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Staline

Staline

Titel: Staline Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Marie,Jean-Jacques
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l’attend et le voit arriver d’un pas
lent qu’il espère majestueux. C’est l’une de ses rares satisfactions dans cette
conférence qui discute le détail du nouvel ordre mondial.
    La Pologne exceptée, Staline a jusqu’alors respecté l’accord
passé avec Churchill et confirmé à Yalta, en particulier à propos de la Grèce.
La conférence aboutit à un accord boiteux sur les réparations de guerre de l’Allemagne.
Chacun se servira dans sa zone d’occupation. L’URSS obtient en plus 15 %
de l’outillage industriel utilisable, non nécessaire à l’économie de paix
allemande, dans les zones occidentales… mais à condition de fournir « une
valeur équivalente en denrées alimentaires, en charbon, en potasse, en zinc, en
bois, en poteries [ sic ! ], en pétrole et autres produits [1295]  ». Sur la
Pologne, il accepte la formation d’un gouvernement provisoire d’unité nationale
comprenant des représentants du gouvernement de Londres, mais garde en main
tous les moyens d’imposer sa volonté.
    Potsdam est marquée par l’explosion de la première bombe
atomique, qui se produit la veille de son ouverture. Le 16 juillet, la
bombe a été testée à Alamogordo. Le 24, Truman annonce à Staline, après une
semaine de travaux, que les Américains disposent d’une bombe d’une très grande
puissance, sans préciser sa nature. Selon Truman, Staline lui déclara « qu’il
était content de l’apprendre et qu’il espérait que les Américains en feraient
un bon usage contre les Japonais [1296]  ».
L’interprète du maréchal, Pavlov, affirme être le seul à avoir assisté à la
confidence de Truman à Staline, qui, prétend-il, fit un simple signe de tête
sans rien dire et tourna le dos à un Truman pétrifié. Selon Anthony Eden,
Staline ajouta à son signe de tête un « merci » poli. Au sortir de la
séance, en tout cas, Staline déclare devant Molotov et Joukov : « Il
va falloir discuter avec Kourtchatov de l’accélération de nos travaux [1297]  » et
envoie à Moscou un télégramme chiffré en ce sens.
    Bien que mis au courant du projet Manhattan depuis 1943 par
ses services de renseignements, il a mis du temps à saisir l’importance de la
bombe atomique. Beria et lui accordaient une confiance limitée aux informations
en provenance de leurs propres services aux États-Unis. Persuadé que les
Américains fabulaient pour entraîner l’URSS dans des dépenses inutiles, Beria,
dont l’attitude reflète servilement celle de Staline, soupçonne ainsi de
désinformation son agent Kvasnikov, auteur d’un rapport sur leurs progrès dans
la mise au point de la bombe, et le menace de l’envoyer en prison. Pourtant, en
mai 1945, le physicien Kourtchatov et le commissaire à l’Industrie
chimique, Pervoukhine, ont envoyé au « Bureau politique et au camarade
Staline » une lettre attirant leur attention sur la question atomique et
soulignant leur inquiétude devant la lenteur avec laquelle la direction du pays
s’en préoccupe. Staline n’a pas répondu. Même lorsqu’il reçoit un rapport de
Fuchs annonçant l’expérimentation de la bombe pour le 10 juillet et son
utilisation future contre le Japon, il ne bronche pas. Informé du succès de l’expérience
par ses agents, il sait qu’il s’agit d’une bombe atomique, mais n’apprécie
toute la portée de l’événement qu’au lendemain du 6, puis du 9 août, après
l’hécatombe des populations civiles à Hiroshima puis à Nagasaki, et surtout
après la décision adoptée par les Américains, le 20 août, de créer un
comité chargé de diriger tous les travaux sur « l’utilisation de l’énergie
atomique provenant de l’uranium ».
    Staline a attendu l’épreuve des faits et perdu du temps. L’historien
anglais David Holloway souligne qu’il n’a considéré la bombe atomique avec
sérieux qu’après Hiroshima. La bombe atomique l’a pris de court, malgré les
renseignements détaillés reçus de ses services sur le projet Manhattan. Comme
lors de l’attaque allemande, il est, là encore, paralysé par un mélange de
raideur et de méfiance systématique.
    Il réagit, en revanche, au quart de tour à l’égard du
Japon : quelques heures après Hiroshima, le 7 août, à 4 h 30
du matin, il signe avec Antonov l’ordre à l’Armée rouge d’attaquer le lendemain
les forces japonaises en Mandchourie. Le 8 au soir, il reçoit Averell Harriman
et George Kennan et leur annonce que

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