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Staline

Staline

Titel: Staline Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Marie,Jean-Jacques
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qui il
veut s’allier face au danger allemand. À cette fin, il leur montrera sa
capacité à canaliser le bouillonnement des masses et à leur imposer le respect
de la propriété privée, des banques, du Capital et de l’État. Au fond, il se
propose de jouer pour eux les compagnies d’assurances face au déferlement incontrôlé
des ouvriers et des paysans espagnols qui affole tant la City britannique. C’est
ainsi qu’en URSS même il réduit la campagne antifasciste aux slogans généraux d’une
rhétorique creuse et aux imprécations que diffusent la presse écrite et la
radio. Alors qu’il contrôle le cinéma soviétique, sur 171 films produits
de 1936 à 1938, 6 seulement traitent du fascisme. Les spectateurs soviétiques
pourraient, en effet, établir de fâcheux parallèles entre les deux partis
uniques, les deux dictatures, les deux polices politiques, les deux systèmes de
camps, de propagande et de terreur en Allemagne et en URSS. Staline s’opposera
un peu plus tard à la diffusion du Dictateur de Chaplin sur les écrans
soviétiques.
    À l’abri de ce tapage antifasciste, Staline continue à
sonder Hitler. Souritz rencontre Hermann Gôring le 14 décembre 1936.
Deux semaines plus tard, Kandelaki est reçu par le ministre allemand de l’Économie,
Schacht, qui lui déclare : Moscou doit d’abord « se retirer non
seulement d’Espagne, mais aussi de France [Front populaire] et de
Tchécoslovaquie "et abandonner" sa politique d’encerclement de l’Allemagne
par un anneau d’États à demi soviétisés [837]  ».
Kandelaki part à Moscou rendre compte et, le 8 janvier 1937, Staline
lui dicte une réponse orale : Moscou, dit-il, n’a jamais renoncé à faire
aboutir des négociations politiques avec le gouvernement allemand, et a déjà
fait des propositions. Kandelaki doit souligner que l’URSS « ne se refuse
pas à des négociations directes » et, si Berlin le désire, est d’accord
pour qu’elles restent secrètes [838] .
Le 12 janvier 1937, Souritz rencontre Schacht qui lui parle du
Comintern et insiste sur le retrait de l’URSS hors d’Espagne. Il enfonce le
même clou lors de sa rencontre avec Kandelaki, le 29 janvier 1937. À
Moscou, on attend avec impatience la poursuite des contacts. Le 23 février,
Kandelaki rencontre le frère cadet de Goering. Mais le 21 mars, Schacht
avertit Souritz qu’il ne voit pour le moment « aucune perspective de
changement dans leurs relations [839]  ».
C’est l’échec ; Kandelaki est rappelé à Moscou, nommé vice-commissaire du
peuple au Commerce extérieur, puis arrêté et fusillé. Une semaine après lui,
Souritz est rappelé à Moscou. Staline ne pardonne pas l’échec et veut en
effacer la trace. Litvinov invite les ambassades soviétiques de Paris et de
Prague à mettre à profit cette double révocation pour démontrer la fausseté des
bruits sur un rapprochement entre Moscou et Berlin. Afin d’exercer un chantage
sur Chamberlain, à qui il veut faire accepter ses plans de conquête en Europe
centrale, Hitler lui a suggéré qu’il pouvait tout aussi bien s’entendre avec
Staline au lieu de lui faire demain la guerre, comme Londres l’espère. C’est
une répétition générale des grandes manœuvres de l’immédiat avant-guerre.
    Staline applique sa politique « espagnole » en
Chine. Il prône ainsi l’alliance entre les communistes chinois et le
Kouomintang de Tchang Kai-shek, c’est-à-dire la subordination des premiers au
second, contre les Japonais. La direction du PC chinois, dont Van Min est l’agent
direct de Staline, accepte. Aussi le Secrétaire général entre-t-il en fureur
quand il apprend, le 14 décembre 1936, que, deux jours plus tôt, un
général proche des communistes chinois, Tchang Hsueh-liang, a arrêté Tchang
Kai-shek à Sian ! Fou de rage, il appelle Dimitrov au téléphone, lui
demande s’il a donné son accord et hurle : « C’est le plus grand
service que l’on puisse rendre au Japon. […] Que fait Van Min près de vous ?
Est-ce un provocateur ? Il a demandé qu’on envoie un télégramme pour qu’on
tue Tchang Kai-shek [840]  »,
ce qui est faux. Dimitrov bafouille qu’il n’est pas au courant, puis condamne
par télégramme l’arrestation de Tchang Kai-shek qu’il qualifie de menée
favorable à l’agression japonaise et nuisible à l’unité du peuple chinois.
    C’est une manœuvre à la fois internationale et intérieure
que tente Staline en

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