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Staline

Staline

Titel: Staline Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Marie,Jean-Jacques
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mois.
Elle part se soigner à Karlsbad, puis se rend à Berlin rencontrer son frère
Paul qui travaille à l’ambassade comme attaché commercial. Quinze jours après
son départ, à la veille d’un congrès qui s’annonce sans problème, Staline,
resté sans nouvelles d’elle, lui écrit une lettre où percent un désarroi et un
empressement inhabituels : « Tatka, lui demande-t-il, écris quelque
chose ! Écris obligatoirement […] comment s’est passé ton voyage, ce que
tu as vu, si tu as consulté des médecins, quel est leur avis sur ta santé, etc.
Écris. […] Je m’ennuie beaucoup ici, Tatotchka. Je suis à la maison tout seul
comme un oiseau de nuit. […] Je pense aller à la datcha voir les gosses demain
ou après-demain. Eh bien, au revoir. Ne reste pas longtemps, reviens au plus
vite. Je t’embrasse, ton Joseph [616] . »
    Le XVI e  congrès s’ouvre le 26 juin 1930.
Staline a exigé que l’usine de tracteurs de Stalingrad soit achevée pour cette
date et envoie son premier tracteur au congrès. La pression du Kremlin sur les
autorités locales du Parti et sur l’administration de l’usine est quotidienne.
Staline veut son tracteur, même s’il ne roule qu’une fois, pour le congrès. L’équipement
(dont certains types de fraiseuses indispensables non produites en URSS),
importé de l’étranger à prix d’or et parfois par avion, est installé à la hâte.
C’est ainsi qu’un tracteur se rend triomphalement, par la rue Miasnitskaia, de
la gare au Bolchoï où se tient le XVI e  congrès. Le
rassemblement s’ouvre sur un cérémonial parareligieux : quinze salutations
exaltées de délégués de travailleurs, paysans, soldats et marins qui hurlent
des slogans enthousiastes, ponctués d’exclamations lyriques et de slogans
enflammés : « Vive notre Guide, l’élève de Lénine, le camarade
Staline ! À bas les opportunistes à double face ! Vive le Parti et
son guide Staline ! Vive notre Guide aimé, le camarade Staline [617]  ! »
Celui-ci présente un bilan plus que positif : « La crise du blé peut
être considérée comme résolue […]. L’approvisionnement en pain peut être
considéré comme assuré [618] . »
Deux ans plus tard, la famine dévastera l’Ukraine, le Kouban, le Kazakhstan…
    Le congrès élit Boukharine, Tomski et Rykov au Comité
central. Ce dernier réélit Rykov, mais non Tomski, au Bureau politique.
Staline, inaugurant la tactique dite plus tard du salami, achève la « droite »
par tranches. Ses membres, ayant fait leur autocritique, sont privés de toute
autorité. L’appareil, fouaillé par son chef, serre les rangs derrière lui,
alors même que l’aversion réciproque grandit. La commission de Contrôle ayant
chassé les opposants, Staline en libère Ordjonikidzé, qu’il place à la tête du
commissariat à l’Industrie lourde, pièce maîtresse du plan quinquennal. Il le
remplace par le docile mais brutal Andreiev, chargé d’exécuter ses consignes d’épuration.
À l’exception de Rykov, isolé, les organismes dirigeants n’incluent que ses
partisans avoués. Staline est toujours membre du Bureau politique de quinze
membres (suppléants compris), du Secrétariat de sept membres (suppléants
compris) et du Bureau d’organisation, qui comprend les cinq membres titulaires
du Secrétariat (Staline, Molotov, Kaganovitch, Baouman, Kouibychev) et six
autres responsables.
    L’unanimité du congrès et de toutes les instances du Parti
dissimule trois phénomènes également clandestins : l’existence d’une
fraction constituée par Staline au sommet, la formation de groupes de
mécontents à divers niveaux de l’appareil, et la substitution de la lutte de
clans à la lutte d’idées. Ainsi Lominadzé, nommé premier secrétaire du PC de
Transcaucasie en 1930, découvre dans le PC arménien quatre groupes constitués,
tous plus fidèles l’un que l’autre à la « ligne générale », mais
engagés dans une bataille acharnée pour des questions de personnes : cette
lutte de cliques ne reflète donc que des intérêts particuliers.
    Derrière le monolithisme apparent du congrès, Staline a
constitué un groupe dirigeant informel, qui se réunit clandestinement, et dont
Molotov reconnaîtra plus tard l’existence : « Il y a toujours eu un
groupe dirigeant au Bureau politique. » N’en étaient pas membres « Kalinine,
Roudzoutak, Kossior, Andreiev [619]  ».
Molotov ne précise pas les raisons de leur

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