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Staline

Staline

Titel: Staline Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Marie,Jean-Jacques
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nettoyant d’éléments manifestement décomposés, qui ne
reconnaissent pas l’existence des classes à la campagne et qui ne désirent pas
"se fâcher avec le koulak" [573]  ».
Ce même jour, dans une lettre aux sections du Parti de Sibérie, il recommande
de faire la chasse aux « éléments perfides qui possèdent des surplus de 2 000 pouds
et plus de blé commercialisable [574]  ».
Ainsi, en moins d’un mois, on est passé du possesseur mythique de 50 000 à
60 000 pouds de blé au possesseur réel, encore qu’extrêmement rare,
de 2 000 pouds. Des « troïkas » dotées de pouvoirs exceptionnels
sont chargées de rafler le blé. Le bureau de Barnaoul se propose d’organiser
des procès publics contre les koulaks possédant au moins « 400 pouds » –
ce qui est apparemment difficile à trouver, puisque les deux premiers « koulaks »
traduits en justice possèdent, l’un 276 pouds, l’autre 170… Dans un
village, la troïka régionale contraint un paysan à vendre ses… 6 pouds de
blé sans rien lui laisser pour les semences prochaines. Cette violence suscite
la colère. De janvier à septembre 1928, le Guépéou recensera en Sibérie 17 meurtres
et 99 attaques à l’arme blanche de responsables et militants, et 52 tracts
appelant au renversement du pouvoir soviétique, premiers signes d’un
affrontement massif.
    Cette expédition sibérienne est le dernier voyage de Staline
dans son pays. À compter du 12 février 1928, il vivra dans le seul
univers de l’appareil et de ses bureaux, coupé du monde réel qu’il n’aperçoit
qu’à travers le prisme de la bureaucratie. Il est le seul dirigeant à vivre
ainsi, totalement enveloppé par cette bulle bureaucratique.
    La menace paysanne le pousse à tenter d’extorquer
déclarations de capitulation et reniements d’opposants pour effacer toute trace
d’opposition publique dans le Parti. C’est ainsi que Zinoviev et Kamenev,
incapables de vivre en dehors de l’appareil, dénoncent Trotsky, dans une
déclaration du 27 janvier 1928, et demandent à réintégrer le Parti,
où ils seront à nouveau admis en juin après une autocritique complète. En
avril, le Comité central, où Staline tire un bilan fantaisiste des mesures
prises, reconduit la politique de réquisitions à titre exceptionnel, mais se
heurte cette fois aux réticences de Boukharine, Rykov et Tomski.
    C’est dans cette période tendue que se prépare le VI e et avant-dernier congrès du Comintern. Dès décembre 1927, Staline a
annoncé que « l’Europe entre manifestement dans la zone d’un nouvel essor
révolutionnaire ». Après une phase de montée en puissance de la révolution
(1917-1923), suivie par la stabilisation capitaliste (1923-1927), l’humanité
aborde une troisième phase, celle des affrontements révolutionnaires décisifs.
Le congrès enregistre sans broncher. Staline ne veut pas en laisser la
direction à Boukharine. Lui qui préside en fait aux destinées de la III e  Internationale
depuis l’éviction de Zinoviev en 1926, il exige de participer à la mise au
point du programme soumis au congrès. Le 23 avril, il fait valider cette
prétention par le Bureau politique : Boukharine et lui devront élaborer en
quatre jours le projet de programme à lui soumettre. Celui-ci, adopté le 7 mai,
est présenté sous la double signature de Boukharine et de Staline au Comité
exécutif du Comintern, qui désigne une commission, convoquée à la hâte à
Moscou, pour le peaufiner. Staline n’y participera jamais. Boukharine, en
revanche, y pérore longuement devant des participants fantoches. La commission
n’apporte au texte que de très légères modifications de forme et de détail.
    Staline avertit les éventuels téméraires, dès l’ouverture du
congrès : quoi qu’ils disent, on les accusera de trotskysme. Rappelant que
les opposants « se sont brisé le cou », il ajoute : « C’est
étrange, mais il y a, semble-t-il, autour du Comintern, des gens prêts à
marcher sur les pas des opposants. » Il leur promet un sort identique… Une
fois ces menaces proférées, Staline abandonne le congrès du Comintern à son
train-train, part en vacances à Sotchi, et se fait remplacer dans la commission
par Molotov. Boukharine parade à la tribune tandis que les délégués traînent
dans les couloirs et les coulisses pour s’informer sur le sort qui l’attend.
    Dans le domaine agricole, Staline hésite encore : il
envisage

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