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Templa Mentis

Templa Mentis

Titel: Templa Mentis Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Andrea H. Japp
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jusque dans le bas-ventre, le dieu inversé la soutenait, ayant compris qu’elle s’apprêtait à tenir la promesse qu’elle lui avait faite des années auparavant. Enfin, il allait récupérer le sacrifice qui s’était dérobé au dernier moment : un bébé, sa fille, devenue grande. Alors, Aliénor deviendrait si puissante que plus rien ni personne ne lui pourrait résister. Elle serait si riche, plus riche que les empereurs byzantins ! Et elle obtiendrait l’éternité grâce à la pierre rouge. Quelle joie elle avait ressentie en apprenant que Jehan Fauvel, son mari, avait été soumis à la Question avant de périr dans les geôles inquisitoires. Vieil abruti sentencieux. Qu’avait-on à faire de la connaissance quand il suffisait de détenir le pouvoir et l’argent pour que le monde s’incline devant vous ? Imbécile ! Il ne pouvait plus protéger Héluise d’où il était. Qu’il se réjouisse : elle l’allait rejoindre bientôt.

    Aliénor de Colème caressa la longue dague effilée pendue à sa ceinture. Une lame imparable depuis son monstrueux baptême dans le sang d’un enfant des rues. Elle avait remarqué le petit miséreux, assis sur la margelle d’un puits de ruelle, et l’avait attiré à l’aide d’une pièce. Une seconde plus tard, il rendait l’âme. Elle avait adoré voir les grands yeux incrédules, le petit corps s’affaisser, le sang tremper les pavés alentour.
    Telle une ombre malfaisante, elle pénétra dans l’église. Enfin, bientôt. L’éternité et le sacrifice d’Héluise. Ensuite suivraient Laig et Pardema. Collée au mur, elle progressa, pas à pas.

LII
    Broue-la-Noble, dernier jour de novembre 1306
    D Druon avait récupéré l’une des esconces abandonnées sur l’autel, qu’on laissait brûler afin de rallumer au tôt matin les cierges mouchés à la nuit par mesure d’économie. Se hissant à nouveau sur le lectrin, il approcha la flamme du vitrail. Les rais retrouvèrent leur couleur d’or vert. Druon recula l’esconce. Et soudain, la pleine lune dessinée sur le vitrail se teinta de pourpre 1 . La clarté lunaire la frappant maintenant de plein fouet, un halo rouge nappa l’arbre de Jessé. La lune du vitrail était constituée de morceaux de verre sertis de plomb, quatre semi-circulaires entourant un cinquième rectangulaire, de la taille et de la forme de la pierre. Son cœur battant la chamade, il appliqua le joyau sur celui-ci. Un rai lumineux couleur du sang naquit, reliant le vitrail au sol du chœur, à l’une des dalles. Tremblant d’excitation, Druon sauta de son escabelle improvisée et se précipita. Il s’agenouilla, griffant de son ongle les joints qui entouraient la dalle.
    Une voix, très suave, s’éleva soudain :
    — Ma chère fille ! Enfin toi, quel ineffable bonheur pour une mère aimante ! Viens à moi, que je te serre dans mes bras, ainsi qu’il convient en si touchante réunion.
    Druon se releva, lentement, et se tourna.
    Un petit rire ravi. Aliénor de Colème inclina coquettement la tête sur le côté et déclara :
    — Catherine Fauvel, ta mère. Aujourd’hui, Aliénor de Colème.
    Qu’elle était belle ! Grande, mince, avec de beaux cheveux châtain sombre nattés et le regard d’un bleu mouvant, comme le sien.
    Méfiez-vous de la femme très belle, très malfaisante.
    — La pierre, la pierre nous réunit ainsi que je l’ai toujours espéré, susurra Catherine/Aliénor. Ton père… je sais combien tu l’aimais… mais ton père a tout tenté afin de nous séparer, n’hésitant pas à clabauder des infamies sur mon compte. Que pouvais-je faire ? Oh, sans doute l’a-t-il décidé par amour de toi, un amour si exclusif qu’il ne me tolérait plus. Comme tu m’as manqué, ma chérie, ma princesse ! Dans mes bras, que je te serre à t’étouffer ainsi que je l’ai si souvent rêvé.
    Druon ne bougea pas. Catherine reprit, riant d’émotion :
    — Tu te méfies, bien sûr ! On t’a raconté tant de monstruosités à mon sujet. Les absents ont toujours tort, et il est si aisé de monter la tête d’une enfante. Je me souviens… je me souviens de l’odeur d’eau de chèvrefeuille dans laquelle je te baignais. Je me souviens de tes petits cris de voracité lorsque je te donnais le sein. (Soudain désespérée, elle murmura :) Il m’a menacée, m’a contrainte à fuir, avec l’aide de son bon ami l’évêque. Ton père. (Plaintive, elle poursuivit :) De grâce, ma mie ! J’en rêve

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