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Spartacus

Spartacus

Titel: Spartacus Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Max Gallo
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brume, sont autant d’îles que la plaine grouillante d’esclaves rebelles encercle. Déjà, toutes les villas isolées ou les bourgades sans défense ont été pillées, saccagées, incendiées.
    Spartacus s’arrête, baisse la tête.
     
    Il a essayé d’empêcher, il y a quelques jours, les Gaulois de Crixos d’incendier Narès, l’une de ces petites villes de Lucanie. Il s’est placé devant la porte de la cité. Il entendait les cris d’effroi des femmes et des enfants qui y étaient réfugiés. Les hommes avaient sans doute déjà été massacrés ou bien s’étaient enfuis, sachant le sort que leur réservaient les révoltés.
     
    Spartacus, écartant les bras, avait dit qu’il fallait s’emparer du blé, des réserves d’orge, de la viande, des poissons salés, des légumes et des fruits secs, mais ne pas tuer, ne pas détruire. Les Gaulois s’étaient immobilisés l’espace d’un instant.
    Puis Crixos s’était avancé. Il avait montré la foule d’hommes qui se pressait derrière lui, et, la dominant, un Gaulois dépassant les autres de la tête et des épaules.
    — Tadix est venu de Cisalpine avec une troupe de plus de cent hommes qui ont tué leurs maîtres et les miliciens qui les poursuivaient. Il est leur chef. Rien ne pourra l’arrêter. Même pas toi, Spartacus. Il veut les femmes. Il veut le feu. Il veut la mort. Il est libre. Il fait ce qu’il veut. Laisse-les passer ! Sinon, ils me tueront et te tueront après.
    Tadix n’avait pas même menacé Spartacus.
    Il s’était avancé, suivi, poussé par la foule, et le Thrace avait été bousculé, entraîné, ignoré.
    Les cris des femmes étaient devenus plus stridents et le sang avait coulé entre les pavés des ruelles. Puis le feu avait dévoré les corps éventrés.
     
    Spartacus ferme les yeux comme s’il ne voulait plus voir cette foule immense.
    Son visage exprime l’amertume. Il semble ne pas entendre Apollonia qui s’est approchée, qui lui emprisonne les jambes entre ses cuisses, puis lui chuchote, en lui mordillant le lobe de l’oreille, qu’il est le prince de tous ces esclaves.
    — Les dieux t’ont choisi, murmure-t-elle, tu es celui qui rend la liberté !
    Il dénoue les bras d’Apollonia, la repousse, redresse la tête et contemple cette multitude, cette crue humaine qui mêle et entraîne des gens de toutes races, venus d’Apulie ou de Cisalpine, de Phrygie ou d’Espagne.
    Il se tourne vers Jaïr le Juif, assis aux côtés de Posidionos sur le bord du promontoire rocheux.
    — Aucune ville, pas même Rome, dit Jaïr, ne pourra résister à la haine.
    — Ils ont peur, ajoute Posidionos. Ils se souviennent des guerres serviles de Sicile.
    Il désigne la foule si nombreuse qu’on ne discerne même plus les rochers du plateau, la terre de la plaine, les éboulis des versants et des pentes.
    Spartacus fait un pas vers Curius, le saisit par les bras, l’attire à lui.
    — Tu es maître d’armes, lui dit-il. Tu as dompté les gladiateurs de Capoue. Je t’ai vu. Apprends à ces esclaves à se battre comme des hommes libres !
    Curius secoue la tête et crache avec violence.
    — Ils ne veulent plus de maître, répond-il. Ils ne sont plus des chiens qu’on dresse. Ils sont redevenus sauvages, mais tu n’en feras jamais des loups.
    — Je veux une armée ! réplique Spartacus.
    Il oblige Curius à se tourner et à faire face à la foule.
    — Choisis des hommes parmi les plus forts, ceux dont tous les autres ont peur. Nomme-les centurions. Promets-leur, en mon nom, la plus grosse part de butin. Fais tailler des peaux. Je ne veux plus d’hommes nus comme des bêtes. Donne à chacun d’eux un bouclier, sers-toi des fonds de panier pour en fabriquer. Ordonne qu’on affûte des pieux, qu’on les durcisse au feu. Que personne ne combatte à mains nues. Qu’ils apprennent à lancer les pieux comme des javelots.
    Spartacus s’écarte de Curius et brandit les poings.
    — S’ils savent se battre et si la haine leur insuffle le désir de tuer et leur fait oublier la mort, alors nous vaincrons les légions !
    Jaïr le Juif se lève, s’approche et murmure :
    — Que feras-tu de ta victoire, Spartacus ?
    Le Thrace croise à nouveau les bras sans répondre et regarde l’horizon.

 
     
36
    Spartacus lentement s’accroupit sans quitter des yeux les hommes qui forment un cercle autour de lui.
    Il reste un instant immobile, les bras à demi repliés, ses armes posées à plat sur ses mains

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