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Templa Mentis

Templa Mentis

Titel: Templa Mentis Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Andrea H. Japp
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de considérer avec la plus extrême circonspection les hypothèses de votre… bon Hugues de Plisans. Je vous l’ai dit : il faudrait que cette donzelle soit bien bécasse pour traverser tout le royaume du nord au sud. Je vais donc me contenter de la belle région du Perche. Et l’autre suite ? Si j’ose, avec tout mon respect, monseigneur ? La restitution de Mirondan et de ses terres, mes terres ?
    Nogaret s’était frotté lentement les mains, leur peau sèche et fine produisant un bruissement de légère étoffe.
    — Eh bien… Quelle perspicacité fut la vôtre, ma bonne cousine. À l’évidence, Jacques de Mirondan, votre cousin, et son épouse, se sont laissé envoûter par les ignobles thèses vaudoises 6 que notre sainte Église ne parvient toujours pas à éradiquer tant ses membres sont perfides.
    — Quelle horreur ! s’exclama Céleste en plaquant d’effroi la main sur sa gorge, bien certaine que Jacques ignorait jusqu’au nom de cette hérésie, d’autant que le dénuement ne faisait certes pas partie de ses goûts.
    — Croyez que j’en fus moi-même atterré, bien faible mot. De fait, ils sont de mon sang, même lointain, m’encourageant à sévir avec encore plus de fermeté. Ne serait-ce que pour sauver leurs pauvres enfants de la damnation.
    — Preuve de votre grande mansuétude, messire.
    M. de Nogaret avait tapoté une pile de feuilles d’un air de répulsion en précisant :
    — J’ai là deux accablants, effrayants, témoignages de serviteurs.
    Sans doute grassement rémunérés, avait songé Céleste en papillotant des paupières, la mine grave.
    Crevez, peu m’en chaut ! Je vais retrouver MA terre, MON manoir que vous m’extorquâtes, me poussant vers les maisons lupanardes.

    Lestée d’une généreuse bourse remise par messire de Nogaret à l’issue de leur rencontre, Céleste avait donc déménagé son frusquin à Nogent-le-Rotrou, ville d’une certaine importance, lieu d’échange et de commerce, dans laquelle venaient s’approvisionner les marchands ambulants qui sillonnaient la région et où se colportaient donc moult anecdotes, voire indiscrétions. Céleste comptait laisser traîner ses oreilles dans toutes les auberges de la ville afin d’y glaner des informations de nature à orienter ses recherches. Gauthier de Brazilon avait ordre de procéder de même à Mortagne-au-Perche, autre ville vers laquelle convergeaient les camelots.
    Ce soir-là, alors qu’elle dégustait un plat de beignets à la mouelle attablée dans la salle du Grand-Arroi, buvant à petites gorgées un vin si clair qu’elle soupçonnait le tavernier de l’avoir coupé d’eau, Céleste La Mouche s’ennuyait. Tentant de s’occuper l’esprit, tout en prêtant oreille attentive à la conversation de ses voisins, elle se demanda d’abord si Brandillon-Bazilon lui conviendrait comme transitoire amant. Sans doute. Beau, propre et agréable d’odeur, quelques nuits de fougue avec lui ne lui déplairaient pas. Question fort théorique, elle l’admettait. Le joli tueur lui obéissait en échange de sa grâce, sans oublier de belles pièces, et il convenait donc qu’il la considère toujours en employeur. Elle soupira. Inutile de s’appesantir sur ce genre d’ineptes spéculations, d’autant qu’un amant de plus ou de moins ne grèverait pas sa déjà impressionnante liste. Elle chercha un autre sujet de distraction et en arriva à cette Héluise Fauvel qui la séparait encore du domaine de Mirondan. Quelles étaient les véritables intentions de son lointain cousin, messire de Nogaret, vis-à-vis de la jeune femme ? Bien fol et téméraire celui ou celle qui placerait sa confiance en Guillaume de Nogaret. Il n’œuvrait que pour Philippe le Bel et n’hésiterait pas une seconde à ordonner la torture ou l’exécution de quiconque afin de satisfaire le roi. Qu’avait-elle à chaloir de cette fille ? En vérité, rien. Un seul espoir avait maintenu Céleste en vie durant ses années de fillette bordeleuse 7 , lui donnant l’énergie de se défendre bec et ongles : récupérer ses biens. La damoiselle Fauvel était le prix à payer. Elle la livrerait donc sans l’ombre d’une hésitation. Remords et tergiversations : un luxe qu’elle ne pouvait se permettre. Pas encore.

    Son attention fut attirée par l’entrée d’un client qu’elle n’avait encore jamais vu céans, un homme de stature moyenne aux chevaux châtains. Maître Arroi se porta à sa rencontre, un

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