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Staline

Staline

Titel: Staline Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Marie,Jean-Jacques
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la sœur de Voznessenski, Maria, d’imaginaires sympathies pour l’Opposition
ouvrière en 1921. Le nouveau dirigeant de Leningrad nommé par Staline,
Andrianov, reproche aux dirigeants déchus d’avoir « fait passer
subrepticement dans les documents qu’ils faisaient publier et imprimer de façon
masquée des articles des pires ennemis du peuple Zinoviev, Kamenev, Trotsky et
d’autres [1417]  ».
L’accusation invraisemblable est gravissime, même si les coupables ont réussi à
le dissimuler, malgré sa vigilance, à la censure elle-même.
    Après la biologie, en pleine traque du Comité antifasciste
juif, Staline pense un instant s’attaquer à la physique et aux physiciens. Il
fait signer par le président de l’Académie des sciences et par le ministre de l’Enseignement
supérieur une lettre demandant l’organisation à Moscou d’une conférence de
physiciens et de mathématiciens pour débusquer et anéantir l’« idéalisme »,
et son jumeau le « cosmopolitisme », en physique. Les auteurs
dénoncent les « conclusions philosophiques idéalistes tirées de la
physique théorique contemporaine (mécanique quantique et théorie de la
relativité) », leur adoption par certains enseignants et la surabondance
de noms étrangers dans les manuels. Un comité d’organisation, mis en place en
décembre, doit préparer l’exécution solennelle. Du 30 décembre 1948
au 16 mars 1949, il se réunit 42 fois et prépare un pogrome. « La
physique est une science du Parti », déclare un enseignant ; « la
lutte politique réfléchissant la lutte des classes s’exprime de façon de plus
en plus aiguë dans la physique », affirme un deuxième ; un troisième
stigmatise les savants soviétiques qui ânonnent les conceptions des physiciens
idéalistes bourgeois tels Frenkel, Ioffé, Fok, Tam, Landau, Guinzbourg,
Mandelstam, Papaleksi ; un autre accuse ces deux derniers d’être des
espions allemands. La salle proteste…
    La dernière réunion du comité d’organisation, le 16 mars,
annonce l’ouverture pour le 21 d’une conférence, qui ne se tiendra jamais. Seul
Staline pouvait annuler une mise en scène préparée depuis trois mois par le
Secrétariat. Pourquoi ce revirement ? Lyssenko et la chasse aux
biologistes ne mettaient en péril que l’agriculture ; la chasse aux
physiciens met en danger la bombe atomique. Quelqu’un a dû l’alerter sur les
conséquences pratiques du pogrome des physiciens soviétiques. C’est sans doute
Beria qui, au début de 1949, a demandé à Kourtchatov s’il fallait abandonner la
théorie de la relativité et la mécanique quantique au motif qu’elles sont
idéalistes. Kourtchatov lui répond que la fabrication de la bombe atomique
repose sur la théorie de la relativité et sur la mécanique quantique et que
renoncer à l’une et à l’autre, c’est renoncer à la bombe [1418] . Staline
préfère renoncer à sa dénonciation des physiciens idéaliste plutôt qu’à sa
bombe.
    Il se rattrape en déclenchant la campagne contre le cosmopolitisme
qui accompagne la liquidation, gardée secrète, du Comité antifasciste juif.
Elle relaie et élargit la campagne contre la servilité devant l’Occident,
esquissée dès décembre 1946. Il avait alors réuni plusieurs philosophes
soviétiques et démoli devant eux le livre du chef de l’Agit-prop, Georges
Alexandrov, L’Histoire de la philosophie occidentale, pourtant proposé
peu avant pour un prix Staline. Le seul crime du livre est de ne pas vouer aux
gémonies l’ensemble de la philosophie occidentale. Jdanov, lançant la campagne
publique contre ce livre, souligne qu’« il aura fallu l’intervention du
Comité central et personnellement du camarade Staline pour démasquer les
faiblesses [1419]  »
du livre d’Alexandrov. Cette mise en avant de Staline met certes en évidence la
modestie de Jdanov, mais démontre surtout un zèle maladroit.
    Les campagnes successives répéteront le même scénario.
Staline se tient en coulisses, au su de tous : il est l’initiateur et le
régisseur, mais, comme tel, n’apparaît jamais en public. Plus il vieillit, plus
il aime jouer ce rôle de metteur en scène invisible et omnipotent, déjà rodé
lors des procès de Moscou.
    C’est ainsi, donc, qu’il procède au cours de cette nouvelle
campagne, qui donne au domestique de l’Occident les traits de l’homme sans
patrie, l’apatride, donc le juif innommé. Il a commandé au Bureau

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