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Staline

Staline

Titel: Staline Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Marie,Jean-Jacques
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par de nouveaux documents.
Selon la Pravda, il ne s’agit en rien d’une formalité
administrative ; le Parti continuera ainsi à être nettoyé « des
trotskystes, zinoviévistes, gardes blancs, filous et autres vermines », en
nombre sans cesse croissant. C’est, en trois ans, la troisième purge au sein d’un
parti soumis par Staline à une tension et à un harcèlement permanents. Ses
militants, constamment soupçonnés, contrôlés, vérifiés, sanctionnés, ne peuvent
plus émettre une opinion ni discuter sans craindre un rapport ou une
dénonciation.
    Staline et Iejov exigent des instances du Parti qu’elles
transmettent les dossiers des exclus au NKVD, qui en arrête la majorité. Selon
Iejov, la vérification des documents a permis au NKVD de découvrir en masse
policiers et espions, mais Iagoda n’a pas bronché. « Je l’ai signalé à
Staline qui a convoqué Iagoda et lui a demandé de s’occuper immédiatement de
ces affaires. Iagoda en était très mécontent, mais il a été obligé d’effectuer
les arrestations des individus sur lesquels nous lui fournissions des dossiers [764] . » Staline
a donc constitué au sein du NKVD son propre réseau, directement relié à son
secrétariat personnel ou Département secret pour préparer l’étape suivante ;
après avoir terrorisé la base du Parti par son appareil, il terrorisera et
épurera l’appareil par la police politique.
    L’assassinat de Kirov est ainsi le premier maillon de la
Grande Terreur qui va dévaster le monde politique soviétique. Evguenia
Guinzbourg l’a noté en un raccourci saisissant du Vertige : « L’année 1937
a commencé en vérité à la fin de 1934, très exactement le 1 er  décembre 1934 [765] . » Le
communiste yougoslave Vouyovitch déclare le jour même de l’assassinat : « C’est
le début de la fin. Ça va commencer par nous et ça continuera comme une
avalanche [766] . »
Il en sera l’une des innombrables victimes.
    Staline en profite pour accélérer la personnalisation du
pouvoir et sa concentration entre ses seules mains. Les réunions plénières du
Bureau politique se font de plus en plus rares : de 94 en 1931 on passe à
20 en 1935. Le déclenchement de la Grande Terreur les réduira à une rarissime
formalité : de 9 réunions en 1936, on passe à 2 en 1939 ! À la
place, Staline réunit des commissions qu’il compose à son gré, ou convoque dans
son bureau des réunions informelles, où il invite ceux dont il a besoin sur le
moment. Son bureau personnel devient le lieu central du pouvoir. Les décisions
prises sont, ou non, envoyées ensuite aux membres du Bureau politique, invités
à les contresigner.
    L’écrasante majorité des résolutions et décisions du Bureau
politique sont prises par consultation écrite ou téléphonique de ses membres,
qui tient lieu de débat, renforce l’arbitraire de Staline et transforme l’instance
suprême en chambre d’enregistrement. Pas de réunions, cela veut dire pas de
discussions collectives, pas d’occasions d’affirmer une position individuelle,
de faire pression pour défendre son secteur. Staline présente souvent ses
décisions personnelles comme des résolutions du Bureau politique, prises après
en avoir discuté avec un ou deux de ses membres et signées de l’un d’eux. Ses
relations avec ses vieux compagnons deviennent des rapports de maître à vassal,
même sur le plan privé. Maria Svanidzé perçoit cette modification lors du repas
d’anniversaire de Staline, le 21 décembre 1935. À son arrivée, tout
le monde est déjà installé : Vorochilov, Kaganovitch, Kossior, Postychev,
Beria, Molotov, Mikoian, Ordjonikidzé : « Joseph était en pleine
forme et tous les gens attablés étaient bruyants et joyeux, sauf Kaganovitch et
Mikoian qui devaient présenter un rapport au plénum du Comité central. Ils
étaient tous les deux pâles et pensifs, et tout le monde se moquait d’eux [767] . » Les deux
hommes craignaient les sarcasmes du patron.
    Un article de la Pravda a évoqué, à propos du meurtre
de Kirov, « la tourbe puante des trotskystes, des zinoviévistes et des
anciens princes ». Trotsky discerne un avertissement caché dans cet
amalgame de la tourbe et de la lie, « dirigé […] selon toute apparence
contre des tendances "libérales" au sein de la bureaucratie dirigeante ».
Il voit dans la campagne contre les trotskystes « le prélude à un coup
porté à des ennemis plus proches et plus

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