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Staline

Staline

Titel: Staline Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Marie,Jean-Jacques
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spirituel de fables
miraculeuses où, depuis des siècles, elle cherche réconfort et consolation de
son histoire tragique. Mais l’éclat de ce passé mythique compense mal la
médiocrité du présent. La distance infinie qui sépare la réalité de ce
foisonnement légendaire éclate dans l’épopée nationale de Chota Roustavéli
écrite au début du XIII e  siècle, Tariel ou le Héros à la
peau de tigre, qui ferraille toujours au loin, en Inde ou en Arabie, au
milieu d’Arabes, d’Indiens et de Chinois. Staline nourrira un intérêt constant
pour ce héros déguisé en fauve. En 1940, les éditions d’État en publient une
nouvelle traduction russe que Staline a relue, contrôlée et corrigée
personnellement ; au début de février 1941, le directeur adjoint lui
envoie un projet d’introduction qui évoque son intervention dans l’édition de l’ouvrage.
Par un mot brutal du 14 février, Staline exige la suppression de toute
référence à son travail. Le rôle d’un banal traducteur ne saurait lui convenir.
    Joseph a moins de 3 ans lorsque, au matin du 1 er  mars 1881,
Alexandre II signe un texte créant un Conseil consultatif près le tsar,
première et timide esquisse de monarchie constitutionnelle sans Constitution ;
l’encre de sa signature à peine sèche, il sort en carrosse le long de la
Neva ; un membre de la Volonté du peuple l’attend sur le parcours ;
sa bombe artisanale renverse les chevaux, soulève le carrosse et arrache les
jambes du tsar qui meurt trois heures plus tard, vidé de son sang.
    Son fils, Alexandre III, décide d’inverser une
politique libérale timorée mais qu’il juge funeste. Éduqué par le procureur du
saint-synode (l’organisme dirigeant de l’Eglise orthodoxe, désigné par l’État)
Pobedonostsev, ferme partisan de l’union indissoluble de l’autocratie, du
nationalisme russe et de l’orthodoxie religieuse, il se croit monarque de droit
divin et père d’un troupeau de sujets qui lui doivent respect et obéissance. Il
annule donc l’éphémère décret paternel ; son manifeste du 29 avril 1881
proclame son impériale volonté de conserver et consolider le pouvoir
autocratique.
    Le 14 août 1881, il promulgue pour trois ans « l’état
de protection renforcée », qui permet par simple décret de suspendre
toutes les libertés individuelles et de porter les causes civiles devant les
tribunaux militaires ; cet état provisoire durera jusqu’en février 1917.
Il crée l’année suivante des « sections de la protection de l’ordre et de
la sécurité publics », l’Okhrana, qui infiltre les groupes
révolutionnaires. En 1887 la police arrête à Saint-Pétersbourg un petit groupe
d’étudiants qui préparait un attentat contre Alexandre III. Les apprentis
terroristes, dont Alexandre Oulianov, le frère aîné du futur Lénine, sont
condamnés à mort et pendus pour un complot avorté. La société tout entière est
placée sous la surveillance d’une police omniprésente et le mouchardage devient
une institution. Le gouvernement, en 1884, triple les frais d’inscription pour
écarter les étudiants nécessiteux et place les écoles élémentaires sous le
contrôle du saint-synode ; en 1887, le ministre de l’Instruction ordonne « d’écarter
des gymnases [lycées] les enfants de cochers, laquais, cuisinières et gens de
même sorte », à ses yeux des graines de révoltés.
    Alexandre III continue à moderniser l’armée. Un tiers du
budget est consacré en moyenne aux dépenses militaires, l’investissement
économique essentiel de l’État, un autre tiers va au remboursement de la dette
publique (32 % en 1887). Le dernier tiers est consacré à la construction
des chemins de fer, dont le tracé répond d’abord à des objectifs militaires et
à l’entretien de l’appareil d’État. Le budget de l’Instruction, misérable,
stagne (2 % en 1887) ; le ministère de l’Intérieur voit ses crédits
doubler entre 1857 et 1887 (de 4,2 % à 8,5 %). Ceux du saint-synode
sont trois fois supérieurs à ceux du ministère des Affaires étrangères. L’entretien
de l’armée, de la flotte et de l’appareil d’État accapare donc près des deux
tiers du budget. Pour trouver de l’argent frais, la Cour impériale s’adresse à
la République française honnie : en novembre 1888, elle lève à Paris
un emprunt de 125 millions de roubles, le premier d’une longue série qui
fera des prêteurs et banquiers

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