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Taï-pan

Taï-pan

Titel: Taï-pan Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: James Clavell
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celui que vous dites.
    — Pourquoi ?
    — Parce que j’apporte un message à Dirk Lochlin Struan, Taï-pan de la Noble Maison, dont le pied gauche a été à moitié emporté – un message de la plus haute importance.
    — De qui ?
    — De mon père.
    — Je ne connais pas votre nom ni votre père et j’ai une infaillible mémoire des noms, nom de Dieu !
    — Je ne m’appelle pas Roger Blore, monsieur. Ce n’est qu’un pseudonyme. Une question de sécurité. Mon père est au Parlement. Je suis presque sûr que vous êtes le Taï-pan. Mais avant de vous remettre le message, je dois en être absolument sûr. »
    Struan tira la dague de sa botte droite et leva le pied gauche.
    « Ôtez-la, dit-il d’une voix menaçante. Et si le message n’est pas de la plus grande importance, je graverai mes initiales sur votre front !
    — Dans ce cas, je mets ma vie en jeu. Vie pour vie. »
    Il tira la botte, poussa un soupir de soulagement et se laissa tomber dans le fauteuil.
    « Je m’appelle Richard Crosse, dit-il. Mon père est Sir Charles Crosse, représentant Chalfont Saint Giles au Parlement. »
    Struan avait vu Sir Charles deux fois, quelques années plus tôt. À l’époque, Sir Charles était un petit hobereau de province sans fortune, partisan véhément de la libre entreprise et du commerce asiatique, fort apprécié au Parlement. Au fil des ans, Struan l’avait soutenu financièrement et n’avait jamais regretté ce placement. Ce doit être au sujet de la ratification, se dit-il, le cœur battant.
    « Pourquoi ne pas l’avoir dit tout de suite ? »
    Crosse se passa une main sur les yeux.
    « Pourrais-je avoir quelque chose à boire, s’il vous plaît ?
    — Rhum, Cognac, xérès, servez-vous.
    — Merci, monsieur. »
    Crosse se versa un verre de cognac.
    « Merci, murmura-t-il. Je m’excuse, mais je… je suis bien fatigué. Père m’a dit d’être très prudent, de prendre un nom d’emprunt. De ne parler qu’à vous, ou, si vous étiez mort, à Robb Struan. Voici ce qu’il vous envoie. »
    Il déboutonna sa chemise et ouvrit une poche de cuir portée sur une ceinture à même la peau. Il en tira une grosse enveloppe maculée qu’il tendit à Struan.
    Struan l’examina. Elle était soigneusement scellée et cachetée, adressée à son nom et datée de Londres, le 29 avril. Il leva brusquement la tête et gronda :
    « Vous êtes un menteur ! Il est impossible que vous soyez arrivé si vite ! Ça ne fait que soixante jours !
    — En effet, monsieur, dit Crosse en retrouvant un peu d’aplomb. J’ai fait l’impossible. Père ne me pardonnera sans doute jamais, ajouta-t-il en riant.
    — Personne n’a jamais fait le voyage en soixante jours ! Que signifie ce jeu ?
    — Je suis parti le mardi 29 avril. Diligence Londres-Douvres. J’ai attrapé la malle de Douvres au dernier instant. Diligence pour Paris, puis Marseille. La malle française d’Alexandrie, presque en marche. Traversé l’isthme de Suez, grâce aux bons offices de Mehemet Ali, que mon père avait rencontré une fois, et puis la malle de Bombay par un poil. J’ai moisi trois jours à Bombay et puis j’ai eu un fabuleux coup de chance. J’ai pu payer mon passage à bord d’un clipper d’opium pour Calcutta. Ensuite…
    — Quel clipper ?
    — Le Flying Witch , appartenant à Brock et Fils.
    — Continuez, dit Struan en haussant les sourcils.
    — Ensuite, un navire de la Compagnie des Indes jusqu’à Singapour. Le Bombay Prince . Là, pas de chance, aucun navire pour Hong Kong avant des semaines. Et puis chance énorme. En discutant âprement, j’ai pu obtenir le passage sur un bateau russe – celui-ci, dit Crosse en montrant la rade par le hublot. C’était mon plus dangereux coup de dés, mais c’était ma dernière chance. J’ai donné au capitaine jusqu’à ma dernière guinée. D’avance. Je me disais qu’ils allaient certainement m’égorger et me jeter à la mer une fois au large, mais c’était ma dernière chance. Cinquante-neuf jours, monsieur, de Londres à Hong Kong. »
    Struan se leva, servit encore un cognac à Crosse et une solide rasade pour lui. Sûr, c’est possible, pensait-il. Pas probable, mais possible.
    « Savez-vous ce que contient cette lettre ?
    — Non, monsieur. Je ne suis au courant que de la partie qui me concerne.
    — Et quelle est-elle donc ?
    — Mon père dit que je suis un vaurien, un bon à rien, un joueur fou de chevaux,

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