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Staline

Staline

Titel: Staline Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Marie,Jean-Jacques
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plus pour exclure les opposants au XV e  congrès, où
Staline fait distribuer le Testament de Lénine aux 1 669 délégués. Le
congrès marque la fin des oppositions ouvertes dans le Parti. Lorsque, l’année
suivante, Staline se heurtera à Boukharine et à ses amis, il parlera d’une « déviation »
ou d’un « danger de droite ». Il n’y aura plus que des
déviationnistes, puis des traîtres, et enfin des agents de l’ennemi.
    Lors du Comité central qui suit le congrès, il renouvelle
une troisième fois sa proposition de démissionner. Il a rempli sa tâche, il
peut s’en aller. Jusqu’alors, le Parti devait le conserver à ce poste, « en
tant qu’homme plus ou moins rude, offrant un certain antidote à l’Opposition.
Aujourd’hui l’Opposition est non seulement écrasée, mais exclue du Parti ».
Il conseille donc de « mettre en œuvre l’indication de Lénine » et
demande au Comité central de le libérer de ses fonctions de Secrétaire général.
Mais comment sanctionner une rudesse qui a vaincu l’Opposition ? Staline
est réélu à l’unanimité. C’est le Comité central qui désavoue Lénine, pas lui.
    Une légende naît alors. Le psychiatre Bekhterev, invité en
consultation chez Staline le 22 décembre 1927, aurait, à sa sortie,
proféré en public le diagnostic de « paranoïa ». Un autre témoin lui
fait dire : « Je sors de chez un paranoïaque à la main desséchée [564]  », allusion
à la main gauche flétrie de Staline. Le lendemain soir, Bekhterev est pris d’un
malaise au théâtre et meurt le surlendemain : la rumeur court bientôt qu’il
a été empoisonné. Mais quoi que l’on pense de la validité de ce diagnostic à la
hussarde, son énoncé est purement imaginaire. Bekhterev ne l’a jamais formulé.
    Tirant le bilan de cette période Staline ajoutera de sa
propre main dans sa biographie officielle en 1947 les lignes suivantes : « Accomplissant
de façon magistrale sa mission de chef du Parti et du peuple soviétique et
jouissant sans réserve de l’appui de ce dernier, Staline n’avait cependant pas
entaché son activité même d’une ombre de présomption, de suffisance, d’infatuation
de soi-même. » On ne saurait être plus modeste.

CHAPITRE XV
Le Grand Tournant
    À peine Staline s’est-il débarrassé des opposants de gauche,
accusés de vouloir liquider la NEP, que cette dernière entre en crise ouverte.
L’économiste russe Seliounine a dressé en 1989 un bilan enchanteur de la
NEP : « Au bout de quatre ou cinq ans, le niveau d’avant-guerre était
atteint dans l’industrie et dans l’agriculture. En 1928, ce niveau était
dépassé de 32 % dans l’industrie et de 24 % à la campagne […]. En
moyenne, dans le pays, l’ouvrier consommait 72 kilogrammes de viande par
an [565] . »
Mais si la réalité était si rose, pourquoi cette année 1928 marque-t-elle
le début d’une crise qui va déboucher sur le « Grand Tournant » de
1929 ?
    En janvier 1928, l’idylle officielle entre la direction
du Parti et la paysannerie aisée prend brusquement fin. Les livraisons à l’État
de blé et de seigle chutent brutalement : au 1 er  janvier 1927,
l’État avait stocké 7 millions de tonnes de grains, au 1 er  janvier 1928,
les paysans ne lui en avaient vendu que 5 millions, soit une baisse d’un
bon tiers. Les paysans étaient classés depuis dix ans en trois
catégories : pauvres, moyens et riches (koulaks) en fonction de critères
divers, au premier chef l’étendue de leur domaine. Staline dénonce un complot
des koulaks, qui renâclent à livrer leur surplus de grains au prix payé par l’État,
dont l’écart avec celui des produits industriels s’accroît. Mieux vaut dès lors
garder son grain ou en faire de la vodka. Le « complot » mythique n’a
aucun fondement : les paysans aisés ne font que stocker un blé trop mal
payé par le pouvoir. Mais ce dernier, affolé, prend bientôt des mesures contre
les koulaks, avant de s’en prendre aux paysans moyens.
    Le 6 janvier, Staline rédige, signe et fait
télégraphier une directive du Comité central au ton menaçant, qui constate que,
malgré la fermeté des directives antérieures, le grain ne rentre pas mieux, que
les organisations locales travaillent « avec une lenteur inacceptable,
[que] la léthargie continue. Notre appareil de base, dit-il, ne s’est pas
encore mis en branle… ». Il dénonce la mollesse dans le recouvrement

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