Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Templa Mentis

Templa Mentis

Titel: Templa Mentis Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Andrea H. Japp
Vom Netzwerk:
depuis tant d’années ! Dans mes bras. Que tu es belle ! Je t’aime tant !
    Druon/Héluise surprit le regard glacé, si semblable au sien, qui frôlait la pierre rouge toujours dans sa main. Catherine, un sourire extatique aux lèvres, avança de deux pas, tendant le bras vers elle. Gauche.
    Souvenez-vous : vous êtes votre pire ennemi.

    Un corps qui se voulait accueillant, maternel, s’appuya contre le sien. Héluise eut envie de se laisser aller contre cette femme, sa mère. Et pourtant, elle perçut la soudaine tension de l’épaule contre laquelle reposait sa joue. Une voix masculine hurla dans son esprit : « Elle va te tuer ! » Son père.
    En un éclair, la jeune femme tira sa courte épée et frappa, avant de bondir vers l’arrière. L’incrédulité s’était peinte sur le charmant visage. Catherine Fauvel ouvrit la bouche, peut-être pour protester de son infini amour. Un flot de sang coula vers son menton.
    Héluise faillit se précipiter vers elle, horrifiée par son geste. Un claquement métallique, sec. La longue dague que tenait fermement Catherine dans sa main droite, cachée par le pan de son mantel doublé de zibeline, venait de choir au sol. La dague avec laquelle elle avait la ferme intention d’égorger Héluise avant de récupérer la pierre.

    Stupéfaite, Catherine sentit ses jambes se dérober sous elle alors qu’une effroyable douleur la suffoquait. Elle s’écroula au sol, inspirant avec peine. Des larmes d’incompréhension, de souffrance dévalèrent de ses yeux. Elle hurla soudain à l’adresse de sa fille :
    — Je te hais, comme j’ai exécré ton père durant des années ! J’aurais voulu te voir crever ! (Suppliant soudain, elle balbutia :) La pierre, donne-moi… la pierre. Sotte ! L’éternité m’appartient. Je l’ai payée ! Il n’est… pas trop tard.
    Héluise, assommée, hocha la tête en signe de dénégation. Un voile opaque ternit le regard bleu de la femme qui mourait. Elle cria, terrorisée :
    — Nooon ! Pas lui… Pas l’enfer !
    Aliénor/Catherine bascula vers l’arrière, son crâne heurtant les dalles dans un son creux.

    Druon/Héluise demeura figé quelques instants, détaillant ce corps dont elle était un jour sortie, s’attendant à une houle de chagrin, de remords, de regrets. Elle ne vint pas. Héluise ne ressentit rien d’autre qu’un gigantesque désert. Sa mère dont elle avait tant rêvé, qu’elle avait parée de toutes les vertus, de toutes les grâces, cette fable stupide à laquelle elle s’était accrochée durant toutes ces années, n’avait jamais existé. Ne restait qu’un désert, somme toute peu douloureux. Elle emporterait avec elle les derniers instants d’une femme qui avait vendu son âme pour le pouvoir, l’argent et une imbécile quête d’éternité. Druon/Héluise lutta contre la tristesse qui l’envahit. Elle songea à l’effroi, à l’incompréhension qu’avait dû ressentir son père lorsque le masque de la bonté et de la pureté s’était fissuré, lorsqu’il l’avait surprise, sa dague appuyée sur la gorge de l’enfançonne Héluise. Au fond, Catherine ne lui laisserait qu’un seul regret : qu’elle n’ait pas trépassé dès sa naissance, afin de laisser à son époux et à sa fille un beau deuil aimant.
    Le passé venait de mourir. Lui restaient le présent et l’avenir, peuplés du bienveillant fantôme de son père. Druon inspira avec lenteur, s’accordant quelques instants afin que les battements désordonnés de son cœur s’apaisent, que ses mains cessent de trembler.
    Il se recula et s’agenouilla à nouveau devant la dalle carrée. Il gratta les joints à l’aide de la pointe de son épée. Le sang qui la rougissait disparut dans la poussière de mortier. Il ne lui fallut que quelques minutes pour dégager la pierre plate. Il faufila alors ses doigts par les interstices ménagés et tira, ses phalanges blanchissant sous l’effort. La lourde dalle se souleva peu à peu, révélant une cache creusée dans le sol. Une forte odeur de bois de cade 2 et d’essence de pin s’en éleva.

    Druon en approcha son esconce. Des parchemins, des vélins 3 , des rouleaux d’un blanc verdâtre, des tablettes de terre cuite. Il en récupéra une avec précaution.
    D’étranges signes cunéiformes, qu’il n’avait jamais vus auparavant, la couvraient. Il se saisit ensuite d’un vélin, le déroulant avec un luxe de précautions. Tout d’abord, il crut avoir affaire

Weitere Kostenlose Bücher