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Staline

Staline

Titel: Staline Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Marie,Jean-Jacques
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intimes du bonapartisme stalinien »,
la préparation « d’un nouveau coup d’État visant à la consolidation
juridique du pouvoir personnel […] une nouvelle étape, dont le meurtre de Kirov
n’a été qu’un sinistre présage [768]  ».
Staline concocte en effet un coup de force. Le même article de la Pravda dénonce l’infiltration dans l’appareil d’« ennemis farouches, qui agissent
sur l’ordre des services de renseignements étrangers et qui réussissent, à
cause de l’indolence, de la confiance obtuse, de la bienveillance opportuniste
des éléments anti-Parti ». Il faut donc l’épurer. Staline prépare sa purge
en se présentant sans cesse comme la cible d’anciens opposants organisés. Ce
terrorisme virtuel, dont l’assassinat de Kirov doit confirmer la réalité, lui
permet de déclencher la terreur d’État.
    Il frappe au cœur du Kremlin lui-même, dont il décime le
personnel. Dans la nuit du 20 janvier, le NKVD arrête une jeune femme de
ménage, Anna Avdeieva. Embarquée à la Loubianka, elle est interrogée par le
vice-président du NKVD lui-même, Agranov, qui revient de Leningrad où il a
bouclé l’« enquête » sur l’affaire Kirov. Une lettre a dénoncé les
bavardages « antisoviétiques » de femmes de ménage dans les toilettes
du Kremlin. L’une dit : « Le camarade Staline mange bien, mais
travaille peu. Les gens travaillent pour lui, c’est pour ça qu’il est si gros. »
Avdeieva affirme : « Staline a tué sa femme. » Une troisième
déclare : « Le camarade Staline touche beaucoup d’argent, il nous
trompe en disant qu’il touche 200 roubles [769] . » Le
secrétaire du Comité exécutif central, sis au Kremlin, Abel Enoukidzé, chargé d’assurer
la garde et la sécurité des habitants du Kremlin, n’a accordé aucune importance
à ces propos de femmes de ménage. Staline, averti, décide de s’en servir pour
fabriquer une affaire au long cours.
    Le NKVD embarque ensuite les sept femmes bibliothécaires du
Kremlin, ainsi que la téléphoniste. Le 14 février, Staline limoge
Peterson, le commandant du Kremlin, véritable chef de la garde armée, ancien
responsable de la garde de Trotsky, en poste depuis avril 1920, puis
expulse du Kremlin le Comité exécutif central et ses filiales qui recevaient
chaque jour de nombreux visiteurs. Le 27 février 1935, la
bibliothécaire Moukhanova, noble d’origine, affirme que sa voisine de bureau,
Nina Rosenfeld, l’ancienne femme du frère cadet de Léon Kamenev, Nicolas,
dessinateur, lui a déclaré : « Il faut tuer Staline. » Le dessinateur,
arrêté, craque vite et charge son aîné, dont, dit-il, « l’attitude hostile
à l’égard de Staline a contribué à la formation de ses opinions et intentions
contre-révolutionnaires et terroristes [770]  ».
Le 3 mars 1935, sur proposition de Staline, le Bureau politique
limoge le secrétaire du Comité exécutif central des soviets, Enoukidzé, son ami
de jeunesse, accusé d’avoir protégé ces prétendus terroristes et d’avoir été l’amant
d’une bonne partie des femmes employées au Kremlin, ce qu’il niera farouchement.
Staline présente ce limogeage d’un vieux bolchevik aimable, célibataire
endurci, quelque peu grisé par la belle vie, les danseuses, les automobiles, le
bon vin géorgien et le champagne, comme une épuration moralisatrice. Il joue au
chef sévère mais juste qui frappe le révolutionnaire parvenu en dépit des
sentiments personnels. Maria Svanidzé s’extasie dans son journal intime : « Après
le démantèlement du Comité exécutif central et le châtiment bien mérité d’Abel,
je crois fermement que nous allons vers un grand avenir lumineux : ce nid
de trahisons, d’actes arbitraires et de saletés légalisées me faisait peur.
Maintenant il fait plus clair, toute la saleté sera balayée [771] . » Cette
illusion lui vaudra la mort.
    Le 21 mars, le Bureau politique accuse, dans une
résolution, le personnel d’avoir répandu des « calomnies
contre-révolutionnaires contre les dirigeants du Parti et du gouvernement, et
en particulier le camarade Staline, afin de les discréditer ». L’enquête a
amené le NKVD à découvrir, au cœur du Kremlin, un ensemble de « groupes
contre-révolutionnaires » qui voulaient organiser des attentats « contre
les dirigeants du pouvoir soviétique et du Parti, et au premier chef contre le
camarade Staline [772]  »,
ainsi désigné comme la

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