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Staline

Staline

Titel: Staline Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Marie,Jean-Jacques
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une grande agriculture moderne,
puisque l’URSS ne dispose pas alors d’une base industrielle permettant une
mécanisation sérieuse. La collectivisation ne pouvait réussir que si l’État
garantissait aux paysans des tracteurs, des moissonneuses-batteuses, des
engrais. Il ne leur offre qu’un cocktail de répression sauvage et d’expropriation
totale pour les rassembler en de grandes unités qui permettent à l’État de
prélever la plus grande partie de sa production à bas prix (l’État payant les
livraisons obligatoires au dixième de leur valeur marchande), de centraliser la
récolte entre ses mains et d’en exporter le maximum au prix du marché mondial.
La collectivisation crée de grandes unités exploitées avec les techniques des
petites (à l’exception des fermes modèles destinées aux visiteurs étrangers)
et, du coup, peu rentables : cent araires ne font pas un tracteur, cent
faux ne font pas une moissonneuse-batteuse. Le manque de tracteurs et de
machines est compensé par la collectivisation totale des terres, du bétail, des
volailles, des outils, des clous du paysan qui, même pauvre, a le sentiment d’être
pillé. L’agriculture soviétique ne s’en remettra jamais.
    Le 30 août 1930, le Bureau politique adopte une
résolution « sur la nécessité de forcer immédiatement au maximum l’exportation
de blé, confier au commissariat au Commerce la tâche de garantir en septembre l’exportation
de blé à l’étranger de l’ordre de 3 à 4 millions de pouds par jour »
(soit, en gros, 60 000 tonnes). L’État dégage ainsi les
investissements nécessaires à une industrialisation forcenée en assurant aux
ouvriers un ravitaillement minimal. Les paysans qui fuient le village lui
fournissent une main-d’œuvre peu qualifiée mais peu exigeante ; les
paysans déplacés ou déportés lui garantissent une masse de travailleurs forcés
gratuits, dont l’entretien est réduit au strict minimum.
    Dans sa plate-forme de 1927, l’Opposition unifiée affirmait
au contraire que l’industrialisation est la condition d’une collectivisation de
longue haleine par le canal de la coopération : « Seul un processus d’industrialisation
croissante de l’agriculture peut créer une large base pour une coopération
socialiste (ou collectivisme). Sans machines agricoles, sans rotation des
cultures, sans engrais artificiels, aucun travail large et efficace vers une
collectivisation réelle de l’agriculture (à effectuer en 10 ou 15 ans)
n’est possible [612] . »
L’Opposition proposait d’augmenter les impôts pesant sur les koulaks, qui
continueraient donc à exister en tant que tels, de limiter leur exploitation du
travail salarié en fixant par décret la rémunération des ouvriers agricoles et
en protégeant leur travail par une réglementation. Difficile de voir là l’annonce
de la collectivisation, forcée et totale, des poules, des clous ou des bottes,
et de la liquidation des koulaks comme classe… Trotsky comparera plus tard la
collectivisation stalinienne à la tentative de créer un gros paquebot en liant
ensemble une flottille de petites barques, sans moteur ni vapeur. En avril 1930,
les dirigeants de l’Opposition en URSS dénoncent le « slogan de la
collectivisation intensive » comme « la plus grande absurdité
économique ».
    Le 7 avril 1930, le Bureau politique crée au sein
du Guépéou une Direction principale des camps rebaptisés « camps de
travaux correctifs » : le G lavnoe Ou pravlenie
Ispravitelno-Troudovykh Lag uerei, ou GOULAG. Le mot « camp de
concentration » disparaît au moment même où le système des camps prend une
extension considérable. Cette direction principale gère, au cours des deux
années suivantes, un flux considérable de main-d’œuvre. Iagoda organise, fin avril 1930,
un recrutement spécial de « cadres tchékistes volontaires », qui
bénéficient d’avantages matériels multiples destinés à réchauffer leur
enthousiasme dans la direction des camps nouvellement organisés en Sibérie,
dans le Nord, en Extrême-Orient, en Asie centrale. Le 31 juillet 1930,
le Guépéou, se plaignant d’un « déficit de main-d’œuvre pénale »,
réclame le transfert massif des détenus du NKVD sous sa juridiction. Staline
soutient cette demande. Mais les besoins du Kremlin ne s’arrêtent pas là.
    Le Bureau politique décide, en juin 1930, le creusement
du canal mer Blanche-Baltique. Ce Biélomorkanal

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