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Sur ordre royal

Sur ordre royal

Titel: Sur ordre royal Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Margaret Moore
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emplissait ses narines, l’estomac de Roslynn se mit à gargouiller bruyamment.
    Elle rougit d’embarras, mais le seigneur de Llanpowell rit et lui tendit un gobelet avant de lui verser du vin.
    — Qu’est-ce que je vous disais ? Vous avez faim, on ne peut s’y tromper. Je l’ai vu à votre apparence, et un peu plus de chair sur vos os ne serait pas de trop.
    — Peut-être que nous pourrions discuter maintenant de l’objet de notre visite, s’irrita sire Alfred, les dents serrées.
    L’expression enjouée du Gallois disparut en un instant, remplacée par une froide réprobation.
    — Vous venez peut-être de la part du roi Plantagenêt, sire, et sans invitation dont j’aie connaissance, ma foi, mais dans cette maison l’hospitalité passe d’abord, les affaires ensuite.
    Le visage étroit de sire Alfred s’empourpra avant que finalement, avec lenteur, il ne s’assoie en face de Roslynn et n’accepte un gobelet de vin aux épices.
    — Là, mangeons et parlons après, dit le Gallois, son irritation se dissipant visiblement aussi vite que la vapeur du pichet.
    Le vin était étonnamment bon et réchauffa bel et bien Roslynn. Toutefois, en dépit de son goût délicieux et de son effet réconfortant, elle prit soin de ne pas trop boire du liquide sucré. Elle ne voulait pas que son cerveau soit embrumé quand tant de choses étaient en jeu pour elle.
    — N’est-ce pas mieux ? demanda le Gallois lorsque l’écuelle fut presque vide et que Roslynn ne put plus avaler une bouchée. Et maintenant, les affaires. Eh bien, sire Alfred de Garleboine, qu’est-ce qui vous amène à Llanpowell avec votre charmante fille ?
    Même si c’était une innocente méprise, Roslynn faillit recracher son vin d’indignation. Sire Alfred était effectivement assez âgé pour être son père mais grâce à Dieu, ce n’était pas le cas.
    — Dame Roslynn n’est pas ma fille, corrigea le noble normand d’un ton grave. Elle est…
    — Votre ravissante épouse, alors ? s’exclama le Gallois avec un large sourire. Quel homme fortuné vous faites !
    Sire Alfred n’aurait pu avoir l’air plus offusqué. Subitement, Roslynn eut envie de rire aux éclats, en dépit de sa situation.
    — Non, elle n’est certainement pas mon épouse. Elle est…
    — Les saints nous protègent ! s’écria sire Madoc comme s’il était mi-scandalisé, mi-admiratif. Vous ne voulez pas dire qu’elle est votre bonne amie ?
    — Non ! protesta Roslynn en intervenant. Je ne suis pas sa maîtresse !
    — Eh bien, le ciel en soit loué, dit le Gallois avec soulagement, tandis que le visage de sire Alfred virait au cramoisi. J’en étais presque à penser que vous manquez cruellement de goût, ma dame.
    — Messire, dit sire Alfred en grinçant des dents, dame Roslynn est ici à la requête du roi John.
    — Il a donc des ambassadrices, maintenant ? demanda le Gallois, étonné.
    Il ne se montrait pas affecté le moins du monde par la colère de sire Alfred et s’adressait à Roslynn, au lieu du Normand.
    — Intéressant, je dois dire, et intelligent aussi, reprit-il d’un ton approbateur. J’écouterai volontiers tout ce qu’une belle femme a à dire.
    — Si vous voulez me laisser m’expliquer, sire, dit sire Alfred, serrant la tige de son gobelet comme s’iltordait le cou à un poulet. Dame Roslynn de Werre s’est récemment retrouvée veuve…
    — Oh, c’est regrettable, s’exclama sire Madoc en la regardant avec sympathie et en lui tapotant de nouveau la main. Si jeune…
    — Elle s’est retrouvée veuve, reprit sire Alfred d’un ton ferme, et le roi a…
    La porte s’ouvrit alors et un homme jeune, à la stature imposante, au visage rasé et aux cheveux noirs tombant sur ses larges épaules, entra d’un pas vif dans la salle.
    Il était vêtu comme les autres d’une simple tunique en cuir portée sur une chemise lacée au cou, avec des chausses de drap enfilées dans des bottes en cuir éraflées. Contrairement à sire Madoc, il portait un baudrier en vieux cuir souple, et la poignée de l’arme glissée dans le fourreau était retenue par des lanières de cuir noircies par l’âge et l’usage.
    Contrairement à Madoc, aussi, il était étonnamment beau. Ses cheveux noirs ondulés encadraient un visage aux fermes aplats et aux angles accusés. Un grand front et des sourcils bruns dominaient des yeux également sombres qui semblaient briller d’une lumière intérieure. Son nez était droit et

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