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Spartacus

Spartacus

Titel: Spartacus Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Max Gallo
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crisper sur le pommeau de son glaive. Et la lame a commencé de glisser hors du fourreau. Puis il l’a repoussée d’un coup sec.
    — Pour ton Dieu, pour toi, le pirate est donc un homme plus juste que moi ? Il peut me prendre l’or et tuer Pythias ? a-t-il grondé en me saisissant par les épaules et en commençant à me secouer.
    — Personne ne connaît le jugement de Dieu. Nous errons dans un labyrinthe, ai-je dit.
    Il m’a violemment repoussé.
    — Tu es l’esclave de ton Dieu ! a-t-il crié. Je veux, moi, être un homme libre.
    Il s’est éloigné, sa cape soulevée par le vent lui battant les mollets. Il a enfourché son cheval, levé son glaive, et nous nous sommes mis en marche vers Rhegium.
    En me retournant, j’ai vu au pied des remparts le haut tumulus que les esclaves avaient élevé en souvenir du Gaulois.
    Et il m’a semblé que du corps de cet homme le sang continuait de couler, réclamant à Dieu l’Unique justice et vengeance.

 
     
     
     
     
SEPTIÈME PARTIE

 
     
55
    Ce tumulus qui s’élevait au pied des murailles de la ville de Thurii, le proconsul Licinius Crassus m’a donné l’ordre de le fouiller et de le détruire.
    J’étais son légat. Je venais de parcourir avec une dizaine d’hommes les rues de Thurii cependant que les légions attendaient, alignées dans la plaine.
    Je n’avais découvert dans la ville que cadavres dépecés, maisons pillées puis brûlées. Des chiens et des rats repus de chair humaine n’avaient même pas fui à notre approche, continuant de déchiqueter les corps ou de s’enfouir dans les entrailles en couinant.
    L’odeur de mort m’avait étreint la gorge.
    Certains des corps avaient séché, mais d’autres, dans l’ombre des ruelles, étaient des amas de chair purulente et grouillante que chiens et rats se disputaient, guettés par les rapaces qui nichaient sur le rebord des fenêtres et coassaient en s’élançant d’un vol lourd quand nous avancions.
    Aucun de ces cadavres n’était celui d’un esclave de la horde de Spartacus, comme si les habitants de Thurii avaient renoncé à se défendre ou avaient été étouffés sous le nombre, cette vague hurlante que nous poursuivions depuis la Campanie et qui avait déjà submergé les légions du légat Mummius. J’avais assisté à la décimation des fuyards et j’avais entendu les derniers mots de Mummius, à genoux, offrant sa mort au proconsul.
    Ainsi, j’avais pu mesurer l’implacable volonté de Crassus, l’indifférence avec laquelle il avait ordonné la mort et assisté à la flagellation puis à la décapitation de ces cinquante Romains. Par son mépris, ses paroles impitoyables, il avait contraint Mummius au suicide. Et il avait regardé le corps du légat comme s’il ne s’agissait que de celui d’un esclave.
    J’avais alors compris qu’on ne pouvait que se soumettre aux ordres de Crassus, qu’on devait inexorablement accomplir ce qu’il exigeait de vous.
     
    Je lui ai rapporté ce que j’avais vu dans les rues de Thurii.
    Je sentais sur moi son regard ; je devinais sa colère.
    Nos légions n’étaient pas parvenues à temps pour sauver Thurii et ses habitants dont il ne restait qu’une poignée de survivants. Ceux-ci avaient réussi à fuir et à se cacher dans les étangs d’eau saumâtre qui s’étiraient le long du rivage.
    Ils nous entouraient, affamés, nous racontant qu’il avaient, depuis leur cachette, aperçu les voiles pourpres de plusieurs navires pirates, de ceux qui venaient souvent harceler la ville.
    Ils avaient assisté aussi à des affrontements entre esclaves. Spartacus avait même tué de ses mains un Gaulois que les siens semblaient vénérer comme l’un de leurs chefs.
    Ils avaient veillé sur son corps nuit et jour, ne l’enfouissant qu’au moment de leur départ.
    Ils montraient le tumulus, puis les monts Silas vers lesquels s’était dirigée la horde des esclaves.
     
    Je n’ai eu qu’un instant d’hésitation avant de commander aux soldats de fouiller et de détruire le tumulus, comme Crassus venait de me l’ordonner. Mais cela a suffi pour que je sente peser contre moi le poitrail du cheval de Crassus.
    J’entendis sa voix ricanante dire au tribun militaire Julius Caesar que je craignais qu’un dieu ne s’échappe de cette tombe et ne m’entraîne avec lui.
    — Alors, Gaius Fuscus Salinator, j’attends ! a-t-il crié.
    Il était penché sur l’encolure de sa monture dont le poitrail me poussait vers le

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