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Staline

Staline

Titel: Staline Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Marie,Jean-Jacques
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la députation en Bulgarie puisqu’il est citoyen soviétique et
député au Soviet suprême de l’URSS. Dimitrov veut renoncer à cette double distinction.
Staline fait le sourd. Le 30 août, il lui interdit d’effectuer aucun
changement dans le gouvernement bulgare de coalition où les communistes sont
minoritaires. Le 2 septembre 1946, il déclarera à Dimitrov qu’il faut
fonder en Bulgarie un parti du travail. « Il est inopportun, lui
explique-t-il, d’avoir un parti ouvrier et plus encore qu’il s’appelle
communiste. Avant, les marxistes devaient organiser la classe ouvrière dans un
parti ouvrier distinct. Ils étaient alors dans l’opposition. Aujourd’hui, vous
participez au gouvernement du pays [1287] . »
Il lui suggère donc de constituer un parti large sur la base d’un programme
minimum. L’époque du parti ouvrier est, pense-t-il, terminée.
    La répression suit la victoire comme son ombre, et les
portes du Goulag s’ouvrent à nouveau toutes grandes : au 31 décembre 1944,
il enferme un peu plus de 1 400 000 déportés. Au 1 er  décembre 1946,
il en compte plus de 1 800 000. La défaite allemande, la libération
de la Russie d’Europe et de l’Ukraine, puis l’annexion des pays baltes lui ont
fourni de nouveaux contingents : collaborateurs, soldats de l’armée
Vlassov, auxiliaires de la Wehrmacht envoyés au bagne, nationalistes baltes et
ukrainiens, soldats et officiers capturés par les Allemands, systématiquement
accusés de lâcheté ou de trahison et soumis à l’épreuve des camps de filtrage,
dont une partie est envoyée au Goulag. Ces déportés sont dans d’autres
dispositions psychologiques que les victimes des purges des années 1930,
souvent hébétées par la conviction d’être victimes d’une monstrueuse erreur
judiciaire. À la fin de la guerre, les détenus espèrent une mesure de grâce.
Mais l’amnistie du 30 décembre 1944 n’a touché que les condamnés à
des peines légères. La déception et l’amertume agitent la masse des déportés du
Goulag trompés dans leur attente.
    Recevant Joukov au Kremlin une semaine après la capitulation
de l’Allemagne nazie, Staline lui annonce sa décision d’organiser à la mi-juin
une grandiose parade en l’honneur de la victoire sur la place Rouge. Il ne
précise pas qui passera en revue les troupes. Mais ce ne peut être que
lui-même. N’ayant pas fait de cheval depuis fort longtemps, il décide de s’entraîner
au manège. Le troisième jour, selon le récit qu’en fera son fils Vassili à
Joukov, « à la suite d’une utilisation maladroite des éperons » (en
un mot, parce que Staline a brutalisé l’animal), le cheval s’emballe, Staline
agrippe alors la crinière à deux mains, mais tombe et se blesse à l’épaule et à
la tête. Il se relève, crache et marmonne : « Que Joukov passe les
troupes en revue, c’est un vieux cavalier [1288] . »
Mais la pilule est amère.
    Le 24 mai, Staline offre, au Kremlin, un grand banquet
en l’honneur des généraux et amiraux soviétiques. À la fin de la cérémonie, il
porte un toast au peuple russe, « le plus remarquable de tous les peuples
de l’Union soviétique, la nation qui s’est signalée entre toutes par sa
justesse de vues, sa constance, sa fermeté de caractère ». Cette
manifestation de nationalisme russe dans un pays de près de 140 nationalités
différentes, où des mesures de discrimination chauvines ont déjà été prises
discrètement, voire secrètement, annonce une vaste campagne nationaliste.
Staline évoque en outre avec un certain détachement les responsabilités du
gouvernement au début de la guerre, comme s’il n’en avait pas été le chef
suprême et absolu : « Notre gouvernement a commis plus d’une erreur ;
il y a eu en 1941 et 1942 des moments de désespoir quand notre armée battait en
retraite […]. Une autre nation aurait pu dire à son gouvernement : vous n’avez
pas justifié nos espérances, allez-vous-en […] mais le peuple russe n’a pas
pris ce chemin [1289] . »
    Il reçoit Joukov, la veille de la parade du 24 juin, et
lui annonce sa décision : « Je suis trop vieux pour passer des troupes
en revue. Vous le pouvez, vous, vous êtes plus jeune [1290]  » ;
il lui conseille de monter à cette occasion un cheval blanc que lui montrera
Boudionny, celui-là même qui a jeté Staline à terre. Mais Joukov tiendra ferme
sur les étriers. Sa performance, sur un cheval

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