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Templa Mentis

Templa Mentis

Titel: Templa Mentis Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Andrea H. Japp
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et lieu
    A Après avoir replacé la dalle sur la cachette, tassé aussi bien qu’il le pouvait la poussière de mortier dans les interstices dans l’espoir que nul autre ne la découvrirait, le jeune mire récupéra la pierre rouge glissée sous le surcot du chevalier et sortit de Saint-Lubin, emportant un trésor de connaissances serré dans son mantel dont il ne doutait pas qu’il mettait sa vie en terrible péril.
    Peut-être parviendrait-on un jour à établir l’identité des deux défunts abandonnés dans le chœur. D’ici là, les manuscrits seraient en sûreté.

    Lorsque Druon se faufila par l’éboulis de muraille, prenant garde à ne pas abîmer son inestimable butin, et hâta le pas afin de rejoindre Brise, Igraine et Paderma terminaient de libérer les chevaux du chariot de leurs colliers, traits, ventrelles et avaloires.
    Il s’immobilisa à deux toises d’elles et son regard tomba sur l’homme mort qui gisait non loin. Lorsqu’il leva à nouveau les yeux vers la mage et la fillette, Igraine avait bandé son arc et le mettait en joue.
    — Quel cruel dilemme !, lança Igraine de son horripilante voix joviale. J’ai juré sur ma déesse mère… (Elle libéra doucement la corde tendue et replaça la flèche dans son carquois de dos, en soupirant, agacée :) Bah, pour cette fois ! (Narquoise soudain, elle s’enquit :) Je subodore que votre bel esprit empreint de droiture – mais qui manque de sens commun, avouons-le – ne vous aura pas dicté d’habile supercherie concernant les occis ?
    Surveillant toujours les gestes de la mage, et notamment son carquois et son bâton de marche, Druon ne comprit absolument pas où elle voulait en venir.
    — Votre pardon ?
    — Mire, cher mire ! Allons, en l’occasion, un peu de fourberie ne nuirait pas. Si l’on découvre au matin le cadavre de cette diablesse non loin de celui d’un chevalier templier, ce dernier risquant d’être vite identifié, les interrogations vont fuser. Une petite mise en scène se justifie donc. Hum… je ne sais… des corps d’amants enlacés laissant suggérer qu’un mari cocu les a lardés de coups d’épée ? Ou alors, les bijoux de la Colème retrouvés dans le surcot du beau Plisans, pour faire accroire à un meurtre de crapule, surtout si les jupes de cette vipère sont remontées haut sur ses cuisses ? Ils s’interrogeront sur l’identité de celui qui a ensuite trucidé Plisans. Ça les occupera, nous permettant de mettre de la distance entre eux et nous… Vous et moi.
    — Mais… si on le croit violeur et détrousseur, le chevalier ne sera alors pas enterré en terre consacrée ?
    Yeux écarquillés, Igraine dévisagea Druon comme s’il venait de proférer une énormité. Elle éclata de rire :
    — Qu’elle est plaisante, celle-là ! La belle affaire ! Dois-je vous rappeler qu’il avait la ferme intention de vous occire, après avoir assassiné un prêtre, son scribe, sans oublier un maître verrier, bref des innocents ?
    Elle parut réfléchir puis décida :
    — Mieux vaut que je me charge de cette tâche, si je la souhaite rondement menée. Allez en paix. Pour l’instant. À vous revoir et bon vent vous pousse, miresse.
    Elle se ravisa, déclarant dans un sourire que démentait la férocité de son regard presque jaune :
    — Au fond, je suis aise de savoir les manuscrits en votre possession. Vous les protégerez de votre vie, j’en suis certaine, me donnant le temps de réunir les miens, puisque l’issue est enfin à notre portée. Miresse… Si je vous tuais un jour, croyez que j’en concevrais chagrin. Vif chagrin. Elle s’écarta d’un pas alerte, bientôt happée par l’obscurité.

LVI
    Saint-Agnan-sur-Erre, décembre 1306, le surlendemain
    L Louis d’Avre avait foncé à bride abattue afin de rejoindre Saint-Agnan au plus preste. Durant sa course folle, il avait alterné entre exaltation et inquiétude.
    Dès après que Druon lui eut permis d’élucider les quatre meurtres de Tiron 1 , dont celui du simple Nicol, force lui avait été de s’avouer que la vive affection qu’il éprouvait pour la jeune femme en déguisement n’avait de paternelle que le nom. De fait, il était en amour, un amour d’homme. Dans les jours qui avaient suivi cette pénible admission, une sorte d’exaspération mâtinée de dérision envers lui-même ne l’avait plus quitté. Il avait cru trouver habile parade à son obsession amoureuse en menant une enquête au sujet de la

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