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Staline

Staline

Titel: Staline Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Marie,Jean-Jacques
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rivaux et encombrée de figurants.
    En province, l’appareil contrôle les votes. À Moscou, chaque
camp reçoit le même nombre de voix. Au Secrétariat, Nazaretian jette à la
poubelle la majorité des résolutions en faveur de l’opposition et charge son
adjoint Ioujak de porter des comptes rendus trafiqués à la Pravda qui
les reproduit fidèlement. Ioujak dévoile la machination à Trotsky. Staline le
chasse du Secrétariat avec Nazaretian qui l’a recruté.
    C’est au cours de cette période tendue que Staline fait ses
premiers pas dans l’Internationale. Il a bien, auparavant, assisté à deux
réunions plénières du Comité exécutif et siégé dans la commission hongroise en février 1922,
mais il n’y a rien dit. Sa première véritable incursion est une comédie
habilement mise en scène : il participe à une commission d’enquête sur le
comportement du communiste allemand de gauche Arkadi Maslov, accusé d’avoir
bavardé par vantardise sur ses relations imaginaires avec Lénine et Trotsky
lors de son arrestation par la police allemande en 1922 et de l’avoir caché au
Parti. Staline prend sa défense, insiste sur sa jeunesse et son inexpérience
qui, explique-t-il, méritent l’indulgence. « Il a voulu crâner un peu et
enjoliver son passé. » Ce n’est pas un péché bien grave et, pour le
démontrer, Staline accable courageusement Sverdlov, mort cinq ans plus tôt :
lors de sa déportation en Sibérie, il s’était présenté mensongèrement comme
membre du Comité central dès 1904. Il l’avoua à Staline qui lui répondit,
magnanime : « Passons l’éponge sur cette histoire. » Il faut
passer l’éponge de la même façon avec Maslov. Un membre de la commission,
Piatnitski, proteste : l’auteur de fausses déclarations doit être exclu.
Staline commente avec bonhomie : « Alors, il faudrait en exclure
beaucoup. » Piatnitski s’étonne de la « mollesse de Staline envers
Maslov » ; Zinoviev suscite l’hilarité générale en expliquant : « Staline
est connu parmi nous comme très tendre de cœur. » Le futur procureur
Ounchlicht insiste : « Il y a dans le passé de Maslov des points
obscurs. » De plus en plus bonhomme, Staline rétorque : « Le
soleil lui-même a des taches [475]  »,
première esquisse du fameux « Nul n’est parfait », et retourne la
commission. Maslov, finalement, repartira à Berlin où il dirigera le parti
allemand pendant deux ans.
    Staline a gagné sur trois tableaux : il a affirmé son
autorité nouvelle dans l’Internationale, il s’est fait un obligé, et il a
acquis une réputation de tolérance à la veille de la Conférence nationale du
parti bolchevik où il entend écraser l’opposition…
    Le 16 janvier, il réunit la Conférence nationale, dont
le Secrétariat a, pour la première fois, désigné lui-même les participants.
Trotsky n’en est pas : le Bureau politique l’a envoyé soigner pendant deux
mois dans le Caucase une maladie récurrente marquée par de fortes fièvres. L’opposition
de gauche n’y recueille que trois voix. L’appareil du Parti fait bloc contre
celui qui dénonce sa bureaucratisation.
    À cette conférence, Staline se déchaîne contre Trotsky, « ce
patriarche des bureaucrates », dont la victoire aurait divisé et ruiné le
Parti. La résolution finale affirme que l’opposition, « reflétant
objectivement la pression de la petite bourgeoisie […], a abandonné le
léninisme », exprime une « déviation petite-bourgeoise », et
doit être condamnée pour avoir « lancé le mot d’ordre de destruction de l’appareil
du Parti ». Dans la foulée, Zinoviev fait une découverte « théorique »
que Staline reprendra à son compte : « La social-démocratie elle-même
est devenue fasciste […]. Ce qu’il y a de nouveau dans le mouvement ouvrier
international c’est que la social-démocratie devient un élément fasciste [476] . »
    Au milieu de décembre, Staline a fait déménager le Comité
central et son secrétariat dans un vaste immeuble de la Staraia Plochad, à un
kilomètre du Kremlin. Cette institution y demeurera jusqu’à la dissolution du
PCUS par Boris Eltsine à la fin d’août 1991. Il y fait installer un grand
bureau, surmonté d’une dizaine de téléphones dont la ligne spéciale réservée
aux hauts dignitaires (la vertouchka).
    L’état de santé de Lénine s’aggrave brutalement. Il meurt le
21 janvier 1924. Le Bureau politique se

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