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Staline

Staline

Titel: Staline Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Marie,Jean-Jacques
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déambule lentement sans mot dire, le front
baissé, en regardant les orateurs par en dessous. Il prend la parole d’ordinaire
le dernier pour résumer la discussion et formuler une proposition, le plus
souvent adoptée sans débat.
    Dès janvier 1924, il s’attaque aux positions de Trotsky
dans l’appareil d’État. Il fait adopter une réforme de l’armée par le Comité
central, en l’absence du commissaire à la Guerre, malade, dont, en mars, il
remplace l’adjoint, Sklianski, par un fidèle de Zinoviev, Frounzé, et, à la
tête de l’Armée rouge à Moscou, son ami Mouralov par Vorochilov. Il truffe d’ennemis
de Trotsky le commissariat à la Guerre et le Conseil militaire révolutionnaire.
Le Bureau d’organisation purge les organismes dirigeants de l’armée des « spécialistes
militaires » tant détestés. La vague de mutations permettra de faire voter
aisément aux cellules de l’armée, à la fin de l’année, des résolutions
demandant que Trotsky soit démis de ses fonctions militaires.
    Partout, il agit de la même façon, pas à pas, mais avec obstination.
C’est alors qu’il déclare à Raskolnikov : « Dans la mesure où le
pouvoir est entre mes mains, je suis un gradualiste [478] . » Il le
restera aussi longtemps qu’il s’agira d’assurer son pouvoir et d’éliminer un à
un ses adversaires ou ses concurrents. Ses alliés du moment et ses
collaborateurs le considéreront toujours ainsi lorsqu’il passera à la purge
terroriste, méthode qu’il n’a pas encore planifiée. Raskolnikov dira de lui :
« Il n’a pas le sens de la prévision. Quand il effectue un pas en avant,
il n’est pas en état d’en peser les conséquences [479] . » C’est
effectivement un empirique et un pragmatique, et ce maître des intrigues d’appareil
est souvent pris de court par les problèmes graves.
    Les triumvirs décident de prendre le contrôle de l’héritage
littéraire de Lénine. Ils se heurtent d’emblée au Testament, la fameuse Lettre
au congrès passant en revue les six dirigeants et son additif demandant le
remplacement de Staline au poste de secrétaire général. Pendant trois mois et
demi, ils mènent des négociations serrées avec Kroupskaia, qui exige qu’il soit
communiqué aux délégués du prochain congrès, le XIII e , en mai 1924.
Elle transmet le document le 18 mai en déclarant que Lénine voulait
fermement le voir communiqué au congrès qui suivrait sa mort, et fait noter sa
déclaration au procès-verbal. Staline grogne : « Il n’aurait pas pu
mourir comme un chef honnête [480]  ! »
Les membres du Bureau politique, consultés par écrit, sont tous, mis à part
Trotsky, farouchement opposés à sa publication et à sa diffusion parmi les
délégués. Staline attribue habilement son propre refus à Lénine : « Je
pense qu’il n’est pas nécessaire de l’imprimer, d’autant plus qu’on n’a pas la
sanction de Lénine pour le faire [481] . »
Les triumvirs trouvent un moyen habile de contourner la difficulté. Le 21 mai
au soir, la lettre est lue à la réunion de la « senior convent » ou
réunion des sages, inventée par les triumvirs, qui rassemble, la veille du
congrès, le Comité central et le chef de chaque délégation régionale. Zinoviev
et Kamenev président la séance, Staline se tasse dans un coin. Kamenev lit la
lettre, plongeant l’assistance dans le silence. Zinoviev affirme que les
craintes de Lénine sont aujourd’hui dissipées, puis Staline ajoute à voix basse :
« Je suis effectivement grossier… Ilitch vous propose d’en trouver un
autre qui se distingue de moi par une plus grande politesse. Eh bien, essayez d’en
trouver un. » L’un de ses partisans, Alexandre Smirnov, s’écrie : « Mais
non, tu ne nous fais pas peur avec ta grossièreté, tout notre parti est
grossier, c’est un parti de prolétaires [482] . »
    Au congrès, lors d’une suspension de séance, un membre du
Bureau politique lit le Testament à chaque délégation régionale réunie
séparément, en interdisant aux délégués de prendre des notes et de faire allusion
au texte en séance plénière ; il propose ensuite de maintenir à son poste
Staline, qui jure de tenir compte des remarques de Lénine. Zinoviev et Kamenev
s’en portent garants. Pour consolider l’autorité de Staline, écornée par la
lecture du Testament, chaque délégation est invitée, bien que les statuts ne
prévoient rien de tel, à confirmer la

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