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Staline

Staline

Titel: Staline Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Marie,Jean-Jacques
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sans doute un objectif
identique : lui faire terminer officiellement sa scolarité primaire à 15 ans,
voire 14, au lieu de 16.
    Il est depuis quatre ans débarrassé de la tutelle
paternelle. Une tradition bien établie fait mourir Vissarion en 1890, poignardé
au cours d’une rixe d’ivrognes à Tiflis. Or, rien n’est moins sûr. Lors de son
premier séjour en prison, en 1902, Joseph aurait, dit-on, reçu la visite de son
père qui l’aurait sermonné ainsi : « Alors, comme ça, tu es contre le
tsar ? Tu voudrais renverser Nicolas ? Tu veux quoi, te mettre à sa
place [38]  ?  »
L’anecdote, douteuse, accrédite néanmoins la thèse qui fait vivre Vissarion
au-delà de la date généralement admise. Une étude sur l’enfance de Staline,
publiée en 1939 dans Molodaia Gvardia, fait ainsi mourir Vissarion en
1906. Deux documents de police consacrés à Staline notent par ailleurs en
1909 : « Le père mène une existence de vagabond [39] . » La mort
de ce marginal n’est donc pas encore enregistrée. Il faut attendre 1912 pour
lire : « Père décédé [40]  »,
sans précision de date.
    De 1890 – date prétendue de sa mort – à 1906 –
probable date de sa mort –, Vissarion a erré par les routes pour mendier
son pain, ou vivre de chapardages et d’expédients ; il est devenu un
personnage des Bas-Fonds, un clochard étranger au prolétariat dont
Joseph sera censé sortir. Disparu à jamais de la vie de sa femme et de son
fils, il est mort dans un asile de nuit de Tiflis et, nul ne réclamant son
cadavre, l’État l’a fait enterrer à ses modestes frais. En 1918, en un ultime
et peu flatteur souvenir du père, Staline traitera de « savetiers » les
généraux tsaristes ralliés à l’Armée rouge, marque de son mépris.
    Catherine Gueladzé affirma sans doute que son mari était
mort en 1890 pour dissimuler un abandon déshonorant, mais peut-être aussi afin
de ne pas hypothéquer la carrière religieuse de Joseph. Pour devenir prêtre, un
fils de paysan devait, en effet, obtenir une autorisation du gouverneur ;
or, la chancellerie, méfiante à l’égard des sentiments antirusses du bas
clergé, issu de la paysannerie locale, vérifiait toujours la conduite du père. L’expédier
verbalement dans l’au-delà réduisait les risques de complication.
    Pendant que Joseph bûche, pendant l’hiver 1891-1892,
une terrible famine ravage le bassin de la Volga. Elle touche près de trente
millions de personnes, répand le choléra et fait plusieurs centaines de
milliers de morts. Le ministre des Finances Vychnegradski déclare alors : « Nous
ne mangerons pas à notre faim mais nous exporterons [41] . » Staline améliorera la méthode sans
répéter la formule. La famine, revers de l’exportation croissante de céréales,
se répétera, mais moins grave, en 1899 et 1902. Ces famines, qui déciment les
campagnes, ébranlent les fondements mêmes de l’État. Les paysans paient en
effet bon an mal an 45 % environ des impôts directs. Ils alimentent de
plus les caisses de l’État grâce aux multiples taxes sur les produits de base
(sel, tabac, thé, pétrole de lampe, vodka). En 1891, près de trente ans après l’abolition
du servage, les paysans n’ont remboursé à l’État que 1,2 % des indemnités
de rachat avancées par lui. L’émancipation-rachat du servage décidée en 1861 se
mue en fardeau pour l’État, alors même que les paysans en trouvent la charge de
plus en plus insupportable.

CHAPITRE II
Koba le révolté
    À la fin du mois de mai 1894, la direction de l’école
de Gori adresse au grand séminaire de Tiflis une courte liste d’élèves aptes à
poursuivre leurs études. Joseph Djougachvili y figure en tête. Reste à passer l’examen
d’entrée. Fin août 1894, il en subit les épreuves avec succès, et le 2 septembre
il entre au grand séminaire. Que ressent-il en pénétrant dans ce grand bâtiment
gris et malodorant de quatre étages où s’entassent près de huit cents étudiants
dans des dortoirs mal aérés de vingt à trente lits et des salles de classe aux
fenêtres closes ? Il ne l’a jamais dit.
    Non loin du séminaire se dresse le bâtiment du lycée, dont
les élèves ne se mélangent pas aux séminaristes. Aussi Joseph ne pourra-t-il
rencontrer le jeune Léon Rosenfeld, le futur Kamenev, inscrit au lycée en 1896
par ses parents qui viennent de s’installer dans la capitale.
    Il doit d’abord, comme les 163 autres

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