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Staline

Staline

Titel: Staline Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Marie,Jean-Jacques
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l’action. Le début du siècle est, en effet, marqué par
une violente crise économique : la contraction brutale du marché mondial
et la chute des exportations frappent de plein fouet l’industrie russe dont les
carnets de commandes se vident et, malgré la générosité des bailleurs de fonds
français, les capitaux se raréfient. La croissance de l’industrie, protégée par
des droits de douane élevés, liée aux commandes massives du gouvernement et aux
investissements volatils du capital étranger, se heurte à l’exiguïté d’un
marché intérieur où les paysans consomment peu ou pas du tout : la misère
populaire menace l’équilibre de l’économie.
    Entre 1900 et 1903, la métallurgie licencie le tiers de sa
main-d’œuvre : 3 000 entreprises ferment leurs portes. Le
rendement des céréales diminue au cours de ces années, mais les exportations s’accroissent.
La peur ancestrale de la famine hante les révoltes paysannes (près de 150 saisies
de terres et incendies de manoirs seigneuriaux se produisent de 1901 à 1903).
En 1901, un propriétaire de Voronèje écrit à un ami : « L’air est
lourd de reflets inquiétants : tous les jours flamboient à l’horizon des
reflets d’incendies ; une brume sanglante court au ras du sol ; il
est devenu difficile de respirer, comme avant un orage. Le moujik est maussade
et silencieux, et s’il ouvre la bouche, il vous donne la chair de poule [86] . »
    Les licenciements pleuvent, des grèves éclatent, des
organisations clandestines se forment, dont le siège est souvent à l’étranger.
Le 11 décembre 1900, Lénine, Martov, Plekhanov publient à Leipzig le
premier numéro de L’Iskra ; en 1901, les héritiers du populisme
fondent une Union des socialistes révolutionnaires puis, en 1902, le Parti
socialiste-révolutionnaire (SR) qui prône la terreur pour abattre le tsarisme,
donner la terre aux paysans et « accéder au royaume socialiste du travail
et de la solidarité ». En février 1901, un étudiant abat le ministre
de l’Éducation Bogolepov ; en avril 1902 un autre tue le ministre de
l’Intérieur, Sipiaguine.
    Koba s’engage dans le militantisme au moment même où se
constitue à Tiflis un comité social-démocrate qui imprime et diffuse des tracts
parmi les ouvriers, crée des cercles illégaux et en coordonne l’activité. Il y
entre bientôt. Les membres du « comité », mot neuf du vocabulaire
politique, sont des jeunes gens enthousiastes, grisés par l’espoir de renverser
le tsarisme, convaincus de tomber bientôt entre les mains de la gendarmerie et
de connaître la prison et l’exil. Leur existence clandestine trépidante renvoie
tout projet d’avenir individuel à des lendemains indéterminés.
    Comme les autres, Koba distribue clandestinement des tracts
polycopiés, réunit quelques travailleurs, anime un ou deux cercles d’adhérents
ou de sympathisants, prépare le 1 er  Mai clandestin, puis, dès janvier 1901,
fait circuler les numéros de L’Iskra, qui arrivent à Batoum. Il accable
de violentes critiques le fondateur et dirigeant de la social-démocratie à
Tiflis, l’ancien séminariste exclu, Sylvestre Djibladzé, qu’il juge trop
modéré. Mais les éditeurs de ses Œuvres complètes affirmeront que les
textes qu’il est censé avoir écrits alors sont introuvables.
    Le 21 avril 1900 est son premier grand jour :
la manifestation du 1 er  Mai, dite maievka (célébrée plus
tôt en Russie à cause du retard du calendrier julien sur le calendrier
grégorien occidental), interdite et clandestine, a été préparée avec soin. Les
manifestants se dirigent dès l’aube par petits groupes de deux ou trois vers le
lac salé à douze kilomètres de la ville ; en chemin, des piquets leur
demandent le mot de passe. Près de 500 manifestants convergent vers le lac
au moment où le soleil se lève à l’horizon. Un immense drapeau rouge orné des
portraits de Marx et d’Engels se déploie au-dessus de leurs têtes ; les
manifestants entonnent alors une vibrante Marseillaise, puis écoutent en
silence les quatre orateurs, dont la silhouette se détache sur le soleil
levant. Koba est l’un des quatre. En 1898, la première maievka avait rassemblé
13 manifestants hors de la ville, celle de 1899 en avait réuni 67 qui
avaient jeté leur drapeau rouge et détalé à la vue d’un berger à cheval qu’ils avaient
pris pour un gendarme. Celle de 1900 inaugure une ère nouvelle.
    Ce

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