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Staline

Staline

Titel: Staline Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Marie,Jean-Jacques
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succès exalte les sociaux-démocrates de la ville, que la
police laisse encore en paix quelques semaines. Le 1 er  août 1900,
les cheminots de Tiflis, las des heures supplémentaires systématiquement
imposées en fin de journée et payées au tarif des heures normales, débraient.
La direction menace de les licencier et appelle la police à la rescousse :
celle-ci arrête plusieurs centaines de grévistes qu’elle entasse ensuite dans
la prison de la ville. La grève paralyse le dépôt quinze jours durant. Les
sociaux-démocrates distribuent et collent des tracts de soutien à celle-ci,
tandis que Koba et les autres « comitards » réunissent des cercles d’ouvriers.
Le travail reprend le 15 août. La revendication n’a pas été satisfaite,
mais les cheminots tirent de leur première grève le sentiment de leur force.
    La police juge les sociaux-démocrates responsables des
troubles. Le 22 mars 1901, elle arrête leurs principaux dirigeants et
perquisitionne la chambre de Koba, qui, par bonheur pour lui, est à l’Observatoire.
Ne le jugeant pas très important, elle ne reviendra pas. Mais lui préfère s’éclipser.
Il attend paisiblement la fin du mois pour percevoir son salaire et, le 28 mars,
quitte l’Observatoire. Il commence alors son existence de révolutionnaire
professionnel clandestin. Il devient un agent itinérant de la
social-démocratie, puis, fin 1904, de sa fraction bolchevique. Il change
dès lors aussi souvent de logement que de pseudonymes : Bessochvili, David,
Nijeradzé, Tchijikov, Ivanovitch, Kato, Melikhiants, Vassiliev, Saline,
Stepine, Soline. La police attache bientôt un mouchard à ses basques. Un
rapport le décrit « constamment sur ses gardes, se retournant tout le
temps lorsqu’il marche dans la rue [87]  ».
Attitude typique du clandestin débutant…
    Que sont alors ses moyens d’existence ? Koba n’est pas
dans la même situation que Lénine, qui vivait modestement mais paisiblement des
revenus de l’héritage paternel géré par sa mère. Trotsky, de son côté, vivait
plus chichement de sa plume (la presse social-démocrate payait des honoraires
aux auteurs d’articles) et des subsides de son père, comme Zinoviev et Kamenev.
Koba, lui, ne peut pas compter sur Kéké et ses dix roubles mensuels. Il vivote
au jour le jour, donne des leçons, se fait héberger par des camarades et des
amis, ou loue une chambre dans un faubourg pour deux ou trois roubles par mois
et déménage à la cloche de bois. En prison, l’État le loge et le nourrit, et en
exil, lui verse une petite allocation mensuelle de quelques roubles pour
subvenir à ses maigres besoins. Une fois devenu un de ses cadres, il est
partiellement défrayé par le Parti, qui obtient de l’argent des milieux
hostiles à l’absolutisme – intelligentsia démocratique, industriels comme
Savva Morozov, célèbre patron du textile, écrivains révolutionnaires comme
Maxime Gorki, qui lui verse une partie de ses droits d’auteur. Enfin, les
divisions n’empêchent pas la solidarité entre « socialistes ».
Lorsque Koba, sans un kopeck, quitte Batoum en 1904, deux mencheviks lui paient
son billet de train. Plus tard, Staline enverra au Goulag l’un d’eux, Gogoua.
La reconnaissance ne sera jamais sa qualité première.
    Staline n’est pas le seul militant clandestin sans revenus
fixes. Mais à la différence de beaucoup d’autres, il n’évoquera jamais la façon
dont il a réglé la question. Beaucoup s’embauchent en usine, changeant d’entreprise
et de ville après chaque arrestation, chaque exil. Ils en tireront gloire au
lendemain de 1917. Staline, qui répugnait au travail manuel, ne pourra se
targuer d’une telle immersion dans le prolétariat. Évoquer les leçons
particulières, les petites combines et la solidarité des autres n’a rien de
grandiose. Il préférera donc se taire sur ce point.
    Un mois après son entrée dans la clandestinité, le 22 avril 1901,
près de 3 000 ouvriers défilent dans Tiflis et se heurtent aux
cosaques chargés de dissoudre la manifestation. Koba, sa cravate rouge en
travers de sa blouse noire râpée, en est l’un des meneurs. La veille, il a conseillé
à ses camarades d’endosser des vêtements d’hiver épais pour atténuer les coups
de fouet ou de plat de sabre des cosaques. Il montre encore une fois que l’aspect
pratique des choses l’intéresse plus que la théorie. Repéré par la police, il s’échappe
et s’enfuit à

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