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Templa Mentis

Templa Mentis

Titel: Templa Mentis Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Andrea H. Japp
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Il a menti tel un déhonté. Autres auraient eu le visage empourpré d’encombre à sa place. Mais point lui, que nenni ! Quel don pour l’escobarderie ! La faculté de mentir avec tant d’aise trahit sa vile âme mieux que tout. Je n’ai point dit mon dernier mot et le lui ai donné à entendre. Il s’est contenté de sourire, égayé par je ne sais quelle vilaine pensée. J’ai tempêté, je l’avoue, le menaçant des foudres divines et même de l’enfer. Encore ce sourire amusé que je qualifierais de démoniaque. J’ai alors exigé qu’il vienne se confesser et requérir le pardon pour ses actes.
    « Me pardonnerez-vous un jour, mon Père, car je pèche gravement ? Pour la première fois de mon existence, j’en suis arrivé à détester l’une de Vos créatures humaines, moi dont le seul orgueil aura été de vous servir sans faille. Pis, je ne parviens pas à me repentir de cette exécration. »
    Druon relut les précédentes confidences du critiquable registre sans y découvrir de lien avec l’indignation du prêtre. Il décida de ne pas s’appesantir aussitôt sur la virulence du père Simonet mais de terminer de feuilleter le registre afin de s’en défaire au plus preste.
    Les lignes le menèrent au travers des vies de pécheurs, de pénitents. La servante gourmande le fit à nouveau sourire, tout comme une jeune fille effrayée à la perspective de rôtir pour l’éternité dans les flammes infernales parce qu’elle avait consommé une aile de poulet un jour maigre. Il se fit la réflexion qu’au fond ceux qui avaient commis de minces entorses semblaient en être plus affectés que les coupables d’actes graves, de vols répétés, d’envies de meurtre ou autres vilainies 22 . Ceux-là trouvaient toujours un argument expliquant leurs actes répréhensibles, leurs vices, leur appétence pour l’infamie, n’hésitant pas à accuser de complaisance leurs victimes. Rien de nouveau sous le soleil 23 , aurait résumé son père.
    Enfin, ressentant une vague nausée, il parvint aux dernières lignes, tracées la veille du meurtre du prêtre.
    « Le seigneur Luc d’Errefond ajoute l’injure au péché. Il n’a pas paru à l’église et ne montre donc aucune contrition mais bien au contraire son arrogance envers Dieu. Avoir gravement offensé son Créateur lui est indifférent. Aussi ne puis-je requérir le pardon pour sa vile âme qui sera jugée le temps venu. »
    Druon referma si brutalement le volume qu’Huguelin sursauta.
    — Mon maître ?
    — J’en ai terminé, à mon soulagement.
    Le jeune mire se leva et s’approcha de l’âtre ou rougeoyait un feu modeste mais agréable, preuve de l’estime dans laquelle les tenait le couple Leguet. Il rajouta une bûche et attendit qu’elle s’enflamme.
    — Qu’allez-vous faite ?
    — Agir à ma promesse.
    Joignant le geste à la parole, il arracha posément les pages du registre et les jeta dans le brasier. La morsure brunâtre du feu se propagea, dévora le papier pour le réduire en cendres. Il contempla l’annihilation de ces lignes qui n’auraient jamais dû exister avec une sorte de satisfaction mêlée de peine, de dégoût aussi, et se morigéna. Jehan Fauvel n’avait cessé de lui seriner que si Dieu lui avait fait présent de son intelligence, donc d’une capacité au jugement, il convenait d’exercer cette dernière en toute connaissance de cause, sans se contenter des seules conséquences. Hormis le manœuvrier violeur d’une fillette et ce tonnelier qui trouvait jouissance à torturer des animaux, et puisqu’aucune cause ne pouvait justifier leurs actes monstrueux, les autres méritaient le bénéfice du doute et la possibilité de se racheter auprès de ceux qu’ils avaient trompés ou volés. Ce raisonnement, peut-être un peu abusif, eut la vertu de lui alléger l’humeur. Deux odieux vauriens criminels sur un village. Restait nombre d’êtres qui luttaient contre les défauts de leur humanité, qui parfois bronchaient 24 gravement mais se rattrapaient de justesse.
    — Sortons un peu, Huguelin, veux-tu ? L’air frais me vivifiera les sangs.
    1 - Ils existent depuis la plus haute Antiquité. Preuve de leur utilité !

    2 - Déjeuner.

    3 - Chanson que les dames aimaient à chanter lorsqu’elles cousaient ou brodaient.

    4 - Thibaut IV, comte de Champagne puis roi de Navarre, sans doute l’un des plus illustres trouvères (1201-1253).

    5 - « Madame, quand je fus devant vous, la première

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