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Staline

Staline

Titel: Staline Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Marie,Jean-Jacques
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motifs repérables et
donc évitables, et ne faisaient pas peser, comme en Union soviétique, une
menace permanente et diffuse sur l’organisme lui-même. Sur ce point, la
méfiance organique et l’espionnite maladive de Staline n’expliquent pas tout.
En réalité, l’épuration permanente, quoique de rythme variable, de la
bureaucratie interdit la formation de clans stables et durables, dangereux pour
le pouvoir personnel de Staline, et, en créant un vide dans ses rangs, permet d’aspirer
en son sein une partie de la classe ouvrière en croissance constante. Elle
contribue ainsi à l’équilibre du pouvoir bureaucratique lui-même. L’interruption
de ce processus sous Brejnev paralysera le système. Cette « stagnation »,
comme on la qualifiera sous Gorbatchev, marquera une étape décisive de sa crise
incurable.
    Ce processus répète, avec moins de brutalité et plus de
lenteur, celui des années 1936-1938. Ayant, dix ans plus tôt, éliminé les
vieux cadres bolcheviks et promu dans l’appareil une nouvelle génération,
Staline n’a ni l’intention ni les moyens de renouveler cette dernière de fond
en comble. Il veut surtout la tenir en haleine et substitue à la purge
sanglante un jeu de bascule complexe entre les divers clans, laissés chacun
dans l’ignorance des intentions réelles du chef. De 1945 à 1948, un jour il
pousse en avant Jdanov, le lendemain son adversaire, Malenkov, puis dresse
contre Beria Kouznetsov, à qui, le 17 septembre 1947, il a confié le
contrôle de l’appareil du ministère de la Sécurité d’État…, avant de préparer
sa disgrâce. Il organise aussi une concurrence brutale entre les deux piliers
de l’ordre répressif : le MGB (ministère de la Sécurité d’État), dirigé de
1946 à juillet 1951 par Victor Abakoumov, ancien chef du SMERCH, et le MVD
(ministère de l’Intérieur) dirigé par Serov. Il modifie, d’une année sur l’autre,
les fonctions attribuées à chacun et encourage l’inimitié entre les deux ministres.
Abakoumov rassemble un dossier contre Serov, qui le dénonce à son tour dans
deux lettres à Staline où il se plaint de l’hostilité « encore jamais vue »
qui règne entre les agents de la Sécurité d’État et ceux du ministère de l’Intérieur,
et demande à Staline – ravi de cette concurrence – d’enquêter sur la
Sécurité d’État. Mais le moment n’est pas encore venu.
    Staline mène le même jeu de bascule dans tous les domaines.
Ainsi, dans la littérature, tantôt il appuie le secrétaire général de l’Union
des écrivains, Fadeiev, membre du Comité central, ivrogne invétéré, qui, quatre
ou cinq fois par an, disparaît des jours entiers à la suite de beuveries
gargantuesques, et son adjoint, Constantin Simonov, plus sobre et plus modéré,
tantôt il soutient le comité d’agit-prop du Comité central, dirigé par
Chepilov, l’adjoint de Jdanov, un apparatchik pas encore membre du Comité
central et qui veut jouer les intellectuels. Il les pousse l’un contre l’autre.
Chaque clan sait qu’aucune position n’est définitivement acquise et se tourne
vers Staline pour arbitrer les conflits.
    La mort de Jdanov, le 31 août 1948, ouvre une
période de règlements de comptes féroces dans l’entourage immédiat de Staline.
Le Maréchal détestait Leningrad. Il en avait nettoyé l’appareil du Parti
zinoviéviste en 1926, puis avait purgé la ville et l’appareil du Parti une
seconde fois en 1935, après l’assassinat de Kirov. Au lendemain de la guerre,
Leningrad apparaissait comme une ville martyre, qui s’était libérée par ses
seuls efforts. Les dirigeants du Parti de la ville, Jdanov, Kouznetsov, Popkov,
Lazoutine, étaient de fidèles staliniens, mais il fallait peu de chose pour que
Staline les suspecte de vouloir constituer un clan.
    Staline trouve trois prétextes d’un coup pour lancer la
chasse aux dirigeants et à l’appareil de Leningrad. En décembre 1948, ils
ont en effet organisé dans cette ville une foire commerciale pour toute la
Russie sans demander l’autorisation préalable du Bureau politique. Ensuite,
lors de la conférence du Parti de Leningrad, qui s’est achevée le 25 décembre,
le nom de certains dirigeants a été rayé sur plusieurs bulletins lors de l’élection
(deux fois pour l’un, quatre fois pour l’autre, quinze fois pour le plus mal
élu), mais le communiqué final les a tous déclarés élus à l’unanimité. Quelques
jours plus

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