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Staline

Staline

Titel: Staline Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Marie,Jean-Jacques
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présence de l’URSS.
Cette décision met Staline en colère : « C’est le peuple soviétique
qui a porté sur ses épaules le plus lourd fardeau de la guerre, et la
capitulation doit donc être signée devant le commandement suprême de tous les
pays de la coalition antihitlérienne [1280] . »
Une nouvelle signature avec l’état-major soviétique se déroulera à Berlin le 9 mai.
    Le 11 mai, Staline, soucieux du front intérieur, signe
avec le chef d’état-major Antonov une directive adressée aux dirigeants du NKVD
et du NKGB (Beria, Merkoulov, Abakoumov), à Khrouchtchev et à deux autres
dirigeants, créant 100 camps de 10 000 places, pour « organiser
l’accueil et le regroupement des Soviétiques anciens prisonniers de guerre,
militaires et civils, libérés par les Alliés sur le territoire de l’Allemagne
occidentale [1281]  ».
La directive planifie soigneusement la répartition de ces camps : 45 sur
les deux fronts de Biélorussie, 55 sur les quatre fronts ukrainiens, pour
assurer le contrôle des ex-prisonniers militaires soviétiques et des civils
libérés. Pour souligner l’importance qu’il accorde à la répression, il promeut,
le 7 juillet, au grade de colonel général les sept principaux dirigeants
du NKVD et du NKGB, Abakoumov, Goglidzé, Pavlov, et les organisateurs de la
déportation des peuples du Caucase, Krouglov, Serov, Koboulov et Tchernychov.
    Quelques jours plus tard, Staline convoque Joukov, en
présence de Molotov et de Vorochilov. Les Alliés, dit-il, maintiennent les
troupes allemandes qu’ils ont capturées en état de combattre : « Je
pense que les Anglais s’efforceront de conserver les armées allemandes pour
pouvoir les utiliser plus tard […]. Et maintenant, après la mort de Roosevelt,
Churchill va vite s’entendre avec Truman [1282] . »
Hopkins, en visite à Moscou fin mai, confie à Joukov : « Je respecte
le vieux, mais c’est un homme difficile. Seul Franklin Roosevelt pouvait
facilement discuter avec lui [1283] . »
    Deux historiens russes se sont interrogés : est-ce le
Goulag qui a fait gagner la guerre à l’URSS ? Pendant les quatre ans de la
guerre, le Goulag a mis au total 975 000 détenus et 93 000 gardes
à la disposition de l’Armée rouge, affecté plus de 1 900 000 déportés
et 400 000 prisonniers de guerre à la construction de lignes de
chemin de fer, d’aérodromes et de routes, à la coupe de bois, dans les
chantiers, mines et usines métallurgiques, aux travaux de fortification et de
défense des frontières. Le Goulag a, de 1941 à 1945, produit des millions de
cartouches, de grenades et explosifs divers, de mines défensives, d’emballages
spéciaux pour munitions, de tissus, d’uniformes, et 100 000 bombes.
Mais il n’a fabriqué ni tanks, ni avions, ni automitrailleuses, ni canons, ni
navires de guerre. Après l’occupation du Donetz par les armées allemandes en
1942, les mines de Vorkouta ont été, dix-huit mois durant, le premier
fournisseur de charbon de l’URSS [1284] .
Mais il s’agit d’un cas exceptionnel. La population du Goulag, comportant un
nombre croissant de femmes et de déportés âgés, ne peut pas être mobilisée avec
autant d’efficacité que les travailleurs libres. Les femmes, qui en formaient 7 %
en décembre 1940, en représentent 26 % en juillet 1944.
Employées en masse dans les usines, elles tombent au moindre prétexte sous le
coup de la loi d’août 1940 et sont expédiées au Goulag. Les déportés les
plus jeunes et les plus robustes ont été envoyés au front. Sous la coupe d’une
administration qui écrème pour elle-même les rations prévues pour les détenus,
ces derniers meurent littéralement de faim, et ne survivent qu’en ramassant des
ordures et mangeant des racines. La mortalité connaît une progression
foudroyante. Plus de la moitié des détenus sont, officiellement, soit inaptes
au travail (25 % en 1942), soit aptes seulement à un travail léger (38,3 %
en 1942) ! On imagine aisément ce qu’ils peuvent produire.
    L’apport du Goulag, bien que réel, est donc secondaire. Ce n’est
pas le Goulag qui a fait gagner la guerre à l’URSS, c’est son industrie d’État,
sa planification et ses soldats. Malgré son développement chaotique et
désordonné, malgré la pénurie, la médiocre qualité de nombre de ses produits et
les écarts d’une branche à l’autre, l’industrie soviétique a permis à l’URSS de
construire en

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