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Staline

Staline

Titel: Staline Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Marie,Jean-Jacques
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cadres), accusés de « saboter »
la production pour des raisons idéologiques, bref par hostilité au socialisme.
Favorables à la NEP, qu’ils croient durable, ces spécialistes sympathisent avec
les « droitiers ». Staline veut briser leur cohésion sociale. En juillet 1928,
dans la ville minière de Chakhty, cinquante-trois ingénieurs et cadres de l’industrie
charbonnière sont jugés pour sabotage organisé ; onze d’entre eux sont
condamnés à mort. L’accusation, entièrement fabriquée, ne paraît pas
invraisemblable à beaucoup, sept ans après la fin d’une guerre civile où,
effectivement, le sabotage était un moyen de lutte banal. Et faire payer à de
mythiques ennemis, que les ouvriers n’aiment pas, les effets de l’incompétence,
de l’insouciance, du non-respect des règles de sécurité ou de l’emploi d’un
matériel vieilli et usé, arrange beaucoup de monde. Staline n’est peut-être pas
l’auteur de l’idée, mais elle correspond pleinement à sa thèse sur l’aggravation
constante de la lutte des classes au fur et à mesure que le socialisme se
construit. Il va la peaufiner et la systématiser.
    Ce premier procès d’une longue série inaugure une vaste
campagne contre les « saboteurs » et les « diversionnistes ».
En terrorisant et en démoralisant ces « spécialistes » compétents,
Staline obère, certes, le succès de l’industrialisation lancée avec le premier
plan quinquennal en octobre 1928. Mais sa démarche est avant tout
politique : il veut désigner les responsables des ratés du « Grand
Tournant » vers la collectivisation et l’industrialisation, et saper la
base sociale de la « droite ». Au Bureau politique, Boukharine et ses
amis, pour se dédouaner, ont voté la mort des onze de Chakhty. Staline s’est
abstenu. Là encore, il joue le modéré, sinon le modérateur.
    Il fait créer au Guépéou, à côté des sous-directions
chargées des mencheviks et des trotskystes (cette dernière est confiée au jeune
Vratchev junior, frère d’Ivan Vratchev, le dirigeant trotskyste), une autre
sous-direction chargée des provocations contre les « droitiers » sous
le nom de code « les adversaires ». Un certain Platonov se présente
bientôt chez le naïf Boukharine. À peine sorti de l’entrevue, Platonov envoie
au Comité central un récit indigné de sa discussion. Boukharine nie, mais c’est
parole contre parole. Staline envoie alors un agent du Guépéou jouer les
opposants et réunir de jeunes « droitiers », amis de Boukharine, dans
sa villa puis il accuse de double langage Boukharine… pourtant étranger à cette
réunion.
    Staline conçoit l’industrialisation et la collectivisation
comme une guerre, à la discipline de laquelle l’appareil du Parti réticent doit
se plier. Les jeunes cadres staliniens vont l’apprendre à leurs dépens. Le 13 avril 1928,
Staline lance la campagne dite de l’autocritique destinée à pousser les fautifs
de tous ordres à s’autoflageller : « L’autocritique nous est
nécessaire comme l’air, comme l’eau [583] . »
Après la victoire (« facile ») sur l’Opposition, le Parti, dit-il,
risque de s’endormir sur ses lauriers. Le 16 mai, devant le VIII e  congrès
des Jeunesses communistes, il dénonce « le communiste-bureaucrate [qui]
est le plus dangereux des bureaucrates », et lance un appel pour critiquer
« le bureaucratisme de nos institutions [584]  ».
Mais, dans la Pravda du 26 juin, il distingue une autocritique
constructive (celle qu’il impose aux autres) et une autocritique destructive,
dite de l’opposition trotskyste (celle que les autres pourraient lui adresser).
    Cet été-là encore, Staline part aux bains de Matsesta. Il se
plaint à nouveau de petites courbatures dans les muscles des bras et des
jambes. Le médecin ne constate toujours aucun dérèglement pathologique ni
aucune affection du système nerveux. Après trois bains, les douleurs diminuent.
À son retour, il prend connaissance, dans la Pravda du 10 septembre 1928,
des « Notes d’un économiste », où Boukharine livre, à demi-mot, son
dernier combat public contre lui en feignant d’attaquer Trotsky : « Ce
n’est pas en arrachant chaque année le maximum de ressources à la paysannerie
pour la mettre [à la disposition de] l’industrie qu’on assurera le rythme
maximum de développement industriel. » Il prône « l’essor des
exploitations [paysannes]

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