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Staline

Staline

Titel: Staline Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Marie,Jean-Jacques
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beaux parleurs, il oppose très tôt le
praticien qu’il se glorifie d’être. L’intellectuel est pour lui un
illusionniste et un brasseur de vent.
    Enfin, le cérémonial religieux accepté, subi, puis rejeté a
laissé sur lui une empreinte profonde. L’Église orthodoxe accorde une
importance extrême au cérémonial et au rite. Staline en perpétuera la
tradition. Il prononcera sur le cercueil de Lénine un long serment religieux,
et dès qu’il en sera le maître organisateur, il transformera les congrès en
cérémonies et les manifestations en parades.

CHAPITRE III
L’aube du grand jour…
    Koba entre dans le mouvement ouvrier géorgien au moment où
celui-ci prend forme. La Géorgie s’industrialise modestement à la fin des
années 1860, après l’abolition du servage. En 1883, à l’achèvement de la
construction de la ligne de chemin de fer Tiflis-Bakou (capitale de l’Azerbaïdjan,
où l’extraction du pétrole se développe depuis dix ans), Tiflis devient un gros
nœud ferroviaire comportant un important atelier de réparations, la plus grosse
concentration ouvrière de la capitale.
    Fin 1892, un cheminot, ancien auditeur d’un cercle d’études
marxistes fondé trois ans plus tôt par des séminaristes, crée un cercle d’études
et de lectures regroupant une dizaine d’ouvriers du dépôt de chemin de fer de
Tiflis, dont l’ajusteur Serguei Alliluiev, futur beau-père de Staline, et l’ouvrier
itinérant Alexis Pechkov, futur Gorki. En août 1896, les ouvriers des
ateliers du dépôt de chemin de fer débraient pour réclamer une amélioration de
leurs conditions de travail. La direction, stupéfaite, cède. Cette même année,
des cercles sociaux-démocrates se forment dans la ville qui, sur 150 000 habitants,
comporte près de 25 000 travailleurs manuels. En 1897 paraît la
première édition en géorgien du Manifeste du parti communiste. En
décembre de l’année suivante, les cheminots de Tiflis déclenchent une seconde
grève. Les cosaques chargent les manifestants, en arrêtent vingt et un, mais ne
peuvent étouffer le mouvement qui reprend. La gendarmerie s’inquiète : « Cette
grève n’a pas été spontanée. Les grévistes ont agi conformément à un plan et
selon des directives émanant d’une organisation intérieure. » Koba
participe au cercle clandestin des cheminots sociaux-démocrates. Lors d’une
discussion sur la grève, il leur lance : « Battez-vous [83]  ! ». Ce
conseil lapidaire mais ambigu est-il une invitation à continuer la grève ou à
en venir aux mains avec les cosaques ? Aux militants d’interpréter.
Staline adulte jouera systématiquement de cette ambiguïté qui fait peser sur l’exécutant
la responsabilité du choix.
    Les débuts de Koba dans le mouvement révolutionnaire
géorgien ont fait l’objet de légendes héroïques ou policières. L’Américain
Edward Ellis Smith, agent de la CIA reconverti dans l’histoire, prétend que dès
l’âge de 20 ans Koba a été un agent de la police. Son expulsion du
séminaire aurait attiré l’attention de l’Okhrana sur ce jeune homme sans
métier, encombré d’une mère indigente, « affamé, aigri, solitaire, sans
argent, sans emploi et sans amis », comme beaucoup de jeunes déclassés
sans avenir issus des universités et des écoles religieuses. « Dans ces
conditions, écrit Smith, il est permis de supposer qu’en juin ou juillet 1899
un officier de la gendarmerie de Tiflis ait pu offrir à Sosso de servir la
police au sein du mouvement social-démocrate [84] . »
Ces suppositions deviennent certitude sans aucun fait à l’appui : « Il
est probable que ses articles étaient rédigés au quartier général de la police. »
D’ailleurs, « seule l’Okhrana […] dont l’un des vieux stratagèmes
consistait à financer les journaux révolutionnaires […] pouvait fournir les
fonds nécessaires à l’installation d’une imprimerie clandestine. » Ses
actes ultérieurs s’expliqueraient par cette appartenance prétendue à une police
politique vraiment très complaisante avec les mouvements révolutionnaires et
qui « sans doute l’incita également à faire partie du comité de grève [85] . » Si l’on
ignore ce qu’il a fait d’août 1900 à mars 1901, c’est qu’il a
consacré ces sept mois à servir la police, sans que l’on sache en quoi ni
comment… C’est l’agent fantôme.
    Cet amas de probabilités imaginaires et d’hypothèses

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