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Templa Mentis

Templa Mentis

Titel: Templa Mentis Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Andrea H. Japp
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Les grosses semelles de Druon glissaient par instants sur les pavés de sol à l’humidité givrée. Leurs souffles filaient en petits nuages fragiles à chaque expiration, chaque mot.
    — Que faisons-nous, mon maître ?
    — Nous cherchons à nouveau, avec plus d’intelligence cette fois.
    — Le registre des confessions était-il un leurre ?
    — Non pas. Toutefois, il ne s’agissait pas du véritable « trésor » que cachaient les deux hommes.
    — De quelle nature ?
    — Un texte, j’en jurerais. Quoi de plus précieux à leurs yeux que la connaissance ? Un texte peut-être en rapport avec un vitrail. La cachette ? Pensons. Pensons à ce à quoi… nous ne penserions jamais.
    — Le putel, suggéra à nouveau l’enfant.
    — Non, puisque cet endroit te vient immédiatement à l’esprit. Lieu répugnant, idéal donc pour dérober quelque chose à la vue. À ceci près que beaucoup le choisissent en raison, précisément, de cette caractéristique.

    Durant la demi-heure qui suivit, Huguelin alla, revint, monta, descendit, retournant tout ce qui se trouvait à sa portée : meubles, livres, ustensiles, vêtements, bûches, jetant des regards de plus en plus courroucés à son jeune maître, bras croisés sur la poitrine, adossé à un mur, immobile.
    Observe, analyse, compare et déduis. Réfléchis. Avant tout, réfléchis.
    Une chose extrêmement précieuse. Jamais le père Simonet ne l’aurait ravalée au rang domestique. Ni la cuisine ni le putel, aucun lieu dégradant à ses yeux d’érudit. La salle d’étude, bien sûr. Observer. Le regard de Druon passa d’objet en objet, fort peu. Analyser et comparer. Tout en cette pièce trahissait le dénuement volontaire, appliqué. Sauf les monceaux de papier, onéreux, mais indispensables à ses recherches. Sauf ce haut bougeoir de cuivre posé sur le manteau de la cheminée, dans lequel était plantée une bougie à demi consumée. Le prêtre qui se complaisait dans la presque pauvreté n’aurait jamais utilisé de bougie, marque d’un faste qui lui répugnait. Déduire. Druon s’en approcha et l’examina. Aucune dégoulinure de cire sur le bougeoir, astiqué tel un sou neuf.
    Il extirpa la bougie. Une feuille était enroulée et poussée dans le corps du bougeoir. Il la tira avec délicatesse. L’écriture fine et nerveuse du scribe, transcrivant la rage du prêtre.

    « Cela m’est un ahurissement et une indignation qui me bouleverse le sens ! L’église Saint-Lubin de Brou-la-Noble a remplacé un vitrail représentant notre Sauveur par une hérésie, je pèse mes mots. J’en suffoque d’outrage ! Saint Eustache de Rome est une mystification 1 . Toutes mes recherches le démontrent. La légende l’a paré des attributs de saint Hubert 2 , notamment ce cerf majestueux portant crucifix entre les bois, sous forme duquel Notre-Seigneur le vint visiter. Certes, ce Thierry Larcher, remarquable maître verrier, auteur du vitrail, ne peut être accusé de négligence. Il fit ce qu’on lui commanda. Cependant, j’entends démasquer son commanditaire. Quel sombre but poursuit-il ? Je porterai le scandale jusqu’à Rome s’il le faut ! »

    Druon lut et relut la lettre. Au-delà de la virulence, de l’ire du prêtre, une chose le troublait. Igraine les avait précisément menés en l’église Saint-Lubin de Brou. Intuition, divination ou calcul ? Thierry Larcher, Simonet de Bonneuil, Jean Le Chauve, tous ceux ayant un lien avec le vitrail que Druon avait contemplé quelques jours plus tôt avaient été occis. Il ferma les yeux, plongeant au plus profond de sa mémoire.
    Des vases à encens qui ne parvenaient pas à masquer la désagréable odeur d’humidité du lieu saint.
    Des murs de pierre grise.
    Une lumière incertaine et presque marine qui filtrait par les hauts vitraux.
    La quasi-pénombre, seulement trouée par la lueur vacillante des lampes à huile qui pendaient du plafond.
    Un arbre de Jessé. Les élégantes courbes des branches qui liaient entre eux les visages des représentants de la famille Gouet.
    Le rouge avait été appliqué ensuite, peint en surface puis recuit afin de ne pas trop assombrir.
    Le personnage central, le seul qui fût peint en pied, était installé sur une forme. À sa droite, un immense cerf, remarquablement rendu par Thierry Larcher, jusqu’à ses longs andouillers de massacre. Entre ses bois, un haut crucifix dont partaient les rais d’une lumière divine. Saint Eustache.
    En haut du

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