront ici, nous les affronterons comme des gladiateurs qui font face aux fauves dans l’arène. Et si l’on meurt…
    Il écarte et lève les bras.
    — Ce jour-là doit venir, aucun gladiateur ne le craint.
    Il se penche, regarde Posidionos et Jaïr.
    — Ces deux-là, peut-être…
    — Je voulais…, commence Spartacus.
    Il se dresse, fait encore le tour du cercle, mais sans un regard pour les hommes assis.
    — … je voulais vous parler des rivières, reprend-il.
    Il tend le bras vers la plaine, montre les vallées du Vultume et du Silaros qui serpentent, brillants, puis rejoignent la mer.
    — L’eau va vers l’eau. Chaque homme doit aller vers son pays, vers sa propre terre. Je veux retourner en Thrace, marcher libre dans mes forêts. Gaulois, tu ne souhaites pas retrouver la sépulture des tiens ? Ton pays ?
    Il hausse la voix.
    — Chacun de nous a un pays où il doit pouvoir vivre libre. Les Romains nous ont arrachés à nos terres, à nos forêts, à notre ciel. Nous sommes une foule immense de dizaines de milliers d’hommes. Si nous devenons une armée, nul ne pourra nous arrêter. Nous détruirons les légions. Nous marcherons vers le nord, vers ces montagnes qui séparent l’Italie de nos pays. Nous franchirons les cols. Nous atteindrons enfin notre terre : les uns la Gaule, les autres l’Espagne, la Phrygie ou la Thrace. Nous seront libres parmi les nôtres. Rome n’aura plus la force de nous poursuivre. Nous ne serons plus esclaves. Nous apprendrons à nos peuples à se battre pour rester libres.
     
    Spartacus retourne s’asseoir au centre du cercle. Il baisse la tête et reste longuement silencieux comme si, tout à coup, la lassitude l’écrasait, persuadé qu’il ne réussirait pas à convaincre ces hommes qui l’observent, paraissent attendre.
    Enfin il se redresse.
    — Je guiderai cette armée vers le nord.
    Il hésite et ajoute d’une voix plus grave :
    — Mais nous ne sommes assurés de vaincre que si nous demeurons ensemble.
    Crixos le Gaulois se lève ; puis Tadix, Œnomaus le Germain et la plupart des autres hommes l’imitent.
    — Mon pays, commence Crixos, est celui où je mange, où je bois, où j’éventre les portes des villes dont les celliers et les greniers sont pleins, où j’écarte les cuisses des femmes. Je ne connais plus d’autre pays. Je ne marcherai pas avec toi vers le nord. Quand nous aurons conquis les villes de Campanie et de Lucanie, nous marcherons sur l’Apulie.
    Il montre l’horizon.
    — Tous ceux qui viennent de là-bas et de la Calabre nous disent qu’il suffit de suivre la voie pavée, que les milices se sont enfuies, qu’aucune légion n’a planté ses enseignes dans ces provinces. Tout y est à prendre : les ports de Sipontum et de Barium, et le plus grand, celui de Brundisium ; les villes de l’intérieur des terres, Canusium, Vuceria, Ausculum, Verusia sont sans défense.
    Crixos s’approche de Spartacus et se penche vers lui.
    — Il suffit de quelques jours de marche. Les esclaves d’Apulie et de Calabre nous attendent. Marche avec nous, Spartacus ! Toi et moi sommes des hommes libres. Tous les pays où nous vivons et où nous combattons sont nôtres.
    Il frappe le sol du talon et répète :
    — Je suis du pays où je suis libre !
    Spartacus se lève.
    — Ils te prendront, murmure-t-il.
    — Me prendre ?
    Crixos ricane :
    — Me tuer ! Oui, un jour la mort me prendra. Mais les Romains, jamais, Spartacus !
    Il s’approche, ouvre les bras comme s’il voulait embrasser le Thrace. Mais celui-ci recule.

 
     
37
    Bras croisés, jambes écartées, Spartacus se tient campé au milieu du chemin qui, du plateau, mène à la plaine.
    Il regarde, vers le promontoire rocheux, ces hommes qui émergent de la nuit au fur et à mesure que

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