Staline
globale du contrôle continu et de l’examen : 2,5. Il
doit le repasser. Il s’y refuse. Le 3 juin, dans une supplique désinvolte
au recteur du séminaire, il demande à en être dispensé pour raisons de
santé : « Étant donné qu’à la suite d’une maladie de poitrine dont je
souffre depuis si longtemps, et qui s’est aggravée pendant la période des
examens, j’ai besoin d’une prolongation de mon repos et de soins assez
pénibles, je vous demande très humblement de me dispenser de la nécessité de
repasser l’examen d’Écriture sainte et de me donner ainsi la possibilité de me
débarrasser de la maladie indiquée ci-dessus qui épuise si lentement mes forces
déjà depuis ma première année d’études [59] . »
La dispense de l’examen d’Écriture sainte le guérirait d’une maladie qui le
ronge depuis quatre ans. L’archimandrite l’accorde, malgré la grossièreté de l’argument.
Son avant-dernière année est marquée par une rupture lente
mais définitive avec le séminaire, dont il supporte de moins en moins la
discipline tatillonne. Le 17 septembre, avec cinq autres élèves de
cinquième classe, il arrive quelques minutes en retard au cours de liturgie.
Sanction : une demi-heure de cachot. Le 28 septembre, un inspecteur
remarque à la cantine un groupe de quatre élèves auxquels Djougachvili fait la
lecture. Malgré la tentative de Joseph de le dissimuler, l’inspecteur saisit le
cahier qui comporte des extraits d’« ouvrages non approuvés par la
direction du séminaire » et « des annotations sur les articles lus
par lui ». La perquisition dans les affaires des cinq coupables ne fait
rien découvrir d’interdit. La direction du séminaire débat pourtant du « cas
de Joseph Djougachvili [60] ».
Le 9 octobre, il ne se présente pas à la prière du matin. Sanction :
une heure de cachot. Le 11, il quitte l’église en compagnie d’un camarade
pendant la messe, malgré l’interdiction du prêtre. Sanction : deux heures
de cachot.
En cette année-là, un inspecteur rédige un long rapport
mensuel sur la conduite des 246 élèves du séminaire. Pour le mois de
septembre, sur 235 élèves notés, 202, soit près de 90 %, ont la note
maximale : 5. 4 obtiennent 3, et 2 la note 2. Pour octobre, sur 238 élèves
notés, 189 obtiennent 5, 8 ont 3 et un seul a 2. Djougachvili appartient au
mince groupe des mauvaises têtes qui ont régulièrement 3. En septembre, son 3
est justifié par « la lecture de livres non autorisés et sa protestation
contre les perquisitions effectuées chez quelques élèves [61] ». À la
mi-octobre, son « état maladif » lui vaut un petit congé chez sa mère
à Gori. Il en revient avec trois jours de retard. Punition : cinq heures
de cachot.
Loin de le calmer, les sanctions l’énervent. Deux jours plus
tard, il arrive en retard à la prière du soir où est chanté l’acathiste
(cantique en l’honneur du Christ et de la Sainte Vierge) ; il omet de
saluer un professeur qu’il croise dans la rue, rit à l’église pendant les
prières du soir. Il écope d’un blâme sévère en ces deux occasions. Le 10 novembre 1898,
il reçoit un 3 en conduite pour lecture de livres interdits et « très
mauvaise tenue à l’église [62] ».
En décembre, il reçoit de nouveau un 3 en conduite pour « comportement
grossier » à l’égard de l’inspection du séminaire. Au cours d’une
perquisition dans son casier, le surveillant découvre un cahier dans lequel il
a recopié des vers de Dobrolioubov, un fils de prêtre mort à 25 ans, l’année
de l’abolition du servage en Russie, véritable maître à penser des jeunes
révolutionnaires populistes, rendu célèbre par ses articles et ses vers
critiques. Koba râle. La sanction tombe aussitôt : au cachot [63] !
Quand passe-t-il du dégoût du séminaire et de son club de
discussion estudiantin à l’activité politique ? En 1931, répondant à Emil
Ludwig, il a avancé de quatre ans son engagement militant. « J’ai adhéré
au mouvement révolutionnaire dès l’âge de 15 ans, quand je suis entré en
rapport avec les groupes clandestins de marxistes russes qui vivaient alors en
Transcaucasie [64] . »
De nombreux révolutionnaires russes ont, en effet, commencé à militer dès l’âge
de 15 ans. Mais rien ne confirme chez Sosso une adhésion politique aussi
précoce, que dément par ailleurs son excellence scolaire d’alors. Il ne
franchit
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