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Spartacus

Spartacus

Titel: Spartacus Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Max Gallo
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laisse en gage de confiance Kolaios, le meilleur de mes maîtres d’équipage.
    Il hésita, puis se tourna vers Pythias.
    — Et toi, tu resteras sur le navire avec l’or. Serment contre serment. Confiance contre confiance. Je suis pirate, mais Spartacus est esclave. Homme contre homme. Or contre traversée !
    Il montra l’horizon devenus gris.
    — Les légions de Crassus ne sont pas loin.
     
    Nous avons gagné la terre, accompagnés par Kolaios, et j’ai revu Spartacus.
    Quelques jours seulement s’étaient écoulés et je le retrouvai vieilli, voûté, mais son visage et son corps amaigris dégageaient une impression de force. Son regard, en revanche, était vague et terne.
    — Il veut l’or, a-t-il répété plusieurs fois en regardant Kolaios qui s’était assis devant la tente, mâchonnant des tiges d’herbe.
    Puis le Thrace a longuement dévisagé Pythias.
    — Pour une pièce d’or, on tue un homme, a-t-il dit. Pour deux sacs de pièces, des bijoux, des vases précieux, crois-tu qu’un pirate te laissera en vie, Pythias ? Il voudra l’or sans prendre le risque de nous faire monter à son bord. S’il peut avoir de l’or contre ta vie et celle de celui-ci – il a montré Kolaios –, crois-tu qu’il hésitera ?
    — Il a invoqué les dieux, a murmuré Pythias. Il a prêté serment.
    — Les serments, les dieux ! a ricané Spartacus.
    Il est sorti de la tente et s’est mis à marcher de long en large sur le sommet de la colline, regardant les navires, les esclaves rassemblés devant les remparts de Thurii et, au loin, la poussière soulevée par la marche des légions de Crassus.
    On entendait de plus en plus souvent, portés par le vent, les roulements de tambour des légions.
    Spartacus est rentré dans la tente.
    — Prends l’or, a-t-il dit à Pythias. Dis à Axios que, s’il me trahit, je le retrouverai en enfer. Qu’il s’approche du rivage. Je veux que nous embarquions avant la nuit.
    Apollonia a gémi :
    — Les dieux décideront, a ajouté Spartacus.
    Curius s’est avancé, maugréant qu’on ne pouvait faire confiance à ces pirates capables de tuer leurs mères pour leur voler une pièce de bronze.
    — Et tu leur offres tout notre butin !
    — Écoute le tambour, a dit Spartacus. Crois-tu que nous ayons le choix ?
    Il s’est approché de Jaïr le Juif.
    — Toi, Jaïr, que dis-tu ?
    Celui-ci a écarté les mains.
    — Dieu sait, Dieu juge, a-t-il murmuré.
    Il y a eu les cris poussés par Apollonia, ses bras qu’elle agitait à l’instar de serpents autour de son visage, ses mains s’enfouissant dans ses cheveux.
    — Spartacus, monte avec l’or sur le navire ! hurlait-elle.
    Puis elle s’est tout à coup affaissée, la tête entre les cuisses, ses mèches comme un grand voile blond déployé sur ses épaules et son dos.
     
    Les voiles pourpres des navires des pirates ont été hissées dès que Pythias a gravi avec ses sacs l’échelle du navire d’Axios.
    Et, comme le vent soufflait fort, il n’a fallu que quelques instants pour que la petite flotte disparaisse derrière le cap.
    Et nous n’avons plus revu Pythias.
    Et Curius a égorgé le pirate Kolaios.

 
     
54
    — Le vent qui a chassé si vite, hors de notre regard, les navires aux voiles pourpres, c’était le souffle de Dieu l’Unique !
    Ainsi s’exprime Jaïr le Juif.
    Il se souvient des instants et des jours qui ont suivi la trahison d’Axios le pirate.
    — Spartacus, poursuit-il, a longuement contemplé en silence la mer vide.
    J’étais assis sur le seuil de la tente. Je voyais et entendais.
    Kolaios a poussé un cri en se débattant au moment où Curius le prenait par les cheveux, lui tirait la tête en arrière, et le maître d’équipage maudissait le capitaine qui l’avait livré. Il jurait qu’il poursuivrait Axios de sa haine, qu’il irait le traquer jusque dans les golfes les plus éloignés, jusqu’aux colonnes d’Hercule, qu’il serait un allié précieux car il connaissait tous les mouillages des pirates.
    Mais sa voix s’est noyée dans le gargouillis du sang jaillissant de sa gorge tranchée.
    Spartacus ne s’est pas retourné.
    J’apercevais son dos voûté comme si une dalle énorme l’écrasait.
    J’ai pensé qu’il savait qu’il mourrait sans avoir traversé la mer ni revu la Thrace.
    Il semblait ne pas entendre les gémissements d’Apollonia. Accroupie, la tête dans le sable, elle se redressait à chaque fois que le roulement de tambour

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