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Staline

Staline

Titel: Staline Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Marie,Jean-Jacques
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trouver dans les pires conditions. Les élèves manifestent assez
souvent une mentalité antireligieuse et se montrent hostiles à ce qui est
russe. Il est trop souvent impossible de corriger de tels élèves [48] . » À l’automne
de 1893, une grève d’une semaine secoue l’établissement. Les élèves exigent l’amélioration
de la nourriture, le droit d’aller au théâtre et d’entrer à l’université après
la fin de leurs études au séminaire, l’augmentation du nombre des disciplines
non religieuses et un enseignement dispensé en géorgien. La direction ferme l’établissement,
en exclut 87 élèves ; la police en chasse 23 de la ville. Parmi eux,
un certain Lado Kethskovéli, dont le frère cadet, Vado, sera camarade d’études
de Joseph Djougachvili. Cette grève pousse le saint-synode à édicter, le 31 janvier 1894,
le texte d’engagement précité que devront signer les élèves en septembre. Mais
que peut valoir une signature forcée ? Formé à cette école, Staline ne
verra plus tard qu’hypocrisie dans les serments solennels de ses opposants
vaincus.
    Les élèves pouvaient sortir du séminaire de 15 à 17 heures
et déambuler dans les deux quartiers de la capitale : sur la rive gauche
de la Koura, la ville administrative, la prison, les casernes, l’hôpital, au
sommet d’une paroi à pic contre laquelle s’aligne, en contrebas, la rangée de
maisons du quartier d’Avlabar ; sur la rive droite, la ville ancienne où s’entassent,
le long des rues sinueuses descendant jusqu’au pied de la montagne, bazars,
églises et maisons aux murs bigarrés, surmontés de tours, de terrasses et de
dômes, ornés de balcons sculptés et d’escaliers extérieurs. Le Douanier
Rousseau géorgien, Niko Pirosmani, ancien employé des chemins de fer de la
ville, a peint de motifs naïfs et de couleurs vives les enseignes de nombreux
estaminets.
    La vieille ville est animée d’un mouvement perpétuel, de l’aube
au crépuscule : montagnards en burnous noirs, kintos, le torse moulé dans
un maillot rouge sous leur caftan bleu, les jambes ornées de culottes
bouffantes, la casquette plate vissée sur le crâne, un foulard aux couleurs
vives négligemment noué autour du cou, portefaix ployant sous leur charge,
porteurs d’eau courbés sous leurs outres galopent à travers les ruelles et
passages où selliers, joailliers, ciseleurs, potiers vocifèrent toute la
journée pour faire l’article en poussant, dans toutes les langues du Caucase et
en russe, des hurlements rythmés par les coups de maillet des ferblantiers et
chaudronniers, le braiment des ânes et les cris des chameaux. Les chaises,
tables et barriques de vin des cabarets encombrent les trottoirs et la
chaussée, envahis par l’odeur du fromage, des oignons, des herbes, des fruits,
du mouton grillé, des ordures et des déchets. Tiflis-la-pittoresque est aussi
une ville poussiéreuse et boueuse, formée aux trois quarts d’un entrelacs de
ruelles tortueuses, sales et malodorantes. Seul le centre de la capitale est
éclairé au gaz. Les faubourgs obscurs sont, dès la nuit tombée, le royaume des
mendiants et des kintos.
    Le jour, la ville offre une multitude de spectacles
rituels : combat de béliers sur lesquels misent des parieurs acharnés et
braillards, empoignade de lutteurs qui s’étreignent dans la poussière des
places, bénédiction des eaux et purification des péchés dans les eaux glacées
de la Koura en mars, le Keenoba (ou carnaval), dont les participants déguisés
et masqués traversent la ville en dansant et en exécutant diverses pantomimes
sous la conduite de cavaliers symbolisant l’oppresseur national que la foule
finit par jeter dans la rivière, ou encore l’office des morts musulmans, le
Chakseï-Vakhseï, au cours duquel des hommes, torse nu, se flagellent à coups de
chaînes ou se lardent la chair à coups de poignard. À l’exception du
Chakseï-Vakhseï, Staline ne dira jamais rien de l’exubérance de Tiflis, pas
plus qu’il ne parlera des rares villes étrangères qu’il traversera plus tard.
La ville et son architecture le laissent froid. Et dans les années 1930,
il fera sans état d’âme dynamiter à Moscou les monuments du passé qui gênent la
vue ou la circulation.
    Un mois après l’entrée de Sosso au grand séminaire,
Alexandre III meurt, le 1 er  novembre 1894. La
générale Bogdanovitch, monarchiste convaincue, note dans son Journal : « Il
n’inspirait que la

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