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Templa Mentis

Templa Mentis

Titel: Templa Mentis Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Andrea H. Japp
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presque qu’un archange furieux ne fonde sur eux pour leur faire regretter d’écouter pareilles sornettes.
    Druon intervint :
    — Brisons là 18 , madame. Je m’interdis la cagoterie 19 et l’étroitesse d’esprit, toutefois, vous ne me convaincrez pas, pas plus que je ne parviendrai à vous persuader. Si j’ai bien perçu vos origines, votre monde est plus ancien que le mien. Cela ne signifie pas pour autant qu’il ait été plus sage, plus clairvoyant. L’inverse non plus.
    À nouveau, Igraine frappa de contentement dans ses mains.
    — Ah, mire, mon cher mire ! Vous me plaisez, en vérité. La plupart des chrétiens livreraient sur-le-champ l’hérétique que je suis au bailli et à son bourreau. Pas vous. Vous avez grand-raison : brisons là cette discussion. Elle ne fait qu’ajouter au trouble de la situation dans laquelle nous sommes empêtrés.
    — La pierre rouge ?
    — Pas elle en soi. Ce qu’elle signifie.
    — En avez-vous une idée ?
    — « Des ». Il convient de mettre votre question au pluriel. J’en ai glané ici ou là. Il s’agit d’un leurre, d’une dangereuse fable ; première réponse, de certains. Le reste devient bien plus confus. Elle conférerait l’immortalité à qui la possède, selon d’autres… (Igraine laissa échapper un pouffement avant de reprendre :) Pour preuve, sans doute, tous ceux qui périrent de la détenir, à l’instar de votre père et de son bon cousin Agnan Fauvel, moine en l’abbaye de Tiron, qui la lui remit alors qu’il agonisait.
    — Comment savez-vous cela ? s’enquit Druon, tendu.
    La mage avala une longue gorgée de cidre au goulot avant d’offrir :
    — Je sais tout ou presque. Hormis ce qui m’importe le plus, malheureusement. Autre hypothèse concernant la pierre rouge : il s’agirait d’une clef conduisant à un fabuleux trésor. Tant d’autres objets ont joui d’identique réputation que l’on se doit de la considérer avec grande défiance. Elle permettrait, prétendent encore d’auucns, une sorte de lien direct avec Dieu, les dieux, l’au-delà, que sais-je ? Il s’agirait de la véritable pierre philosophale. L’or et l’immortalité, encore. En bref, à l’instar d’autres, elle concentre en elle toutes les avidités, tous les rêves humains.
    — Mais vous, qu’en faites-vous ? insista Druon.
    Igraine caressa les ailes puissantes du freux perché sur son épaule, immobile au point qu’on l’aurait cru empaillé, avant de préciser d’un ton dépité :
    — J’erre, comme vous, comme les autres, sans certitude.
    — Cependant, vous la voulez aussi ? Expliquant que vous me suiviez… ou me précédiez selon l’une de vos pirouettes de langage.
    Igraine le détailla de son déroutant regard presque jaune. Elle sembla hésiter puis avoua d’une voix étonnement grave :
    — Je l’admets. Peut-être est-ce folie puisque je ne puis exclure que la pierre ne soit qu’une dangereuse chimère. Je réagis à l’instar de votre roi, ou plutôt de M. Guillaume de Nogaret*, son conseiller. Je la cherche parce que tous la convoitent.
    — Que fait la royauté dans cette charade ? souffla Druon, stupéfait.
    Son inquiétude crût encore. Ainsi, ses ennemis devenaient multiples.
    — Réfléchissez, mire. Si l’Inquisition, donc Rome, désespère de récupérer cette pierre, elle prend une inestimable valeur aux yeux du conseiller.
    — Seriez-vous au fait des envies de M. de Nogaret ? persifla Druon, afin de se donner une contenance.
    — Ne vous l’ai-je déjà dit ? Je sais tout, hormis ce qui m’importe le plus.
    — Et qu’en feriez-vous si elle entrait en vot… Euh… votre possession ? intervint Huguelin, conscient de la soudaine tension de son maître.
    Igraine passa sa longue main maigre dans les cheveux du garçonnet avant de répondre, tendre et amusée :
    — Tout dépendrait de ses réels pouvoirs, jeune homme. Du moins si elle en possède. Arme pour protéger ce qu’il reste de mon peuple, ou monnaie d’échange, toujours pour la même raison.
    Un désagréable silence s’installa.
    — Nous voici restaurés, quel soulagement qu’un ventre satisfait ! lança Igraine. Allons, déclara-t-elle d’un ton guilleret en se levant.
    Huguelin ne fut pas dupe. Igraine ne souhaitait pas s’appesantir sur ce que représentait la pierre pour son peuple.
    — Dans quelle direction ? s’enquit Druon. Je vous avoue qu’une autre marche sans but ne me sied guère.

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