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Staline

Staline

Titel: Staline Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Marie,Jean-Jacques
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exclusion. Sans doute Staline les
considère-t-il comme des dirigeants usés, ramollis, encroûtés, et donc peu
fiables. Lors d’une réunion du groupe secret d’opposants qu’il constitue en octobre 1930,
avec Lominadzé, Syrtsov, membre suppléant du Bureau politique, informe ses
invités de l’existence de cet organisme clandestin. Ce Bureau politique bis se
réunit dans l’ancien appartement de la vieille militante communiste allemande
Clara Zetkin au Kremlin ; son noyau régulier est formé par Staline,
Molotov, Kaganovitch, Mikoian et Ordjonikidzé, auxquels s’ajoutent parfois
lakovlev et Postychev, étrangers au Bureau politique, dont la majorité des
membres (six titulaires sur dix – Vorochilov, Kouibychev, Kirov,
Roudzoutak, Kalinine et Rykov) ont été écartés ainsi que quatre des cinq
suppléants (Tchoubar, Petrovski, Andreiev et Syrtsov). Ce groupe est
statutairement illégal, mais sa permanence permettra à Staline d’espacer de plus
en plus, puis de supprimer quasiment, les réunions des instances vouées en
principe à la discussion collective : congrès, Comité central et même
Bureau politique. Il leur préférera d’un côté les réunions de commissions et de
groupes informels, de l’autre les cérémonies et les célébrations.
    Même dans ce petit clan, la langue de bois et le mensonge
officiel sont rois. Ainsi, dans une lettre rédigée fin août-début septembre 1930,
Staline écrit à Molotov : « La vague du mouvement kolkhozien monte et
croît [620] . »
Les deux hommes savent pourtant l’un et l’autre à quoi s’en tenir. Mais Staline
ne veut pas laisser à son interlocuteur, pourtant le fidèle Molotov, la
possibilité d’exploiter une lettre de lui dans laquelle il reconnaîtrait,
fût-ce à mots couverts, la réalité. Le langage de la propagande fournissant la
seule matière des rapports entre les bureaucrates les plus haut placés, les
prises de décision ne résultent pas d’une réelle discussion collective. L’omniprésence
du mensonge officiel est donc un ressort supplémentaire du pouvoir personnel.
    Quelques jours après la fin du congrès, le 13 juillet,
Staline part à Sotchi et fait quelques séjours aux eaux de Matsesta. Il prend à
nouveau quelques bains, attrape une angine. En août et septembre, il se repose
dans une villa désormais personnelle appelée Zenzinovka. Son médecin
Valedinski, qui l’observe chaque jour trois semaines durant, note : « Ses
déclarations se distinguaient toujours par leur caractère mûrement pesé, leur
netteté, leur vitalité pratique. » Il ajoute : « Staline s’intéressait
à l’avis de son interlocuteur et n’était satisfait que par une réponse claire [621] . » Le
médecin note un trait de comportement sans en saisir le fondement réel :
Staline s’intéresse à l’avis de son interlocuteur non pour en tenir compte,
mais pour le jauger.
    L’envie le prend alors d’apprendre l’anglais par lui-même.
Il est vrai qu’il ne s’amuse guère à Sotchi : il ne pratique aucun sport ;
il joue aux quilles, à une variante russe de ce jeu (les gorodki) et au
billard. Étant donné son peu d’aptitude pour les langues étrangères, il ne
désire pas ébruiter son désir un peu scolaire qui n’aboutira à rien. Aussi
attend-il que Nadejda soit rentrée à Moscou à la fin août pour lui demander un
manuel d’anglais. Elle lui répond, le 5 septembre, qu’elle l’a laissé à
Sotchi. Staline ne le trouve pas. Le 8, il insiste : il ne l’a toujours
pas trouvé, qu’elle cherche bien et le lui fasse parvenir. Le 12, elle s’excuse,
ses recherches ont été vaines, mais elle lui en envoie un autre exemplaire.
Connaissant l’irascibilité de son mari, elle ajoute : « Ne te fâche
pas, mais je n’ai pu le trouver nulle part. » Sa lettre s’achève par une
remarque inattendue : « Tu agis intelligemment en ne circulant pas, c’est,
sous tout rapport, risqué [622] . »
Elle ne se fait donc guère d’illusions sur son impopularité et sur les risques
qui en découlent. Nadejda se désole qu’il ne revienne à Moscou que fin octobre ;
il la rassure : « Bien entendu je ne reviendrai pas fin octobre, mais
bien plus tôt, à la mi-octobre […]. J’ai fait courir le bruit par l’intermédiaire
de Poskrebychev que je ne pourrai rentrer que fin octobre à des fins
conspiratrices [623] . »
Qui viseraient quelles personnes ? D’autres membres de la direction,
puisque seuls

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