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Templa Mentis

Templa Mentis

Titel: Templa Mentis Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Andrea H. Japp
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Effronterie, impudence.

    12 - Les Mystères de Druon de Brévaux , tome II, Lacrimae .

    13 - Escargot.

    14 - Double sens.

IV
    Brou-la-Noble, novembre 1306
    I Ils parvinrent aux abords de Brou-la-Noble peu avant sexte* et décidèrent de s’installer sur la berge de l’Ozanne, ponctuée de moulins, qui s’écoulait au sud de la ville. Les créneaux et merlons 1 du massif château des Gouet 2 , à l’origine édifié afin de surveiller un passage dans les marais avoisinants, se découpaient sur le ciel dégagé, évoquant la denture d’un titan menaçant dont dépassait le toit pointu de l’échauguette 3 . Le dernier seigneur de cette valeureuse famille, qui avait participé à la contre-attaque contre les envahisseurs normands afin de reconquérir Chartres 4 , s’était éteint bien longtemps auparavant 5 .
    Une sourde angoisse ne lâchait plus Druon. Et quoi, maintenant ? Continuer vers l’est après Brou ? Et dans quelle direction, plus au nord vers Chartres ou plus au sud vers Bonneval, voire Châteaudun ? Igraine ne lui avait concédé aucune piste, pas même un indice. Mais, peut-être avançait-elle dans le brouillard, elle aussi ? Il finissait par se demander s’il avait eu raison de suivre si aveuglément les conseils de la mage qui l’éloignaient de son but : Alençon. Cette incertitude, cette incompréhension dans laquelle il se trouvait expliquaient leur pas de promenade. À sa grande honte de scientifique, Druon admettait qu’il avait espéré tout le chemin un signe, une sorte de révélation qui lui indiquât quoi faire, où se rendre. Il avait surveillé la route, détaillé les environs, scruté le visage de chaque voyageur ou paysan qu’ils croisaient. En vain. Nulle illumination, pas même une indication qu’ils ne se fourvoyaient pas.

    Brise s’abreuva longuement à l’eau de la rivière, secouant la crinière de bonheur. Les longues marches paisibles apaisaient la belle jument de Perche.
    Druon détacha de sa selle la bougette 6 renflée offerte par maîtresse Borgne au départ de Tiron et s’assit au côté de son jeune apprenti. Il extirpa une demi-miche de beau pain de froment 7 – preuve de l’amitié que leur portait l’aubergiste –, un gros morceau de lard fumé et un fromage mollet 8 à souhait, enveloppé d’une touaille 9 .
    Huguelin que la faim avait tenaillé toute sa courte vie, jusqu’à sa rencontre avec le jeune mire, attendait, un sourire de convoitise aux lèvres. Gourmand, il s’enquit :
    — Reste-t-il quelques prunes sèches 10 en issue 11  ?
    Druon plongea la main au fond de la bougette et déclara, un peu déçu :
    — Six, trois chacun.
    — Deux, si vous faites acte de générosité envers une vieille femme, rectifia une voix guillerette et enfantine derrière eux.
    Une voix reconnaissable entre mille : celle d’Igraine.
    Huguelin fut sur pied d’un bond, accueillant la mage avec une cordialité que Druon était loin de ressentir. Aussi se leva-t-il avec lenteur avant de s’incliner devant l’être sans âge, auquel on aurait tout aussi bien pu attribuer vingt ans que le double.
    — Dame Igraine. Pourquoi ne suis-je pas surpris ? l’accueillit le jeune mire, sans prendre la peine de forcer les graves de sa voix, la mage le sachant fille.
    — Pas surpris, mais soulagé, ironisa-t-elle avec gentillesse.
    — Que cherchons-nous céans ?
    — L’aimable question, plaisanta la mage en acceptant le morceau de pain que lui tendait Huguelin. Je n’en ai pas la moindre idée. Mangeons, voulez-vous ?
    Sans attendre de réponse, elle s’installa, rabattant les pans de son mantel doublé de fourrure sur sa cotte de belle laine sombre et déposant le panier d’osier dans lequel Arthur, son inséparable grand freux 12 , voyageait. Aussitôt, un croaillement 13 bas s’éleva. Igraine, ravie, déclara :
    — Voyez, il vous reconnaît et s’insurge de ne vous pouvoir saluer.
    Elle ouvrit la cage et Arthur sauta aussitôt sur son épaule dans un puissant battement d’aile. Ses prunelles d’un noir de nuit fixées sur le mire, il inclina la tête de droite et de gauche, ouvrant le bec sans que n’en sorte un son. Druon lui tendit une miette de pain que l’oiseau récupéra avec avidité, frôlant à peine ses doigts. Igraine commenta, admirative :
    — Quelle délicatesse, ne trouvez-vous pas ? Savez-vous que les grands freux peuvent défendre leur proie contre des faucons et même les buses ? C’est dire la puissance

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