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Staline

Staline

Titel: Staline Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Marie,Jean-Jacques
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veut
mettre au pas. Lors d’une promenade au milieu des orangers, il se tourne
soudain vers Smirnov et lui demande : « Pourquoi est-ce le même
médecin qui a soigné Jdanov et Dimitrov [qui venait de mourir dans un hôpital
de Moscou en juillet 1949] ? » Smirnov lui rappelle les causes
de la mort des deux hommes. « Le même médecin [1422]  », reprend
Staline pensif, qui trouve le premier fil d’une intrigue aux ramifications
complexes.
    C’est le début d’un entrelacs de cabales qu’il va tenter de
relier les unes aux autres en un écheveau unique : la traque du Comité
antifasciste, la liquidation des dirigeants de Leningrad, la mise à l’écart de
ses derniers vieux lieutenants, la mise en cause de la Sécurité d’État et la
fabrication d’un complot de médecins assassins. En mars 1949, il remplace
au poste de ministre des Affaires étrangères Molotov, dont la femme,
Jemtchoujina, a appartenu au Comité antifasciste juif, par Vychinski, cet homme
qu’il terrorise. Il vise aussi Kaganovitch et Mekhlis. Abakoumov demande à
Fefer d’indiquer les positions de Kaganovitch sur les problèmes juifs, et en
particulier sur la Crimée, et de confirmer si les Américains ont invité Mekhlis
aux États-Unis. Staline prépare donc des dossiers sur les derniers juifs du
Comité central.
    Envisage-t-il alors de préparer un procès public ?
Abakoumov semble le subodorer. Et l’instruction tente d’imputer aux accusés un
nationalisme juif débouchant sur l’espionnage systématique. Le résultat de l’instruction
est lamentable. Tous les écrivains sont accusés d’avoir écrit en yiddish pour
maintenir la langue yiddish et affirmer par là une conscience juive. Un
journaliste se voit reprocher d’avoir rendu public le nombre de juifs liquidés
par les Allemands en Biélorussie, et en particulier dans le ghetto de Minsk, informations
que l’enquêteur juge confidentielles et relevant du secret militaire et du
secret d’État. Un écrivain est convaincu d’avoir communiqué aux Américains des
renseignements « concernant les recherches sur de nouveaux traitements de
maladies de l’estomac ». Et la liste s’allonge : un journaliste est
accusé d’avoir livré aux Américains le nom du chef, juif, de l’atelier d’outillage
de l’usine automobile Staline et de leur avoir fourni des renseignements
ultraconfidentiels sur Svetlana Staline. « Les Américains voulaient
connaître les changements de sa vie, ses occupations avant la guerre, ses
activités préférées. Ils s’intéressaient aussi à ses activités culturelles
pendant la guerre, si elle fréquentait l’opéra et le ballet, voulaient
connaître ses espoirs personnels, ses souhaits, ses plans d’avenir, son
attitude envers l’Amérique, son opinion sur la situation des femmes et sur les
raisons qui poussaient les femmes à combattre le fascisme. » C’est ainsi
que la CIA complotait contre l’URSS. L’enquêteur croit bon d’ajouter : « Il
est inutile de préciser l’importance de tels renseignements [1423] . » Certes,
mais Staline n’en semble pas convaincu. Comment monter un procès public sur la
base de telles fadaises ?
    En revanche, la campagne antiyougoslave semble se dérouler
au mieux. Une troisième réunion du Cominform se tient du 16 au 19 novembre 1949
en Hongrie. Une semaine auparavant, le Comité central du parti polonais a
chassé de ses rangs Wladyslaw Gomulka, que la police politique arrêtera le 31 juillet 1951.
Son expulsion donne le ton à la réunion qui a été préparée dans des conditions
conspiratrices très strictes : ni le lieu ni la date de la rencontre n’ont
été rendus publics. Rakosi, chargé de l’organiser, ne comprend pas, et, vingt
ans après, ne comprendra toujours pas, les raisons de ce secret. « Mais,
écrira-t-il, puisque Staline insistait là-dessus, nous le soutenions
naturellement [1424] . »
La réunion se tient dans le sanatorium de Gaiadete, préalablement fermé,
officiellement pour réparations. Les trois rapports, chefs-d’œuvre de la langue
de bois, celui de Souslov sur la lutte pour la paix contre les fauteurs de
guerre, celui de Togliatti pour l’unité des forces démocratiques, et celui de
Gheorghiu-Dej pour le renforcement de la lutte contre la clique de Tito, tout
comme les résolutions adoptées, relèvent de la routine bureaucratique. Les
vraies décisions se prennent ailleurs.
    Ce goût du secret témoigne d’une méfiance

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