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Staline

Staline

Titel: Staline Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Marie,Jean-Jacques
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orthodoxe russe et ses biens sont
confisqués. Alexandre I er consolide cette annexion et place la
Géorgie, comme la Pologne, sous la coupe d’un vice-roi russe représentant
personnel du tsar. À la naissance de Staline, c’est Galitsyne, un prince
arrogant, méprisant et brutal, qui occupe ce poste.
    Le numéro d’ Études soviétiques publié au lendemain de
la mort de Staline tente de hisser son enfance au niveau de ce passé historique
et légendaire ; ses rédacteurs essaient d’en transfigurer la banalité en
le présentant, dès sa naissance, comme l’incarnation même du Prolétariat
opprimé, ce Prométhée collectif qui porte sur ses épaules l’avenir de l’humanité :
« Staline est issu des profondeurs mêmes du peuple travailleur. On peut lui
appliquer les termes par lesquels il a caractérisé les communistes :
"Fils de la classe ouvrière, fils du besoin et de la lutte, fils des
privations incroyables et des efforts héroïques" [20] . »
    La réalité est plus triviale. Joseph est le fils de
Vissarion Djougachvili, paysan-cordonnier, né en 1850 dans le village de
Didi-Lilo, situé au milieu des vignes, non loin de Tiflis, et de Catherine
Gueorguievna Gueladzé, dite Kéké, fille de paysans, née au hameau de
Gambareouli, près de Gori, en 1858 ; l’un et l’autre serfs de naissance,
ils ont été émancipés sur le tard. Vissarion descendait de serfs
paysans-cordonniers au service de leur maître qui les employait à la moisson,
aux vendanges l’été, et leur faisait rapetasser bottes, sandales et chaussures
l’hiver, en empochant le prix des réparations. Le village n’autorisait qu’une
pénible existence végétative à ses habitants et, de tout temps, des serfs
avaient tenté de monter en ville une boutique de barbier, de savetier, d’épicier
ou une auberge. L’émancipation accélère le mouvement et permet à des serfs de
vendre librement leur force de travail et de devenir salariés ; Vissarion,
Besso pour les intimes, part tôt s’embaucher à Tiflis dans la grande usine de
chaussures de la ville, Adelkhanov, puis, rêvant d’indépendance, s’installe à
son compte à Gori, où une légende lui prête l’ouverture d’un atelier employant
une dizaine d’ouvriers. Orpheline, Catherine a quitté son hameau pour chercher
un emploi de domestique dans une famille de fonctionnaires ou de commerçants. Ils
se marient en mai 1874 ; le registre municipal note : « Le
17 mai ont été unis par le mariage le paysan Vissarion Ivanovitch
Djougachvili, de religion orthodoxe, domicilié provisoirement à Gori, premier
mariage, âgé de 24 ans, et la fille d’un paysan défunt habitant de Gori,
Catherine Glakha Gueladzé, de religion orthodoxe, premier mariage, âgée de 16 ans [21] . » Vissarion
avait un métier, et Catherine pas de dot.
    Entre 1874 et 1877, elle met au monde trois fils qui meurent
en bas âge, un Mikhail, un Gueorgui, et un troisième dont le prénom s’est
perdu. Le 6 décembre 1878, naît Joseph, dernier enfant et seul
survivant, enregistré plus tard sur son passeport intérieur comme « paysan
de Didi-Lilo », où est né son père. Il souffre de quelques
malformations : deuxième et troisième orteil du pied droit collés, bras
gauche plus court que le droit. Catherine n’accouchera plus. Vissarion avait
assez d’un enfant sur les bras.
    À partir de 1921, Staline repoussera sa date de naissance et
la fixera officiellement au 9 décembre dans le calendrier julien russe
(soit le 21 dans le calendrier grégorien occidental) de l’année 1879. Mais
le registre de l’église de Gori enregistre la naissance de Joseph Djougachvili
le 6 décembre 1878 et son baptême le 17 décembre, le nom de son
parrain et celui de l’archiprêtre qui le baptisa. Le petit séminaire de Gori
lui délivrera à la fin de sa scolarité primaire une attestation le faisant
naître « le sixième jour du mois de décembre mille huit cent soixante
dix-huit ». La date du 21 décembre 1879 apparaît donc doublement
erronée, pour le jour et l’année. Une croyance perse recommandait, paraît-il,
de tuer les enfants nés le 21 décembre, que l’on qualifiait d’enfants du
mal.
    Il n’est pas le seul à trafiquer sa date de naissance.
Facilitées par le refus de certaines sectes religieuses de déclarer les
naissances aux autorités et par l’absence de véritable état civil, ces
pratiques visent à rajeunir ou à vieillir l’intéressé pour

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