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Staline

Staline

Titel: Staline Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Marie,Jean-Jacques
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menait déjà le combat contre
le Comité central et ses décisions ». Plus grave encore, Lominadzé « comptait
qu’Ordjonikidzé n’informerait pas le Comité central sur son état d’esprit
anti-Parti et sur ses positions. Or, si le Comité central avait eu à cette
époque entre ses mains le texte de ces lettres, il n’aurait pas accepté d’envoyer
Lominadzé au Caucase [843]  ».
Donc Ordjonikidzé, en dissimulant des lettres anti-Parti, a porté un coup au
Parti. Cette accusation réduit Ordjonikidzé au silence au moment où Staline
lance sa première offensive contre Boukharine et Rykov.
    L’ordre du jour du Comité central comporte l’examen du texte
définitif de la Constitution de l’URSS, officiellement adoptée le lendemain, et
d’un rapport de Iejov à propos des « organisations antisoviétiques
trotskystes et droitières ».
    Le premier point est réglé en moins d’une heure. Quelques
participants proposent des amendements mineurs. Staline les rembarre sèchement
et ne soumet même pas leurs propositions au vote. Cette formalité réglée, on
passe aux choses sérieuses. Iejov, dans un rapport discuté avec Staline, décrit
une véritable situation de guerre civile : partout le NKVD a arrêté en
masse des « comploteurs trotskystes » (plus de 200 dans la région d’Azov-mer
Noire, 300 en Géorgie, 400 à Leningrad), tous dirigés par des cadres du Parti.
Le NKVD a découvert en outre un « centre de réserve » du « Centre
antisoviétique » démasqué lors du premier procès de Moscou, constitué par
Sokolnikov, Piatakov, Radek et Serebriakov, quatre des principaux accusés du
prochain grand procès public. Ce centre de réserve a déployé, depuis 1931, « une
intense activité de sabotage extrêmement nuisible pour notre économie ».
Iejov cite des témoignages d’accusés, de directeurs d’usines, avouant sabotages
et espionnage. Staline l’interrompt plusieurs fois. Les trotskystes, dit-il,
ont un programme qu’ils dissimulent au peuple : ils veulent restaurer la
propriété privée et ouvrir les portes au capitalisme étranger. Iejov affirme qu’ils
travaillent avec et pour l’Allemagne, Staline ajoute : avec et pour l’Angleterre,
la France, l’Amérique ! Iejov accuse Boukharine et Rykov d’avoir « été
au courant de tous les plans terroristes […] du bloc trotsko-zinoviéviste »,
mais de n’en avoir rien dit, et conclut : « Nous déracinerons cette
saleté trotsko-zinoviéviste et l’anéantirons physiquement [844] . »
    L’assistance est pétrifiée. Le procès-verbal ne mentionne
pratiquement aucun cri d’encouragement pendant la lecture du rapport de Iejov,
si l’on met à part les hurlements de Beria qui braille, à peu près à chaque
fois que Iejov prononce les noms de Boukharine et Rykov : « Quel
salaud ! Quelle canaille ! Quelle honte ! Les fumiers ! »
Boukharine répond qu’il n’a rien de commun « avec ces saboteurs, ces
parasites, ces canailles », et ajoute dans un élan fiévreux : « Je
ne dis pas que j’aimais Staline en 1928. Mais maintenant je l’affirme, je l’aime
de toute mon âme [845] . »
Staline a systématiquement nourri cette adoration d’esclave humilié et flatté à
la fois. Il savoure l’avilissement extasié de ce théoricien cultivé et
polyglotte, polémiste à la plume facile, « enfant chéri du Parti »,
intellectuellement supérieur à lui, mais moralement brisé.
    En dépit de cette déclaration d’amour, Staline passe à l’attaque :
« Boukharine jure de sa sincérité, exige qu’on lui fasse confiance. Eh
bien parlons-en ! » Tous les « saboteurs trotskystes » ont
eu aussi ces mots de sincérité et de confiance à la bouche, alors même qu’ils
sabotaient ! « Allez croire après ça à la sincérité des gens ! […]
on ne peut pas croire sur parole un seul ancien opposant. » Cette formule
annonce un élargissement de la purge en cours à tous ceux qui, un jour ou l’autre,
ont exprimé l’ombre d’un désaccord. Ils ont abusé de notre confiance, s’écrie
Staline. Ensuite il dénonce le suicide, forme particulièrement perverse et
hypocrite de sabotage : « Les anciens opposants […] se sont mis à se
suicider […] Ils se sont donné la mort, fulmine-t-il, pour brouiller les pistes
[…] déstabiliser le Parti, endormir sa vigilance, le tromper et le berner une
dernière fois […]. Voilà un des moyens les plus retors et les plus faciles

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