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Staline

Staline

Titel: Staline Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Marie,Jean-Jacques
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le procureur général de l’URSS Vychinski. Ordjonikidzé,
l’ami de Kirov, qui l’hébergeait lorsqu’il descendait à Moscou, veut se joindre
à eux. Staline l’écarte : « Avec ton cœur malade, tu ne peux pas y
aller [753] . »
Ce souci humanitaire est suspect. Staline craignait-il qu’Ordjonikidzé ne
flaire quelque chose de louche ?
    Le commando se rend dans la cellule de Nicolaiev. Staline
lui promet la vie sauve s’il dénonce ses complices par ailleurs inexistants.
Nicolaiev crie « Je me suis vengé ! Je me suis vengé ! »,
et refuse de répondre. Le commando s’éloigne. Nicolaiev ricane devant le
gardien : « Il m’a promis la vie si je dénonce mes complices. Mais je
n’ai pas de complices [754] . »
Staline convoque alors Borissov, qui trouvera la mort dans un étrange accident
de camion. Le 3 au matin, on lui amène une certaine Volkova, maîtresse d’un
agent du Guépéou, indicatrice et dénonciatrice fanatique, atteinte de
schizophrénie et tout juste sortie de l’hôpital psychiatrique. Elle informe
Staline d’un complot organisé par une mystérieuse organisation de la Lampe
verte, mais ces conspirateurs fantaisistes n’intéressent pas Staline. Il invite
plutôt Iejov et Kossarev à « chercher les assassins parmi les
zinoviévistes [755]  ».
Les responsables du NKVD de Leningrad et Iagoda manifestent leur scepticisme. « Ils
n’y croyaient pas », dira plus tard Iejov, qui ajoutera : « Le
camarade Staline a dû intervenir. Il a téléphoné à Iagoda et lui a dit :
"Faites attention ! On va vous casser la gueule [756] ." »
    Le 3 au soir, Staline écarte le NKVD de Leningrad de l’enquête,
confiée à Iejov, Agranov et Kossarev, chargés de faire avouer à Nicolaiev un
complot inexistant, repart à Moscou et fait fusiller 103 monarchistes
emprisonnés depuis longtemps et parfaitement étrangers au meurtre de Kirov. Les
funérailles de Kirov se déroulent le 5 décembre au soir à Moscou. Dans la
salle des Colonnes se dresse le cercueil cerclé de tissu rouge. Les chefs font
leur entrée vers onze heures du soir. Staline monte les degrés qui mènent au
cercueil, se penche sur Kirov, embrasse son front. L’assistance sanglote.
Chaque dirigeant imite Staline ; le petit et ventru Jdanov s’essouffle à
grimper les degrés avec majesté. Puis on cloue le cercueil que l’on emporte au
crématorium.
    Staline veut transformer le meurtre de Kirov en « complot »,
mais hésite un instant sur la piste à suivre. Le 6 décembre, il fabrique
un centre zinoviéviste-trotskyste de Leningrad et de Moscou, dont il établit
personnellement la liste des membres et dose soigneusement la composition. Le
NKVD arrête 13 « zinoviévistes », anciens dirigeants des
Jeunesses communistes de la ville, tous détenteurs, depuis la guerre civile, de
revolvers : cela suffit pour les inculper de terrorisme. Staline présente
d’abord Trotsky comme le commanditaire de l’assassinat, à travers un mystérieux
consul letton. Mais Trotsky est trop loin. Staline choisit de frapper Zinoviev
et Kamenev à portée de main.
    Réitérant sa promesse de vie sauve à Nicolaiev s’il nomme
tous ses « complices », Staline lui fait dénoncer les zinoviévistes
emprisonnés, le qualifie lui-même de zinoviéviste, fait avaliser cette
invention par les enquêteurs et concentre le feu sur les opposants mal
repentis, qui, lors des interrogatoires, ne mâchent pas leurs mots. L’un
déclare : « Staline mène la révolution prolétarienne à sa perte » ;
un autre renchérit : « En cas de guerre, la direction actuelle du
Parti ne fera pas face aux tâches à remplir et l’accession de Kamenev et
Zinoviev à la tête du pays est inévitable. » Donc, ils la préparent. Un
troisième accuse Staline de freiner l’activité du Comintern et « de
sacrifier les intérêts de la révolution mondiale à l’idée de la construction du
socialisme dans un seul pays [757]  ».
Pour Staline, tous ces zinoviévistes, qui ont officiellement capitulé, n’ont,
dans les faits, pas désarmé. Leur attribuer le meurtre de Kirov, c’est leur
rendre la monnaie de leur pièce.
    Zinoviev, arrêté le 16 décembre, s’effondre. Pendant la
perquisition, il rédige en hâte une lettre à Staline. « Je n’ai, écrit-il,
pas fait un pas, pas écrit une seule ligne, pas eu une seule pensée, que j’aurais
dû dissimuler au Parti, au Comité central, à Vous personnellement […]. Je

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