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Staline

Staline

Titel: Staline Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Marie,Jean-Jacques
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quatre ans 88 000 chars (contre 23 500 pour les
Allemands) et 106 000 véhicules blindés (contre 41 000 pour les
Allemands). C’est là que la victoire s’est construite, pas dans les camps.

CHAPITRE XXXI
Une restauration manquée
    Au lendemain de la guerre, la Russie d’Europe est en ruine
et l’URSS exsangue. Le chef du ministère de la Planification (le Gosplan),
Voznessenski, dresse un bilan accablant des destructions de la guerre : 1 710 villes
et gros bourgs, 70 000 villages, 32 000 usines et
fabriques, 65 000 kilomètres de voies ferrées, près de 100 000 sovkhozes
et kolkhozes (sur un peu plus de 250 000) ont été détruits. Il n’indique
pas les pertes en hommes. Mais si la guerre a ruiné l’économie de l’URSS, elle
a au contraire donné un coup de fouet à l’économie américaine. Les États-Unis
sortent de la guerre comme première puissance mondiale.
    Staline, en 1946, avance le chiffre – longtemps vérité
officielle – de 7 500 000 morts, victimes de la guerre. Il
oublie délibérément les prisonniers de guerre morts dans les camps où les
Soviétiques, traités comme des sous-hommes, ont subi de lourdes pertes, ainsi
que les dizaines de milliers de soldats fusillés comme déserteurs, paniquards
ou traîtres à la patrie, sans compter les millions de civils, toutes gens qui
ne comptent pas pour lui. Khrouchtchev lança le chiffre de 20 millions,
que les historiens russes ont, sous Gorbatchev, corrigé en 27 millions. Le
sceau du secret est rompu, publié en 1993, donne celui de 30 995 305 morts
et disparus de 1941 à 1945.
    Vingt-cinq millions d’hommes et de femmes logent dans des
ruines ou bien dans des zemlianki ou bien encore dans des gourbis, sous
des tentes, et reconstruisent leurs logis de leurs mains avec un matériel de
fortune. La campagne et même la ville russes en sont encore largement à l’ère
du travail manuel. La pioche, la pelle et la bêche tiennent presque partout
lieu de machines.
    D’un autre côté, la victoire sur l’Allemagne nazie donne à l’Union
soviétique un poids international, que renforce le contrôle des partis
communistes dans des pays affaiblis ou disloqués par la guerre. L’apport
décisif de l’URSS à cette victoire pousse dans le monde des dizaines de
millions d’ouvriers, de petits paysans, d’intellectuels, vers les partis
communistes, qui dans plusieurs pays européens organisent la majorité de la
population laborieuse. Ces partis, contrôlés et financés par Moscou, sont des
instruments de sa diplomatie ; ils se heurtent, dans plusieurs pays
européens, à un mouvement profond, né de l’effondrement de l’État, et qui veut
transmuer la libération nationale en émancipation sociale. Ainsi, en France, le
journal des Francs-tireurs et Partisans, pourtant contrôlé par le PCF, proclame
en première page de son numéro 4 d’août 1945 : « À bas l’union
sacrée avec la bourgeoisie ! Contrôle ouvrier de la production ! Vive
la lutte des peuples coloniaux pour leur émancipation ! À bas le
gouvernement bourgeois, larbin des trusts ! Vive le gouvernement ouvrier
et paysan [1285]  ! »
    Staline veut canaliser ce mouvement dans tous les pays,
surtout en Europe centrale, où la présence de l’Armée rouge lui donne des
moyens d’intervention puissants. Ainsi, le 12 avril, il sermonne Dimitrov,
qui, de Moscou, dirige les affaires de la Bulgarie, et critique la « suffisance »
des communistes bulgares, c’est-à-dire leur hâte à s’emparer du pouvoir. Au nom
de la reconstruction d’une France forte, Thorez, chapitré par Staline, enrichit
le marxisme en déclarant, en mai 1945, face à des mouvements de
protestation chez les mineurs : « La grève est un scandale, une honte [1286] . » Le 10 juillet,
Staline informe Dimitrov de son hostilité à l’éviction de Petkov et des
agrariens du gouvernement, parce que cela serait considérée comme un signe de
sectarisme des communistes. Il ne s’agit pas d’un geste en direction des
Alliés, qui ont fait une croix sur la Bulgarie, mais d’une politique délibérée
tournée vers la reconstruction de l’État. Pour la même raison, Staline s’oppose
longtemps au retour en Bulgarie de Dimitrov, dont le nom symbolise l’Internationale
communiste dissoute et suggérerait donc la volonté d’y instaurer un système « communiste ».
Le 7 août, Molotov informe Dimitrov que Staline et lui sont hostiles à sa
candidature à

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