Testament Phonographe
nuit, quand ils s’en vont hurler dessous la brune ,
On dirait d’un concert aux archets délivrés.
Arbres aux noms perdus, Chênes faits de bouleau ,
Hêtres décapités par un néant de paille ,
Foin rêvant d’être acquis aux meilleures ripailles ,
Fumier devenant OR sous l’arche des museaux…
Paradis des fureurs jaunes, je te salue !
Je t’apporte un bouquet de fidèle écriture ,
Un bouquet de parole où la voix démesur e
Les mots de tous les jours qui n’en finissent plus.
Il faut prier pour moi dans ton ordre païen ,
Il faut me pardonner mes pas dans ton silenc e
Et me donner le temps pour que mon temps commence ,
Pour que tout aille mieux et du Mal, et d u Bien …
Il faut me laisser rire au sourire du bleu ,
Quand la figure du jardin me fait des signe s
Et que le sort jaloux relâche ses consigne s
Pour nous voir respirer ensemble, l’air heureux.
Je voyais des maisons dans un glacis de toc ,
Un chimpanzé volant dans un ciel d’expertis e
Et mâchant dans sa barbe une rage soumise ,
Comme certains buveurs mâchent devant un bock…
Je voyais une avoine avenante et de chic ,
Folle, comme on le sait, dans la nuit des conquêtes ,
Et des ombres frôlant ses grâces de coquette ,
Saluant de mémoire un frôlement d’aspic.
Je saluais les prés où se mire le Nord ,
Dans le vert en allé de ses fins cardinales ,
Dans la glace posée au pôle d’une eau pâl e
Qu’un avenir d’hiver a durcie dans sa mort.
Un hibou dans les bois joue de la flûte en sol ,
Des cris, comme une écharpe aux gorges des fauvette s
Lui jouent la tierce des terreurs et des boulettes…
Ô lugubres chansons des hiboux parasols !
Un visa pour la plaine, et je m’en vais demain.
Les chevaux Cadillac hennissent kérozène ,
Je les vois arrêtés à l’arrêt Théorème ,
Piaffer dans le tourment d’un azur incertain.
J’entends le train passer son message de fer ,
Le monde survécu dans un paquet de cendres ,
Un Bœing éployé qui ne veut plus descendre ,
Ô renaître d e Vous et remanger la mer !
Repasser sous le plat du fer qui plane et plie ,
Être la soie perdue au bord de la blessure ,
Être le feu qui rêve au froid de la brûlure ,
Accaparer du Rien dans un verre d’oubli.
LE PRINTEMPS DES POÈTES
J’ai vécu des printemps fabuleux en hive r
Pendant que le vulgaire était tout emmoufl é
Je soufflais sur mes mains à son cul à son ne z
V’ là-t’y pas qu’les bourgeons sortaient m’en jouer un ai r
Le printemps ça s’invente et ça se fout en taul e
Le printemps c’est ma mine avec ses airs de chie n
Qui vient toute ébahie me montrer tout son bie n
Le temps de déposer mon arme de l’épaul e
Et oui c’est ça, monsieur, le printemps des poète s
Tout juste un peu d’hiver pour rompre les façon s
Un quart d’été un quart d’automne et des chanson s
Et s’il fait encor frais on se met la casquett e
On va faire des pique-niques du côté des ballot s
On va se mettre au vert en croyant aux histoire s
Et l’on se sent mourir au bord d’une guitar e
Quand la mort espagnole envoie son flamenc o
Ce qu’il faut de désirs aux heures de l’ennu i
Et ce qu’il faut mentir pour que mentent les chose s
Ce qu’il faut inventer pour que meurent les rose s
L’espace d’un matin l’espace d’une nui t
Jamais ne vient l’avril dans le fond de mon cœu r
Cet éternel hiver qui bat comme une caiss e
Qu’on clouerait sans répit depuis que ma jeuness e
À décidé d’aller se faire teindre ailleur s
POÈTE, VOS PAPIERS !
Bipède volupteur de lyr e
Époux châtré de Polymni e
Vérolé de lune à confir e
Grand-duc bouillon des librairie s
Maroufle à pendre à l’hexamètr e
Voyou décliné chez les grec s
Albatros à chaîne et à guêtre s
Cigale qui claque du be c
Poète, vos papiers !
J’ai bu du Waterman et j’ai bouffé Littr é
Et je repousse du goulot de la syntax e
À faire se pâmer les précieux à l’arrê t
La phrase m’a poussé au ventre comme un ax e
J’ai fait un bail de trois six neuf aux adjectif s
Qui viennent se dorer le mou à ma lantern e
Et j’ai joué au casino les subjonctif s
La chemise à Claudel et les cons dits « moderne s »
Syndiqué de la solitud e
Museau qui dévore que coui c
Sédentaire des longitude s
Phosphaté des dieux chair à fli c
Colis en souffrance à la vein
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