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Staline

Staline

Titel: Staline Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Marie,Jean-Jacques
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d’organisation
un article contre la critique théâtrale soviétique, sans autre précision. Le
Bureau réunit le 24 janvier, en séance exceptionnelle, 42 personnes,
12 membres du Bureau d’organisation du Secrétariat et toute une série de
responsables. Staline n’y participe pas. Le Bureau adopte un projet d’article
assez anodin « contre les déformations esthético-bourgeoises dans la
critique théâtrale » rédigé par Chepilov, qui paraît, très alourdi, le 28 janvier 1949
dans la Pravda, au nom de la rédaction, sous le titre : « Sur
un groupe antipatriotique de critiques dramatiques », accusés de servilité
devant l’Occident, de mépris pour les dramaturges soviétiques et de penchant
pour le formalisme décadent. Tous les critiques cités, sauf deux, sont juifs
(Iouzovski, Borchtchtagovski, Gourvitch, Varszavski, etc.). Seul, une fois de
plus, Staline a pu modifier un texte émanant du Bureau d’organisation, dont il
est membre, mais auquel il n’assiste jamais.
    Gamaleia, microbiologiste, membre de l’Académie des sciences
médicales de l’URSS, âgé de quatre-vingt-dix ans, écrit, le 2 février, une
lettre de protestation à Staline contre « la renaissance d’un phénomène
aussi honteux que l’antisémitisme qui a réapparu dans notre pays depuis
quelques années », et rappelle combien ce fléau a ravagé la Russie
tsariste. Il n’est pas le seul à le penser, affirme-t-il. Il dénonce sans
ambages les responsables : « L’antisémitisme renaissant […] est
propulsé d’en haut par une main invisible. L’antisémitisme vient aujourd’hui de
personnes haut placées, qui siègent dans les organes dirigeants du Parti, et
sont responsables du choix et de l’affectation des cadres », c’est-à-dire
le Secrétariat et le Bureau d’organisation, dont Staline est membre. L’accusation
est brutale. Gamaleia énumère ensuite les signes publics de cet antisémitisme,
qui confirment, explique-t-il, qu’« il vient d’en haut et est dirigé par
une "grande main" » : élimination systématique des juifs
des fonctions gouvernementales, des postes de direction, de toutes les
académies. Les « grandes mains » sont rares dans l’URSS stalinienne.
Si le coupable n’est pas Staline lui-même, il fait partie de sa garde
rapprochée…
    Deux semaines plus tard, pour son 90 e  anniversaire,
le 16 février 1949, le savant en colère est décoré de l’ordre de
Lénine. Cette tentative de l’apaiser échoue. Il récidive et, dans une seconde
lettre à Staline, fait un éloge vibrant de Lina Stern, Boris Chimeliovitch et
Jacob Parnass, membres du Comité antifasciste juif, récemment arrêtés. Il
accuse le ministère de l’Intérieur et réclame l’intervention personnelle de
Staline : « Leur arrestation est une manifestation de cet
antisémitisme qui a étrangement, mais très largement, fleuri ces dernières
années dans notre pays. » Il lui demande de s’occuper personnellement de
cette affaire pour éviter « l’arbitraire et la condamnation d’innocents [1420]  ». Staline
ne répond pas plus à cette seconde lettre qu’à la première, mais laisse son
auteur en paix.
    Le nom de Staline n’est prononcé à aucun moment au cours de
la campagne engagée, qui se traduit par la chasse aux pseudonymes (derrière
Kholodov se cache Mayerovitch, derrière Jasny, Finkelstein, derrière Malniko,
Melmann, etc.). Certains de ces journalistes avaient pris des pseudonymes
russes pendant la guerre sur la demande expresse du Bureau d’information
soviétique ou de leur rédacteur en chef pour démentir la propagande nazie sur
le judéo-bolchevisme. La campagne dure trois mois, jusqu’à un article de la Pravda du 7 avril, qui dénonce dans le cosmopolitisme un « instrument
idéologique de la réaction américaine ». Pendant ce trimestre de chasse
aux sorcières, Staline n’intervient jamais en public contre les victimes
réduites au chômage (mais pas au Goulag). Fin février, il a réuni les
rédacteurs en chef des grands journaux et les a sermonnés : « Il est
inadmissible de dénoncer les pseudonymes littéraires, cela a un relent d’antisémitisme [1421] . »
    Contraint de laisser tranquilles les physiciens, Staline
pense à se rattraper sur les médecins. Un jour d’été 1949, pendant ses
vacances à Sotchi, il convoque le ministre de la Santé, Efim Smirnov, et lui
demande de préparer une « discussion » sur la physiologie, qu’il

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