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Staline

Staline

Titel: Staline Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Marie,Jean-Jacques
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fantaisistes
ne mériterait qu’un silence poli si cette version d’un Staline agent de l’Okhrana
ne réapparaissait à intervalles réguliers, assortie de faux, comme cette
prétendue lettre du colonel de l’Okhrana Eremine du 12 juillet 1913,
publiée dans le magazine américain Life du 14 mai 1956, et
qui, malgré ses signes manifestes de trucage, renaît régulièrement de ses
cendres. La légende se nourrit toujours des mêmes fantasmes, des mêmes faux,
des mêmes rumeurs et confidences douteuses, et des soupçons favorisés par l’attitude
de Staline lui-même, homme de l’ombre et des coulisses. L’infiltration
policière dans le mouvement révolutionnaire était certes grande ; sept
années durant, l’Okhrana plaça à la tête de la section terroriste du parti
socialiste-révolutionnaire son agent Yevno Azef, qui, pour jouer le jeu, envoya
dans l’autre monde plusieurs ministres du tsar, dont deux ministres de l’Intérieur
et le grand-duc Serge, oncle du tsar ; l’agent provocateur Roman
Malinovski entra au Comité central du parti bolchevik en 1912 et fut député
bolchevik à la Douma de 1912 à 1914. De 1903 à 1917, l’Okhrana infiltra 2 070 agents
chez les bolcheviks et les sociaux-démocrates de Pologne, de Lituanie et de
Lettonie. Mais cette réalité ne prouve pas que Staline en était un, ni que c’est
afin d’exorciser ce passé d’homme à double face qu’il s’est acharné plus tard à
« démasquer » une cohorte constamment renouvelée d’« ennemis du
peuple » déguisés.
    Peu après son départ du séminaire, Joseph rentre à Gori chez
sa mère et cherche à donner des leçons particulières. Il est quelques mois
durant le précepteur du fils d’un riche commerçant arménien, Simon
Ter-Petrossian, galopin voleur de pommes, fainéant et rebelle aux études, admis
à l’automne 1897 par relations au séminaire de Tiflis où il a rencontré un
Joseph Djougachvili alors en pleine rébellion contre l’institution. Il s’y est
fait remarquer par des propos provocateurs que les moines ont pris un temps
pour de la niaiserie avant de l’exclure pour offense à la religion. Son pingre
père engage donc à bas prix son camarade de séminaire, Koba, comme précepteur,
mais s’aperçoit vite que les leçons centrées sur la lutte des classes et le
renversement du tsarisme ont peu de rapport avec les programmes scolaires. Il
renvoie Koba, mais Simon, gagné à la cause révolutionnaire, quitte la famille
et s’engage corps et âme dans la clandestinité. Sous de multiples déguisements,
il sera colporteur de tracts et de journaux, organisateur de manifestations,
pourchasseur de mouchards, poseur de bombes, détrousseur de banques, agent de
liaison, transporteur d’armes, simulateur. Il doit son surnom à une raillerie
de Koba à qui il demandait un jour « à qui (kamou) porter » un
paquet de tracts. Par ignorance ou maladresse, il transforma le « kamou »
en « kamo ». Koba ricana : « Kamo ! Kamo ! Tu es
un drôle de Kamo, toi ! »
    Koba, privé d’élève et de leçons particulières, revient à
Tiflis. Le 28 décembre 1899, le cercle social-démocrate le fait
entrer à l’Observatoire de géophysique de la ville. Logé dans une petite
chambre au dernier étage de l’immeuble, il y travaille pour un salaire
dérisoire jusqu’à la fin de mars 1901. Le bulletin mensuel de l’Observatoire,
dès janvier 1900, contient le relevé de ses observations nocturnes. Ses
obligations professionnelles lui laissent beaucoup de temps libre pour ses
activités militantes. Sa tenue est celle du jeune révolutionnaire de l’époque :
une blouse d’ouvrier, souvent sale, agrémentée d’une cravate rouge, des
chaussures boueuses ou poussiéreuses, une casquette rejetée en arrière, bas sur
la nuque. La négligence vestimentaire, le détachement, le sacrifice de sa vie
personnelle caractérisent le jeune révolutionnaire russe. Joseph avait renoncé
à la prêtrise ; le service de l’État lui répugnait. Il ne lui restait que
l’action clandestine.
    Quelques dizaines de cercles sociaux-démocrates vivotent
dans la ville. Organisant des conférences et des discussions qu’une police
préoccupée par les nationalistes juge inoffensives, ils bénéficient d’une
relative tranquillité jusqu’à la troisième grève des cheminots, en août 1900.
Le mouvement ouvrier en Russie sort alors des limbes de la propagande pour
entrer dans l’univers de

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