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Templa Mentis

Templa Mentis

Titel: Templa Mentis Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Andrea H. Japp
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jeté dans un cul-de-basse-fosse s’il vient à gêner des desseins qu’il n’entrevoit pas.
    « Souvenez-vous : vous êtes votre pire ennemi.
    « Fermez les yeux et écoutez. Écoutez ce que vous conseille Jehan Fauvel. Lui seul sait.
    « Votre affectionnée et attentive,
    « Igraine. »
    Druon fut sur pied d’un seul mouvement. Sa stupéfaction acheva de dissiper son malaise. Comment ? Igraine avait pénétré dans sa chambre, durant son sommeil, à son insu, à celle de la mesnie Leguet ? Il récupéra la pierre rouge glissée dans sa manche et la palpa au travers de son cocon de soie. Ce contact ne l’apaisa pas.
    Il dévala l’escalier et appela Huguelin qui furetait dans la cuisine, son endroit de prédilection.
    — Igraine s’est-elle annoncée ?
    — Votre pardon ?
    — L’as-tu vue céans ?
    — Non pas mon maître, répondit le garçonnet, éberlué. Qu’est-ce qui… que se passe-t-il ?
    — Elle ou… je ne sais qui d’autre, a déposé une lettre sur le lit, durant mon assoupissement.
    — Impossible ! Nul n’a pénétré en cette demeure depuis notre retour. (La crainte se lut soudain sur le visage enfantin.) Pensez-vous qu’elle puisse se…
    — Volatiliser et réapparaître, telle une fée 2  ? Non. Au demeurant, je n’accorde nulle foi à ces fables de fées.
    Huguelin, qui y croyait dur comme fer, ne releva pas.
    — Détail sans grand intérêt, pour l’instant, reprit Druon. Me suis dans notre chambre, que je te montre la lettre. Ta vivacité d’esprit m’aidera.
    Flatté, le jeune garçon opina de la tête.

    Plissant les paupières, il avait lu et relu, s’efforçant à la rigueur enseignée par son jeune maître. Certes, en dépit de ses énormes progrès, il devait encore déchiffrer les mots à haute voix pour qu’ils prennent une signification.
    — Que t’en semble ? s’enquit Druon.
    — Il y a, bien sûr, les mises en garde de dame Igraine au sujet de messire d’Avre et de vous-même. Je suis encore bien trop petit pour juger de leur véracité. La fin approche. Vous auriez déjà percé le mystère. Elle vous conseille, ordonne de vous y rendre seul. Aussi, selon moi, convient-il également de se défier d’elle.
    — Je suis stupéfait et comblé par tes avancées.
    Prenant très au sérieux son rôle de conseiller en herbe, Huguelin poursuivit :
    — Mais… ces phrases… que signifient-t-elles au juste ? La fin approche. Vous avez déjà percé le mystère… sans encore l’admettre. Rendez-vous-y seul. L’avez-vous percé, le mystère ? Celui de la pierre rouge ? insista Huguelin.
    — Non… Je vois que nous butons de même.
    À l’instant où il prononçait ces mots, dévalèrent des bribes de souvenirs, de phrases dans son esprit.
    Faire appel à Thierry Larcher , griffonné par le père Simonet de Bonneuil.
    Une chapelle, celle du château du seigneur d’Errefond. Une épaisse couche de poussière terreuse, mêlée de débris végétaux, qui recouvrait les dalles du sol. Un couple de pigeons dérangé s’envolait dans un grand bruissement d’ailes, filant par une fenêtre au vitrail cassé.
    « Mire, lorsque ces pigeons affolés se sont envolés, m’est revenu un détail. Ce Thierry Larcher, celui dont le nom se trouvait tracé sur la liste domestique du père Simonet… »
    « Un maître verrier de grand talent, Thierry Larcher, a été assassiné il y a peu à Chartres. Sans doute un meurtre de crapule. »
    Igraine avait raison ! La solution de cette sanglante charade était à sa portée depuis des jours. Sot, benêt ! Que ne l’avait-il entrevue plus tôt ? Il fut à la porte en deux enjambées et cria :
    — Vite ! À la cure, aussitôt ! Je suis passé à côté de l’important. Ce que souhaitaient le père Simonet et son scribe.
    — Et Anchier Vieil ? Le prévenons-nous ?
    — Ah non ! Il va tergiverser et nous retarder. Le temps presse, la mage a grand raison.
    Ils se faufilèrent au dehors en discrétion afin de s’épargner des explications et excuses auprès de dame Blandine.
    1 - Trébucher.

    2 - Contrairement aux licornes et dragons auxquels on ne croit plus à cette époque, les fées sont très présentes dans l’imaginaire au Moyen Âge, qu’il s’agisse de « bonnes dames » ou de « vilaines fées ».

XLIX
    Saint-Agnan-sur-Erre, novembre 1306
    U Une atmosphère étrange régnait dans la maisonnette. Le froid glacial de cette fin de novembre s’était immiscé partout.

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