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Staline

Staline

Titel: Staline Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Marie,Jean-Jacques
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L’année
suivante, le journal Kvali publie un autre poème signé Sozeli. Ces
poèmes chantent la beauté de la nature et de la patrie, les difficultés et les
espoirs du poète, sa vocation de barde, la lune, les fleurs, les oiseaux, les
souffrances du peuple et la tragédie du barde bienfaiteur du peuple ingrat. Le
Matin, édité en 1912, à Tiflis, dans un manuel de géorgien illustré de
dessins représentant une fleur, un pivert et un rossignol, puis réédité en 1948
à 10 100 exemplaires, chante « le vent [qui] sent la violette,
les herbes [qui] reluisent de rosée, l’éclat lumineux des roses. […]/ le chant
du rossignol qui partage/sa joie avec l’univers entier », pour conclure
sur un élan patriotique :
    Ô toi, ma Patrie, l’arc-en-ciel
    De ta beauté nous emplit de joie :
    Et chacun doit par son travail
    Combler de joie notre Patrie.
    La Lune entrelace plus habilement sentiment de la
nature et protestation sociale :
    Souviens-toi que l’opprimé, l’esclave toujours piétiné,
    Un jour se soulèvera plus haut que la montagne
    Sur les ailes de l’espérance.
    Cet optimisme se mêle à une vision romantique du poète,
prophète et persécuté parce que porteur de la vérité :
    La foule a tendu au persécuté une fiole de poison
    Et lui a crié : « Bois-la donc, hé maudit !
    C’est ton sort, la récompense de tes chansons.
    Ta vérité et tes sons célestes nous sont inutiles [54] . »
    Ces thèmes romantiques conventionnels ne trahissent aucune
révolte intérieure contre le régime du séminaire : Sosso ne manifeste
encore aucun signe de rébellion. Le règlement du séminaire interdisait aux
élèves de rien publier sous leur signature. I Dj-chvili, Sosselo et Sozeli
sont des pseudonymes transparents, mais ces vers sont suffisamment inoffensifs
pour que l’archimandrite Sérafime les ignore. Certains historiens en dénient la
paternité à Staline. Or, en 1948, Chelepine, secrétaire des komsomols,
demandera à Arseni Tarkovski de les traduire en russe pour le soixante-dixième
anniversaire du Guide, confirmant par là qu’il en est bien l’auteur. Mais sa
carrière poétique s’arrête là. Il n’évoquera jamais ces textes, qui ne seront
pas repris dans ses Œuvres complètes. La poésie n’aura été pour lui qu’un
dérivatif passager.
    Pendant cette deuxième année d’études, il collectionne
encore les bonnes notes : 5 sur 5 de moyenne en chant choral en
slavon comme en conduite, et 4 sur 5 dans toutes les autres
disciplines (Écriture sainte, langues anciennes, chant choral en géorgien,
histoire biblique, littérature, histoire profane, mathématiques et géorgien).
En mai 1896, il termine cinquième de sa section et passe dans la première
division de la troisième année. L’année suivante (1896-1897), le cahier de
discipline le mentionne pour des vétilles, bien étrangères à la révolte que la
légende anticipe. Le 20 septembre 1896, un surveillant le trouve dans
le dortoir après le déjeuner, ce qui est interdit. Joseph avoue être entré par
la fenêtre ; il est condamné à rester debout au réfectoire pendant le
repas. Trois jours plus tard, il fait partie d’un groupe d’élèves qui, après la
messe du matin, osent se tenir en classe casquette vissée sur la tête. Le bon
élève commence à rechigner.
    En même temps se développe chez lui une curiosité
intellectuelle qui l’emmène au-delà de l’univers borné des disciplines telles
qu’elles sont enseignées au séminaire. Le 30 novembre 1896, un
surveillant lui confisque un formulaire d’abonnement à la Bibliothèque bon
marché de la ville. Le livre qu’il y avait emprunté, Les Travailleurs de la
mer de Victor Hugo, vaut à Joseph un séjour prolongé au cachot. Il avait
déjà reçu un avertissement peu avant pour la lecture de Quatrevingt-Treize. L’exaltation de la Convention, le portrait épique du révolutionnaire incarné
dans la double figure du beau et généreux Gauvain et de son père spirituel, l’inflexible
et juste Cimourdain, ce prêtre qui hait la noblesse et le clergé, fascinent de
jeunes âmes dégoûtées du conformisme du séminaire et de l’Empire. Mais ces deux
héros, qui sacrifient leur vie à un idéal plus moral que politique, seront
totalement étrangers au Staline adulte. Iremachvili et lui s’enthousiasment
aussi pour les œuvres de Chota Roustavéli et s’enflamment sur le « sort
tragique » de la Géorgie. Cet éphémère

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